Momar Seyni Ndiaye : « L’Apr est un mouvement qui s’est retrouvé à la tête du pays »

« L’Alliance pour la République (Apr), un mouvement qui s’est retrouvé à la tête du pays » : l’analyse est de Momar Seyni Ndiaye, journaliste formateur. Interpellé par la rédaction de Sud quotidien sur la non-structuration du parti au pouvoir, il a été formel sur la question : l’absence de structuration ne peut pas, en aucun cas, être un avantage pour l’Apr.

L’atmosphère confuse qui règne actuellement dans les rangs du parti au pouvoir serait tout simplement l’arbre cachant la forêt d’une crise d’autorité qui mine le parti du président de la République.

L’avis est du journaliste formateur, Momar Seyni Ndiaye. Interpellé par la rédaction de Sud sur la problématique de la non-structuration du parti au pouvoir, le journaliste n’y est pas allé par quatre chemins : «Macky Sall a beaucoup de mal à contrôler l’Apr», reconnait-il. «D’abord, pour la bonne et simple raison que l’Apr est un jeune parti, il en a été le premier dirigeant. L’Apr a été créée, fin 2008, donc n’a pas eu de temps de se structurer. C’est un parti qui est né sur un coup de tête : le président qui a été défenestré du Pds, qui rassemble ses amis et qui essaye de monter un parti pour pouvoir faire face à la première échéance, c’est-à-dire l’élection présidentielle».

Poursuivant son analyse sur la marche du parti au pouvoir, Momar Seyni Ndiaye relève également la très forte présence de mouvements qui soutiennent aussi le président. Selon lui, ces mouvements comme Macky 2012, nonobstant leur position périphérique par rapport à l’Apr qui peut être le noyau central, revendiquent autant de droits dans l’élection du président de la République que l’Apr. Donc, «tout cela fait que, au fond, le président a une constellation de soutiens de partis. Il n’a pas le temps, peut-être même les possibilités parce que lui-même n’a pas une très grande expérience de dirigeant de parti. Et c’est ce qui explique toute cette difficulté qu’il a aujourd’hui à fédérer tout ce monde et à imposer sa ligne de conduite».

«MACKY SALL NE PEUT METTRE DE L’ORDRE DANS…»

Abordant les pistes de solutions devant permettre au chef de l’État d’instaurer sans difficultés majeures une ligne de conduite qui s’impose à tous les militants de son parti, le journaliste formateur précise d’emblée qu’«une structuration de type pyramidale s’impose à l’Apr» si Macky Sall souhaite véritablement mettre de l’ordre dans les rangs de sa formation.

Selon lui, «tant que l’Apr ne sera pas véritablement structurée, d’abord de manière pyramidale, ensuite de façon plus participative quand le parti sera plus rodé, on va assister effectivement à cette sorte de foire d’empoigne. Car, souligne-t-il, «tout le monde revendique la légitimité en raison du fait que la plupart des responsables qui sont à la tête des instances ont été cooptés par le président de la République lui-même et non par la base. « Au regard donc de toutes les raisons que je viens d’évoquer, le président ne peut mettre de l’ordre dans son parti. Il a beau sifflé la fin de la récréation mais les gens ne l’entendront pas parce que le parti n’a pas été créé sur des bases structurées. C’est un mouvement qui a été rassemblé au dernier moment pour essayer d’aller aux élections», ajoute encore Momar Seyni Ndiaye pour qui la structuration permettra à Macky Sall de désigner les vrais chefs et les personnalités qui jouent des rôles au plan local.

«L’ABSENCE DE STRUCTURATION NE PEUT ETRE UN AVANTAGE POUR L’APR»

Par ailleurs, MomarSeyni Ndiaye précise sur la situation actuelle du parti au pouvoir que l’absence de structuration ne peut pas, en aucun cas, être un avantage pour l’Apr. Mais elle permet au chef de l’État de jouer sur les divisions pour pouvoir diriger le parti parce que s’il était structuré, il pouvait fonctionner au nom d’une démocratie interne. «Aujourd’hui, c’est une structure pyramidale qui dirige ce parti. C’est le président qui décide de tout. Et même celui qui est chargé d’administrer le parti, Mael Thiam, n’a pas l’autorité nécessaire pour seconder le président, voire le suppléer dans ses fonctions de gestion administrative de ce parti…Il faut que le président parle pour que tout le monde écoute ».

Pour toutes ces raisons, le journaliste formateur a estimé que «l’Apr n’est pas une organisation majeure. Il n’a pas eu de souci de se structurer, de mettre des fondements, des paliers au niveau communal, au niveau des communautés rurales, au niveau départemental, au niveau central, au niveau local. L’Apr n’est pas passée par là. Ce sont des personnalités qu’on a prises un peu dans chaque région, dans chaque ville, dans chaque région et on en a fait une sorte de conglomérat de dirigeants mais en réalité il n’y a pas une personne autre que le président qui décide. Ce qui est un inconvénient. L’absence de structuration n’a pas d’avantage mais seulement des inconvénients dans le sens où chacun dit tout et n’importe quoi, tout simplement parce qu’il n’y a pas de l’ordre».

Sud Quotidien

1 COMMENTAIRE
  • apr

    un mouvement qui a su peser lourd et a triompher lors des echeances donc c’est plus un mouvement

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