L’affaire de l’enlèvement du mandataire de la coalition présidentielle à Ogo a fait perdre à «l’Allemand» son moelleux fauteuil de directeur général de l’Artp. Abou Lô a été démis hier de ses fonctions de Dg de l’Autorité de régulation des télécommunications et postes. Une décision venue de la Présidence et qui sonne comme une sanction face à cette affaire d’enlèvement dans laquelle l’un des neveux du Dg Abou Lô serait impliqué. En tout, ils seront quatre personnes, proches du responsable politique de Ogo au banc des accusés aujourd’hui au tribunal des flagrants délits de Matam. Un procès sous haute tension, alors que «l’Allemand», jusque-là régulateur des télécommunications et des Postes, a été emporté par un fil haute tension tombé du Palais de l’Avenue Léopold Sédar Senghor. Décidément, Abou Lô joue de malchance depuis qu’il s’est engagé dans le Macky. Ministre de la Communication dans le premier gouvernement, il a été remplacé par le ministre Cheikh Bamba Dièye, avant de trouver une juteuse planque à l’Artp, le 2 novembre 2012.
Aujourd’hui, Abou Lô va devoir se mettre à carreau jusqu’à nouvel ordre. Alors qu’aux premières heures de l’accession du Président Sall à la magistrature suprême, il passait pour un illustre anonyme. L’on ne le connaît que dans certains cercles de l’Alliance pour la République, comme un représentant de la Diaspora.
Abou Lô a vu le jour en 1963 au village de Sinthiou Garba dans l’actuelle communauté rurale de Ogo. Après son entrée en sixième, il fréquente le lycée Faidherbe de Saint-Louis (actuel Cheikh Omar Foutiyou Tall) de la 6ème à la Terminale, où il décroche son baccalauréat série C. Il quitte alors son patelin du Nord pour rejoindre l’Université de Dakar. L’étudiant ne traîne pas à la Faculté des sciences et techniques où il obtient sa maîtrise en Mathématiques et Physique. En 1989, il quitte le Sénégal pour rallier l’Allemagne où il tient à terminer ses études de Mathématiques à l’université de Humboldt de Berlin. Puis, il fait tour à tour des études de Mathématiques appliquées aux Assurances, et travaille comme expert consultant en assurances. Il n’a aucun mal à décrocher la nationalité allemande, qui le prive de sa nationalité d’origine.
L’ancien Dg de l’Artp entre en politique par effraction et n’éprouve aucun complexe à faire l’historique de sa rencontre avec le Président Macky Sall. «J’ai commencé à faire de la politique avec l’avènement de l’Apr (Alliance pour la République). Avant même que l’Apr ne soit mise sur pied, j’avais déjà de la sympathie pour le Président Macky Sall. J’ai trouvé injuste ce qu’on lui a fait à l’Assemblée nationale. J’ai été peiné par cela : décrédibiliser les institutions pour des intérêts personnels. Ma fibre patriotique m’a mené vers le Président Macky Sall. L’Apr a été mis sur pied le 1er décembre 2008 et, dès le lendemain, je me suis engagé avec un groupe d’amis. Nous avons créé ce qu’on appelle la Délégation des Sénégalais de l’extérieur (Des) de l’Apr. J’ai eu l’honneur de diriger jusque-là cette coordination», révélait-il dans un entretien exclusif accordé à L’Obs.
Depuis hier, ses rapports avec le chef de l’Etat ne sont plus au beau fixe et son remplacement par Abdou Karim Sall, Ingénieur en Télécommunication, le force à attendre encore un autre décret de nomination.
L’Observateur