« Entre business d’hommes d’affaires couverts par un régime complice et combat d’un patriote »

Le Protocole de l’Elysée nous parle…

Ce chapitre, dans lequel Thierno Alassane SALL nous revient sur des contrats qui lièrent l’Agence de Régulation des Télécommunications et des Postes à la Société Touba Real Estate appartenant au grand homme d’affaires sénégalais Papa Amadou Cheikh AMAR, est une suite d’informations scandaleuses que l’auteur nous livre avec beaucoup de clarté. Thierno Alassane SALL se rappelle déjà sa rencontre avec l’ancien Directeur général de l’ARTP à qui, il avait succédé dans cette institution.

«Je vous laisse un patrimoine considérable: outre l’immeuble de la Rue Amadou Assane Ndoye, vous allez bientôt réceptionner deux nouvelles acquisitions qui vont considérablement améliorer les conditions de travail des agents», l’auteur du Protocole de l’Elysée nous rapporte les propos du DG qu’il avait remplacé (page 161).

Après être installé dans ses nouvelles fonctions de DG de l’ARTP, Thierno Alassane SALL se rendra très vite compte des terrains vides suite à la visite qu’il avait effectuée sur le site des immeubles indiqués précédemment par son prédécesseur. Etait-ce là un manque de rigueur dans le dossier ou un dossier sans suite ?

L’auteur poursuivra ses enquêtes sur ce dossier qui était établi sous WADE, un Président de la république très proche de l’homme d’affaire en question, Papa Amadou AMAR. Les recherches vont permettre de découvrir que l’ARTP avait entièrement versé une somme à hauteur de 8, 2 milliard de FCFA à la société TRE qui n’avait pas commencé jusque-là les travaux, sinon des petites fondations alors que le délai de livraison des bâtiments était arrivé à terme. Des milliards de Francs CFA étaient en train de circuler entre les mains d’hommes insoucieux de l’urgence du pays.

Des milliards circulaient après des décrets que Monsieur WADE était habitué à formuler. Et pourtant bien à cette époque, les urgences étaient là comme nous le rappelle l’auteur à la page 165 de son livre: «A cette période, les universités n’en pouvaient plus de la surpopulation dans les amphithéâtres et les pavillons, les enseignements dans de nombreuses écoles se faisaient dans des abris provisoires si ce n’est à l’ombre des arbres, nombre de localités du pays n’avaient pas accès aux services vitaux tels que l’eau, l’électricité et la santé. Des femmes en couches mouraient lors d’évacuations vers des postes de santé dépourvus du minimum».

Parallèlement à ce dossier ARTP/TRE, Thierno Alassane SALL s’interrogeait à l’époque du rôle que devaient jouer les agents de l’ARTP face à des marchés aussi importants qui liaient la société étatique à d’autres sociétés. Qu’avaient-ils pu faire ou tenté pour pouvoir protéger les intérêts de l’ARTP?

Mais en tout état de cause, l’ancien DG de l’ARTP Monsieur DIAO et le Président Wade étaient les véritables facilitateurs dans les grandes décisions qui ont coûté à l’agence nationale des sommes calamiteuses. Le Président Abdoulaye WADE et des hauts fonctionnaires qui devaient tout faire pour sauver les intérêts du peuple sénégalais se sont entre eux permis de se partager des contrats du marché public de l’Etat et des terrains situés un peu partout sur Dakar et le reste du territoire. Ils ont conduit à une faillite totale de l’Etat et à une trahison que l’histoire du Sénégal mentionnera toujours dans ses agendas. Thierno Alassane SALL nous parle aussi de l’architecte Goudiaby ATEPA qui réclamait de l’ARTP un montant que la société nationale lui était redevable.

L’architecte laissait croire que le Président WADE lui avait confié un projet de mise en place d’une radiotélévision africaine. Le Président WADE lui-même s’en était ravisé plus tard mais comme le précise l’auteur du Protocole de l’Elysée dans le livre (page 179), Monsieur ATEPA réclamait son argent vu qu’il avait commencé des travaux. Ce dossier ne fut pas traité par Thierno Alassane SALL (dossier mis de côté) qui cherchait d’abord à régler les affaires MTL et TRE. Thierno Alassane SALL avait dans cette dynamique convoqué une conférence de presse pour rendre public l’affaire de Papa Amadou Cheikh AMAR. Les ripostes ne tardèrent pas, Monsieur AMAR est l’un des personnes les plus réseautées du pays. Il est ami à certains médias.

La gestion des ressources du Sénégal dans la sobriété et la vertu était ce qui animait l’esprit du DG de l’ARTP Thierno Alassane SALL mais son combat sur le dossier susmentionné sera chambardé par le Président Macky SALL qui le voulait ailleurs pour des intérêts plus que politiques que patriotiques. Thierno Alassane SALL, nouvellement nommé Ministre des infrastructures et des transports, se rendra plus tard compte que l’ARTP avait renoué un autre contrat avec une autre société (Cde) pour la suite des constructions de ses deux immeubles.

Le peuple sénégalais méconnaît encore la suite des milliards déjà versés à la société de Monsieur AMAR. Thierno Alassane SALL s’inquiète à nouveau: «jamais je ne comprendrais le dénouement de ces dossiers non que je n’aie saisi le jeu perfide qui se déroula derrière les coulisses mais simplement parce qu’il constitue le parfait cas d’école des vices que nous avions fait le serment d’éradiquer. Nous avions combattu Abdoulaye Wade pour la déchéance morale et économique qu’il avait infligée au Sénégal. Ces affaires méticuleusement documentées sont le témoignage de la faillite organisée des institutions du Sénégal dont Wade reste le grand ordonnateur.» (Le Protocole de l’Elysée, page 182).

* Alpha Daouda BA
Ecrivain

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