Lors de son meeting à Ziguinchor ce vendredi, Ousmane Sonko, leader du parti Pastef, a réagi à la polémique entourant la publication de l’ouvrage de l’historienne française Séverine Awenengo Dalberto, intitulé « L’idée de la Casamance autonome : Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal. » Le Premier ministre a également indiqué qu’il travaille discrètement pour parvenir à une paix définitive dans la région. Cependant, l’aile civile du MFDC, mécontente, a vivement critiqué Ousmane Sonko.
Cette réaction du MFDC, survenue dimanche, fait suite au meeting de Sonko à Ziguinchor, durant lequel il dénonçait un supposé projet de déstabilisation en Casamance, tout en expliquant les raisons de la rétrogradation du général Kandé. Il a également exprimé son opposition à la diffusion du livre de Séverine Awenengo Dalberto au Sénégal.
« Qu’est-ce qu’on veut cacher ? », s’interroge avec colère l’aile civile du MFDC, réunie dimanche à Mangokroto. Leur porte-parole, Amidou Djiba, a qualifié l’intervention de Sonko sur la Casamance de maladroite, affirmant que le leader de Pastef s’aventure dans un domaine historique qu’il ne maîtrise pas. « Quand ce problème a surgi, il n’était encore qu’un adolescent », a-t-il ajouté.
« Si quelque chose doit être révélé, alors que l’on autorise la publication de ce livre pour en voir le contenu », a poursuivi M. Djiba. Il s’est insurgé contre l’opposition de Sonko et ses alliés à la promotion de ce livre au Sénégal. « On nous dit que le Sénégal est un pays de droit, un pays démocratique. Interdire un livre, est-ce cela la démocratie ? », a-t-il questionné.
Malgré leurs critiques, le MFDC a réaffirmé sa volonté de dialoguer avec les nouvelles autorités, bien que ses tentatives de rapprochement restent pour l’instant sans succès.
Pour mémoire la crise en Casamance trouve ses racines dans un mouvement indépendantiste initié par le MFDC en 1982, lors d’une marche pacifique qui dégénère en affrontements sanglants. Depuis, le conflit oppose le MFDC à l’État sénégalais, avec des cycles de violence, d’arrestations et d’interventions militaires, notamment entre 1982 et 1990. Après un premier cessez-le-feu en 1991, la situation reste tendue, ponctuée de nouveaux affrontements, disparitions et assassinats, tels que ceux de bûcherons en 2011 et 2018.
Des tentatives de dialogue et des accords de paix sont initiés, comme celui de 2004, mais les tensions et les rivalités internes au sein du MFDC persistent. En 2021 et 2022, l’armée sénégalaise intensifie ses offensives, démantelant plusieurs bases rebelles et obligeant les chefs rebelles à se réfugier. Bien que des tentatives de cessez-le-feu continuent, la région reste instable, aggravée par des trafics illégaux de bois et de drogues qui alimentent la violence.
C’est dans ce climat de ni paix ni guerre que le Premier ministre Ousmane intervient pour œuvrer enfin à une paix durable en Casamance, affirmant qu’il travaille discrètement sur le terrain en collaboration avec les acteurs locaux.