Conférence de l’Agence internationale de l’Énergie atomique : Le discours de Cheikh Oumar Hann Mesri

Le Sénégal a pris part à la soixante cinquième (65éme) Session ordinaire de la Conférence générale de l’Agence internationale de l’Énergie atomique (AIEA) devant se tenir du 20 au 24 septembre 2021 prochain à Vienne en Autriche.

Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Monsieur Cheikh Oumar Hann qui était à la tête de la délégation du Sénégal a livré cet important discours que nous partageons dans son intégralité.

« Monsieur le Président,
Mesdames Messieurs les Ministres
Chers délégués

Je voudrais, d’abord, Monsieur le Président, au nom de la délégation sénégalaise que j’ai l’honneur de conduire, vous présenter mes vives félicitations, à la suite de votre élection à la présidence de cette 65éme session ordinaire de la Conférence générale de l’AIEA

Permettez-moi aussi de féliciter le Directeur Général et son équipe pour le travail accompli en vue d’exécuter convenablement le programme de coopération et d’assistance, au prix d’efforts considérables d’adaptation et de résilience face aux multiples contraintes dues à la COVID-19 et surtout pour les mesures prises en faveur des États membres afin de leur permettre de faire face à cette pandémie.

Je voudrais par ailleurs féliciter la Fédération de Saint-Christophe-et-Niévès pour son adhésion à l’AIEA.

Cette conférence est, pour la délégation sénégalaise, le lieu de réaffirmer notre engagement à continuer de coopérer avec l’AIEA, pour renforcer et observer strictement les normes de sûreté.
A ce titre, depuis 2011, l’Autorité de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire du Sénégal a bénéficié de l’accompagnement de l’AIEA qui a permis de jeter les bases d’une infrastructure fonctionnelle en la dotant d’équipements et d’évaluer le cadre législatif et réglementaire qui a connu des avancées. En effet, le projet de loi nucléaire sur « la sûreté, la sécurité, les garanties et la responsabilité civile en matière de dommages nucléaires, a été validé par un comité technique et adopté au conseil des Ministres le 8 septembre 2021.

Mesdames Messieurs,
Dans le domaine de la santé, mon pays s’est engagé à renforcer la prise en charge du cancer avec la construction prochaine d’un Centre National d’Oncologie, d’un centre d’oncologie pédiatrique et le projet de cinq pôles régionaux de cancérologie.

Je voudrais profiter de cette tribune pour appeler l’Agence et ses États membres à accorder une attention particulière aux 40% de pays africains qui ne disposent d’aucune unité de traitement du cancer, avec comme corollaire des milliers de vies perdues.

C’est donc en tenant compte de ce qui précède que le Sénégal invite l’AIEA à lancer un plaidoyer pour une initiative africaine intitulée : « un pays – une unité de radiothérapie pour sauver des vies ». Afin de la mettre en œuvre, l’AIEA pourrait adopter une stratégie consistant à s’appuyer sur un des Présidents africains, choisi en qualité de champion de la lutte contre le cancer par la radiothérapie par l’acquisition d’au moins une unité de traitement/pays.

S’agissant de la lutte contre la COVID-19, afin de contourner les disparités de développement, il est important de travailler sur la prévention, le renforcement des capacités des personnels de santé, les équipements sanitaires et la mutualisation des forces.
Devant la fracture vaccinale que le monde est en train de connaitre avec seulement moins de 2% de la population africaine vaccinée, le Président Macky sall, a appelé à une solidarité entre les pays. Il a aussi engagé le Sénégal dans un projet de production de vaccins contre la Covid-19 par l’Institut Pasteur de Dakar, avec le soutien de la Team Europe et du gouvernement allemand, entre autres.

Monsieur le Président,
C’est aussi avec l’appui de l’AIEA que nous envisageons de mettre en place un réacteur nucléaire de recherche, pour une utilisation, entre autres, dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de la recherche-développement, de la formation et de l’éducation.
Des actions de partenariat seront établies avec d’autres pays pour nous accompagner dans ce projet afin de bénéficier de leurs expériences et expertises dans ce domaine.

Mesdames Messieurs,
Il convient aussi de se réjouir du résultat enregistré dans la lutte contre les mouches Tsé-Tsé dans la Zone des Niayes : un succès AIEA/Sénégal. L’éradication de cette mouche devrait générer environ 2,8 millions d’euros par an d’augmentation de la production animale.
C’est ici l’occasion de remercier le gouvernement américain et l’AIEA pour avoir accepté d’appuyer le projet d’extension des activités dans le centre du pays, avec la mise en place d’un insectarium pour la production, in situ, de mouches tsé-tsé mâles stériles.

Monsieur le Président,
Dans le domaine de l’environnement, la gestion des déchets plastiques, qui sont à l’origine d’une pollution visuelle, de la mortalité élevée du cheptel, de l’imperméabilisation des sols ainsi qu’aux inondations, fait partie de nos priorités.
A cet effet, je voudrais féliciter le Directeur Général de l’AIEA pour l’initiative NUTEC plastique par l’utilisation de la technologie des rayonnements pour la surveillance du plastique et le recyclage des déchets plastiques. Le Sénégal est prêt à travailler avec l’AIEA dans ce sens.

Par ailleurs, le Sénégal salue le projet ZODIAC visant à établir une approche globale, multisectorielle et multidisciplinaire pour la détection des maladies zoonotiques et la prévention de leur propagation, qui, je l’espère, permettra de renforcer les capacités du comité zoonose du Programme pour la Sécurité Sanitaire Mondiale « une seule santé » mis en place depuis 2013 et qui a obtenu d’excellents résultats.

Chers participants,
Le renforcement des capacités humaines, qui constitue le complément indispensable au transfert de technologies, doit rester l’une des grandes priorités de l’Agence.
C’est dans cette optique que nous sollicitons l’accompagnement de l’agence en vue de l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie nationale d’éducation et de formation dans le domaine du nucléaire mais aussi un appui pour la création d’un Centre d’excellence africain de formation en science et technologie nucléaire dans plusieurs domaines tels que l’utilisation de la technologie nucléaire dans le traitement et le recyclage des matières plastiques au niveau sous régional, le suivi de la radioactivité dans l’environnement,  entre autres.
Pour clore mon propos je voudrais Monsieur le Président, rappeler que le Sénégal entend réaffirmer son adhésion totale aux idéaux de paix et de développement de l’AIEA pour participer activement à la promotion de l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques et au renforcement du régime de non-prolifération et de vérification de l’Agence.

Je vous remercie pour votre aimable attention. »

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