Boy Djinné ange ou démon?

Il y en a que pour lui. Boy Djinné continue de défrayer la chronique. L’actualité de son arrestation a même éclipsé au second plan Karim Wade. Par la force d’une médiatisation outrancière de ses multiples évasions les unes aussi spectaculaires que les autres, Boy Djinné ne laisse personne indifférent.
De simple prisonnier, Modou Fall de son vrai nom est devenu un mythe, voire une légende comme le fut dans le passé un certain Ino Alioune Abatalib Samb, célèbre prisonnier des années 90 décédé en détention.

Le personnage de ce fugitif a atteint une toute autre dimension lors de son exil en Gambie. Celui qui est présenté comme un délinquant, à la limite un fugitif dangereux, devient une star au pays de Yaya Jammeh. Boy Djinné est chouchouté et choyé comme un petit prince. Dans un premier temps emprisonné, il est quelques temps après remis en liberté par le régime de Jammeh. Son dossier devient dans la foulée une affaire d’Etat.
Pour indisposer les autorités sénégalaises, la Gambie a laissé Boy Djinné mener une vie de pacha et se la couler douce à Banjul.
Mais de nouveaux rebondissements interviennent dans l’affaire Boy Djinné avec les négociations bilatérales entre Dakar et Banjul dans le cadre de la transgambienne. Le gouvernement demande l’extradition du jeune homme à la Gambie qui donne son accord.

Mais, les autorités gambiennes n’ont même pas le temps de le livrer au Sénégal qu’il est arrêté le 05 juillet dernier.

Revenant de la Guinée, il est intercepté à Kalifourou. Boy Djinné a été appréhendé en compagnie de sa femme Dibou Thiam et de son mécanicien.

Exposé devant les cameras, les menottes autour des deux poignets, Boy Djinné donne l’impression d’un caïd dangereux, exhibé comme un trophée de guerre par les forces de sécurité.
Mais, face aux micros des journalistes et aux projecteurs de cameras le mis en cause fait tomber cette image sombre qui lui collait à la peau.

«Tout ce qu’on me rapproche n’est que pur mensonge. Mon nom a été sali partout dans le monde. Dites à Macky Sall (le président de la République : NDLR) et à Sidiki Kaba (le ministre de la Justice : NDLR) de me juger une bonne fois pour toutes, sinon je ne vais pas durer en prison. Que fait-on des droits de l’homme? Dommage qu’au Sénégal il n’y a pas de justice et des droits de l’hommistes »

Une déclaration qui touche la sensibilité de nombreux Sénégalais devenus subitement compatissants à l’endroit du jeune homme. Du coup, Boy Djinné passe aux yeux de certains sénégalais comme un innocent diabolisé et dépeint sous les traits d’un bandit de grand chemin capturé par la police sénégalaise qui va le livrer aux justiciers qui décideront de son sort.