Désordre public au Sénégal – Dr Souleymane Lo : « L’implication active des habitants est une stratégie clé »

Face à la persistance du désordre urbain au Sénégal, le sociologue Dr Souleymane Lo analyse les causes profondes de ce phénomène. Selon ses observations, rapportées par Sud Quotidien, une dissonance fondamentale existe entre les normes juridiques formelles et les pratiques sociales informelles, rendant les efforts des autorités successives largement inefficaces.

Selon nos informations, Dr Lo souligne l’existence d’un arsenal juridique complet, incluant le Code de l’Urbanisme et le Code de l’Hygiène, théoriquement suffisant pour encadrer l’utilisation de l’espace public. Cependant, la réalité sur le terrain est dictée par une norme sociale différente, marquée par une tolérance communautaire envers des comportements illégaux. Cette tolérance est principalement alimentée par des impératifs de survie économique pour de nombreux acteurs de l’économie informelle, tels que les commerçants de rue ou les transporteurs, ainsi que par des dynamiques de clientélisme politique.

Pour inverser cette tendance, le sociologue préconise une approche qui dépasse la simple répression. Il insiste sur la nécessité d’instaurer une « pédagogie de la citoyenneté » continue, visant à valoriser l’espace public comme un bien commun. Cette démarche devrait impliquer les écoles, les médias communautaires et les associations locales. Une autre stratégie clé, selon lui, est « l’implication active des habitants dans la gestion et l’aménagement de leurs propres espaces de vie ». La mise en place de comités de quartier ou de budgets participatifs permettrait aux citoyens de s’approprier les règles, les percevant non plus comme une contrainte mais comme le résultat d’une concertation collective.

Pour les nouvelles autorités, Dr Souleymane Lo identifie quatre leviers d’action essentiels pour rompre avec ce cycle. Le premier est institutionnel, exigeant une application de la loi qui soit constante, impartiale et non sélective, afin de restaurer la légitimité de l’action publique. Le deuxième levier est communautaire et consiste à nouer des partenariats solides avec les acteurs locaux influents pour exercer un contrôle social « par le bas ». Le troisième est économique, axé sur une transition accompagnée de l’économie informelle vers le secteur formel, via des incitations comme une fiscalité adaptée et l’accès au micro-crédit. Enfin, un levier symbolique et culturel est nécessaire pour promouvoir la propreté et l’ordre comme des valeurs collectives désirables, construisant ainsi une fierté autour d’un cadre de vie harmonieux.

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