Terrorisme: fusion de 4 organisations djihadistes

Quatre groupes djihadistes du Sahel ont fusionné pour donner Nosrat al islam wal mouslimine. Mais pour le journaliste mauritanien, auteur de l’excellent ouvrage Le Ben Laden du Sahara, sur les traces de Mokhtar Belmokhtar, il n’y a pas à s’enflammer de cette union même si une lecture de ce qui vient de se passer s’impose.

Les pays du Sahel ont de quoi craindre pour leur sécurité. Les quatre groupes djihadistes qui y sont la principale cause de l’insécurité ces dernières années ont jugé opportun d’unir leurs forces. En effet Ansar Dine, sa brigade du Macina, Aqmi au Sahel et Almourabitoune viennent de fusionner pour former une seule entité : Nosrat al islam wal mouslimine (les défenseurs de l’islam et des musulmans).

Cet ensemble est dirigé par le touareg Iyad Ag Ghali, jusque-là émir d’Ansar Dine. L’annonce a été faite ce  jeudi à travers une vidéo dans laquelle chacune des organisations constituant le tout nouveau groupe islamiste est soit représenté par son émir ou son second. Ainsi, de gauche à droite, on peut apercevoir Amadou Kouffa d’Ansar Dine du Macina qui donne la preuve qu’il est encore en vie, l’émir d’Aqmi au Sahel Yahya Abou el Hamam, Iyad Ag Ghaly d’Ansar Dine. Viennent ensuite Al Haçan al Ansari qui est le second de al-Mourabitoune dont l’émir Mokhtar Belmokhtar se trouverait en Libye et Abou Abderahmane al-Sanhaji.

Ils ont fait allégeance à l’émir d’Al Qaïda, l’egyptien Ayman al Zawahiri mais aussi à son représentant dans la Maghreb et le Sahel, Abdelmalek Droukdel. Dans le même temps, ils ont annoncé la mise sur place d’une branche médiatique, Az-Zalaqa.

Spécialiste du djihad au Sahel, Lemine Ould Salem trouve que cette fusion n’a rien d’extraordinaire. « Elle existait en quelque sorte sur le terrain depuis fort longtemps. Elle a juste été formalisée. Al mourabitoune a réintégré l’année dernière Aqmi et il n’y a jamais eu réellement de rupture sur le terrain entre Aqmi, les enturbannés de Belmokhtar et l’ex Mujao », analyse l’auteur du livre « Le Ben Laden du Saharal : sur les traces de Mokhtar Belmokhtar ». « La seule nouveauté de ces dernières années, décrypte le spécialiste, est le ralliement d’une partie de l’ex mujao menée par Adnan Abuwalid al sahraoui à l’Etat islamique ». Ce nouveau pas dans la réunification du djihad dans cette partie de l’Afrique de l’Ouest ressemble à une réplique d’Al Qaïda à la percée d’Abu Bakr el Baghdadi.

À en croire Lemine Ould M Salem, cette union des forces démontre aussi que les opérations Serval et Barkhane n’ont pas annihilé la capacité des jihadistes à se mouvoir dans la région et se rencontrer.
Mais cette fusion peut surtout être vue comme la réponse au processus de réunification des mouvements rebelles au nord du Mali.

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