Babacar Ndiaye et sa fédération tombent-ils en disgrâce dans le monde du Basket ?

Le basket-ball sénégalais a connu dans son histoire une phase unique de transition non démocratique matérialisée par le retrait de la délégation de pouvoir conformément à l’article 12 de l’arrêté ministériel n° 18384 du 21 novembre 2013 portant retrait de la délation de pouvoir à la Fédération sénégalaise de basket, et portant création d’un Comité de normalisation du basket (Cnbs) et cela, suite à la fraude sur l’âge des joueurs et joueuses ayant participé aux Afrobasket u18 masculin et féminin.

Dès lors, le Comité de normalisation mis en place par le ministre des sports Mbagnick ndiaye se devait, dans sa lettre de mission, de restaurer la flamme victorieuse des équipes nationales et de réorganiser la discipline ponctuée de tensions et de heurts. En effet, malgré tous les griefs, le président baba Tandian a pendant son magistère fait prévaloir pour le basket son carnet d’adresses. C’est sous son magistère que la discipline a pris son autonomie par la revalorisation substantielle des récompenses du couple royal, la subvention des clubs, la substitution à la tutelle pour la prise en charge des compétitions de jeunes au niveau international ainsi que le retour des sponsors au niveau du basket-ball.

Autant de réalisations qu’il faudrait mettre à l’actif de Tandian malgré l’épisode sombre de la fraude sur l’âge qui a précipité son départ à moins d’une année de la fin de son mandat. Dans la continuité, le Comité de normalisation dirigé par Serigne Mboup avait pour mission de conserver les acquis et de redorer le blason terni du basket-ball sénégalais. Le choix des profils qui composaient cette structure d’exception suscitait beaucoup d’espoir parce qu’ayant à son effectif, de hauts cadres de l’administration et de l’armée, et d’anciens basketteurs et basketteuses ayant gagné beaucoup de titres africains.

Dans la mise en œuvre de sa mission, le Comité de normalisation aura réussi à financer ses activités au niveau national mais surtout à repositionner le basket-ball sénégalais au niveau international avec une qualification historique au deuxième tour de la Coupe du monde en Espagne avec l’équipe nationale senior masculine.

Seulement, pressé par la Fiba pour la mise en place urgente d’une fédération avant les Afrobasket seniors, le Cnbs en collaboration avec le Cadre de concertation et le ministère, a entamé la réforme des textes pour un consensus recherché. Plusieurs réunions de restitution ont été organisées, en présence de la Fiba et du Cnoss et d’autres personnes ressources.

Ainsi, une assemblée générale extraordinaire pour la validation des textes avait été organisée où il a été retenu de faire voter les clubs pour deux voix concernant les clubs qui ont une équipe de première division et une voix pour les divisions inférieures. C’est ainsi, après l’assemblée générale extraordinaire, qu’il a été retenu la participation des clubs de basket à l’assemblée générale ordinaire (élective) avec voix délibérative au détriment des ligues régionales qui jusque-là assuraient la formation et le filtrage des dirigeants devant intégrer l’instance fédérale.

Donc, cette formule devenue réglementaire a élu la nouvelle équipe fédérale en 2015 et en 2019. Il est bon de retenir que les cooptés du ministère, qui sont au nombre de 6, ne participent pas au vote. L’augmentation impressionnante des clubs de basket, qui passe de quatre-vingt (80) en 2015 à près de cent cinquante (150) en 2020, nous pousse à considérer cet état de fait, comme une manipulation à but purement électoraliste. En effet, beaucoup de ces clubs nouvellement affiliés qui, pour la plupart, sont de la région de Dakar, ne prennent pas part aux compétitions fédérales, ou se distinguent par des forfaits généraux après quelques journées de compétition.
D’autres ne disposent pas de catégorie jeune, en violation des textes de la fédération. Toute cette situation a pour conséquence de diminuer considérablement le niveau de l’instance fédérale mais aussi la qualité de l’organisation des compétitions qui se distingue depuis 2015 par un calendrier non maîtrisé avec des saisons sportives qui peuvent aller jusqu’en décembre.

Une assemblée générale extraordinaire avait été convoquée en 2019 pour l’augmentation des membres du bureau et du Comité directeur. Cette volonté de proposer la suppression de la limitation des mandats, par l’organisation d’une nouvelle assemblée générale extraordinaire, témoigne de l’insuffisance et des manquements causés par l’application des textes, et cela dans un avenir proche peut opposer deux camps et faire revenir les démons du passé.

A la place du consensus et de concertations larges avec tous les acteurs et personnes ressources et qui prendraient en compte toutes les considérations, les réalités et l’environnement de notre basket-ball, on voit souvent des groupes de fédéraux, constitués en comité, qui optent pour la pensée unique et font des propositions auxquels ne souscrivent pas une bonne partie de la famille du basket-ball. L’idée de la majorité mécanique tue à petit feu la réflexion et éloigne de plus en plus toutes ces personnes ressources qui pouvaient, pour l’intérêt supérieur du basket-ball sénégalais, apporter leurs pierres à l’édifice.

Dès lors, il urge face à cette dénormalisation de mettre en place un comité qui sera chargé de revoir nos textes réglementaires pour que nous soyons aux normes de la Fiba et apporter les solutions à savoir la mise en œuvre du logiciel de numérisation des licences acquis par le Cnbs à coût de plusieurs millions ; l’élection de tous les membres du bureau et par membre et ne pas mettre au vote la liste proposée par le président fraîchement élu ; la participation des cooptés du ministère au vote afin de pouvoir leur donner une possibilité d’occuper un poste de responsabilité, dès lors qu’ils ont été choisis es qualité; la prise en charge de deux internationaux champions d’Afrique dans le bureau dès lors qu’il n’existe aucun dans l’actuel bureau fédéral malgré les quinze titres gagnés par le Sénégal ; la participation des ligues régionales de basket dans la formation du dirigeant et le filtrage des dirigeants devant intégrer le comité de direction de la Fsbb ; la qualification automatique du joueur après dépôt de l’argent de la protection.

Les réformes de nos textes issus des normalisateurs et du Cadre de concertation des clubs doivent amener les composantes du basket à mettre fin à toutes ces manœuvres pour ne plus faire revenir les démons du passé. Que dieu nous aide à sortir de l’ornière.

Mohamed Aliou Sy (Louga)
ahmada_sy@yahoo.fr

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