Ameth Diallo pour la « suppression des conseils départementaux, du CESE et du HCCT… »

« Il faut se dire que seules les idées nouvelles en cohérence avec les temps nouveaux et nos réalités peuvent apporter un changement profond dans notre pays« . Des propos du leader de « Ngekhokh Bou Bes ». Lors de cet entretien avec « L’Exclusif », Ameth Diallo est revenu sur la publication de leur manifeste qui prône une démocratie des territoires, « en lieu et place de la démocratie à régime hyper présidentialiste…« , entre autres sujets.

Entretien :

Vous avez fait une conférence et publié un manifeste pour prôner une démocratie des territoires en lieu et place de la démocratie à régime hyper présidentialiste que nous avons actuellement. Vous y avez fait 5 propositions phares pour refonder l’action politique au Sénégal et favoriser le développement, pouvez-vous revenir sur l’une des propositions les plus inédites et originales à savoir la suppression des élections législatives?

Effectivement, nous avons proposé cette réflexion à savoir la suppression des élections législatives. L’unique organisation des élections locales, fera des maires élus des députés-maires automatiquement. Ici la règle du cumul sera bannie et à la place, le mot valise député-maire sera une mission d’ensemble pour chaque élu local. Ce qui est déjà le cas pour plusieurs maires qui sont en même temps députés même s’ils sont élus dans deux scrutins différents.

Vous allez convenir avec moi que le maire est l’élu le plus proche des populations et il est aussi l’élu qui représente le mieux les populations. Et c’est cela le rôle fondamental du député. Nous proposons donc que les maires qui seront issus des élections municipales assument les responsabilités locales de maire et celles nationales de représentant du peuple pour le vote des lois ainsi que le contrôle du pouvoir exécutif. Nous n’avons pas dit de supprimer le parlement ou le pouvoir législatif comme certaines personnes sembleraient le comprendre lors de notre conférence. Nous proposons plutôt un mode de désignation des représentants du peuple qui est plus adapté à la réalité selon le renouveau démocratique pensé par nous mêmes.

Par ailleurs, nous aimerions faire comprendre que cette proposition rentre dans le cadre d’une réflexion plus globale pour refonder l’action politique au Sénégal en partant de nos territoires. La mise en place complète de la déconcentration accompagnée d’une vraie politique de décentralisation administrative comme économique et qui sera le levier d’une bonne gouvernance locale favorisant le développement à l’échelle nationale en est le sens profond.

Le niveau local est sans aucun doute le bon échelon pour développer notre pays. Nous souhaiterions en faire avec ce système, le niveau le plus proche pour la prise en main des préoccupations des populations et qui fera vivre la démocratie au sens premier du terme.

La démocratie est née dans des cités avec des tailles de populations limitées et non dans des nations à millions d’habitants. Donc, la démocratie ne saurait s’appliquer efficacement qu’à travers la cité, c’est-à-dire dans nos communes. Pour nous, l’essentiel de l’activité politique doit se faire au niveau local et cela passe, entre autres, par revoir le profil des élus et la mise d’une vraie administration locale. Créer un nouveau fil conducteur pour une démocratie modèle en prenant en compte l’égalité et la responsabilité de tous. Donc, prise isolément, cette proposition peut perdre son poids, c’est pour cela que j’invite tout le monde à lire notre manifeste dans son entièreté.

Qu’en est-il de la mise en œuvre et du nombre de députés qui seraient trop élevés avec 557 communes ?

Déjà, il faut se réjouir du fait qu’avec cette proposition, on élimine une élection avec tout ce que cela demande comme dépense pour l’Etat et des économies qui pourront servir à financer les projets au niveau des communes.

Concernant le nombre de députés-maires, nous sommes ouverts à toute réflexion permettant de prendre en compte tous les aspects nécessaires. La réflexion de base est posée et on invite tous les acteurs de développement à participer aux débats. Dans notre manifeste, nous proposons aussi la suppression des conseils départementaux, du conseil économique social et environnemental (Cese) et du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) que nous jugeons budgétivores afin de permettre d’incliner les moyens qui y sont injectés vers les communes.

Retenez que l’une des pistes de réflexion est d’organiser les députés-maires en assemblées départementales avec des compétences bien définies telles que l’environnement et l’assainissement qui seront gérés à ce niveau en plus d’une commission permanente au niveau national plus restreinte composée d’un président dans chaque assemblée départementale. Cette commission pourra se réunir chaque mois ou à chaque fois que le besoin est exprimé pour le vote du budget mais aussi pour traiter des questions d’ordres nationales. Nous pouvons aussi revoir la taille des communes afin d’avoir des territoires plus viables économiquement.

Il faut comprendre que cette proposition peut être très dérangeante et demande beaucoup de courage politique pour sa mise en œuvre car le politicien traditionnel cherche plutôt à créer des nouvelles fonctions pour caser de la clientèle politique et non se soucier à réduire ou à rationaliser les dépenses publiques. Il est habitué à chercher les possibilités de récompenser des amis et des souteneurs.

Avez-vous conscience que les propositions faites dans le manifeste peuvent être vues comme la révolution copernicienne de notre démocratie ?

Il faut se dire que seules les idées nouvelles en cohérence avec les temps nouveaux et nos réalités peuvent apporter un changement profond dans notre pays. Thomas Sankara a commencé à changer son pays avec des idées originales appliquées nulle part ailleurs. Paul Kagamé s’appuie sur une décentralisation effective pour favoriser le développement de son pays. Au Rwanda, le budget d’une commune à taille moyenne peut être 7 fois plus important que le budget du ministère des collectivités territoriales. Mamadou Dia était sur le point de refonder le système économique sénégalais avant d’être stoppé dans son élan.

Les exemples sont nombreux pour démontrer que l’on peut faire autrement en étant original et éviter de reproduire par mimétisme tout ce que les autres font. Ce n’est pas parce que tous les pays du monde fonctionnent d’une certaine manière que nous devrions fonctionner pareillement. Pour arriver au niveau des pays développés et les surpasser, notre démarche doit être différente et surtout innovante.

4 COMMENTAIRES
  • Modou

    Tu es pertinent Ameth
    Très pertinent vraiment

    • Moussa Oumar Sow

      vous avez emis des idées pertinentes Nous devons sérieusement y réfléchir

  • Pape

    Machalla

  • Pathé

    C’est rare de trouver un politicien avec des idées si intelligentes et patriotiques

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