Covid-19 : « Commerçants, évitons stockage et rupture de produits »

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Khadime Sylla, président de l’Association des Commerçants et Industriels du Sénégal (ACIS), dans une interview, parle de la situation du pays en cette période de propagation du coronavirus. Il se félicite des décisions prises par le chef de l’Etat et exhorte la population à respecter les mesures données par les agents de santé. Il demande également aux commerçants d’éviter d’acheter les stocks pour ensuite les garder pour éviter une possible rupture. Entretien.

Le Sénégal à ce jour a dépassé la barre des 100 contaminés au coronavirus. Et pour faire face, le chef de l’Etat a pris des mesures. Etes-vous en phase ?

Effectivement. Ce sont des mesures que la population sénégalaise dans son ensemble a saluées. C’est important que tout le monde soit uni pour faire face à cet ennemi invisible de Covid-19. Et je pense que ce sont des mesures inévitables face à une situation pareille.

Quel rôle doit jouer une association comme la vôtre en cette période de crise ?

Cette épidémie de coronavirus a causé une crise sanitaire mondiale et le Sénégal n’est pas épargné. Une situation qui interpelle tout le monde. En tant qu’association, ACIS a répondu présente pour barrer la route à la propagation du virus. Nous avons réussi à donner une participation de plus de 30 millions pour jouer notre partition. Nous essayons également de mener un combat de sensibilisation en appelant les Sénégalais à respecter les mesures édictées par les autorités et le personnel médical.

Vous avez pris la décision de suspendre quasiment toutes vos activités. Pourquoi un pareil sacrifice ?

Ce n’est pas une décision facile mais elle s’impose à la situation. C’est une façon aussi de montrer le bon exemple. Il faut éviter les rassemblements à tout prix, c’est pourquoi nous avons mis fin à certaines activités et nous avons opté de travailler à distance. Seuls les commerçants qui sont dans l’agroalimentaire sont obligés de mener leurs activités. En ce qui nous concerne, nous avons jugé nécessaire d’employer d’autres méthodes de travail.

Vous avez contribué à hauteur de 30 millions dans la lutte contre le covid-19. Comment avez-vous réussi à collecter autant de fonds ?

C’est une participation à l’effort de guerre de tous les membres de l’association. Nous l’avons collecté en deux jours et d’ailleurs 10% des membres n’ont pas encore versé leurs participations. Nous avons remis ce fonds au ministre de la Santé et de l’action sociale. Nous avons cependant continué nos actions dans les régions à travers des dons et du matériel médical et des produits de désinfection.

Les mesures prises par le chef de l’Etat ont-elles forcément des impacts dans le secteur des commerçants ?

C’est une situation à laquelle le monde entier est en train de faire face. Il s’agit d’une question de survie. Ce qui a poussé le Président a déclaré l’état d’urgence. Cela a entraîné certes des conséquences dans l’économie notamment le secteur informel où s’active 80% de la population. Il faut donc nous adapter à la situation. Les Sénégalais vivent au jour le jour, mais ce n’est pas une raison de ne pas respecter les mesures. Nous avons vu certains Etats imposer le confinement total à leur population. Je pense qu’au Sénégal, nous n’en sommes pas là, le mieux est donc de se conformer aux mesures d’interdiction. Restons chez nous pour sauver des vies et ne sortir que pour l’essentiel. J’invite aussi les Sénégalais à promouvoir la solidarité entre eux en ces moments difficiles.

Quels enseignements tirez-vous de cette situation ?

Les déplacements sont réduits ; il y a un travail à distance qui se fait et les ravitaillements continuent de se faire, même s’il y a une crainte chez les commerçants. Si le Sénégal devait arriver à un confinement général, il y aurait certainement des difficultés pour les commerçants qui importent. II y aura probablement des taxes supplémentaires qui s’imposeront. Nous interpellons l’Etat pour une anticipation et faire en sorte que certains commerçants continuent d’importer pour éviter une rupture qui pourrait avoir d’autres conséquences. L’Etat doit aussi gérer les stocks car en cette période, certaines denrées alimentaires peuvent être en rupture du fait que les populations achètent les produits en masse pour les garder chez eux. Ainsi, j’appelle tout le monde en général, les commerçants en particulier, à la vigilance pour éviter le stockage dans les magasins et/ou les maisons qui pourrait causer une rupture.

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