L’Antenne régionale de la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants et pratiques assimilées (DNLT), relevant de la Direction de la Police aux frontières, a procédé, le 15 décembre 2025, au déferrement de sept (07) individus devant le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de Ziguinchor. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, complicité de faux, obtention indue de documents d’identité sénégalais et association de malfaiteurs.
L’affaire trouve son origine dans un contrôle de routine effectué au poste frontalier de Kidira. Un individu y a été interpellé en possession de deux cartes d’identité distinctes : l’une burkinabé et l’autre sénégalaise, cette dernière étant suspectée de fraude. Les vérifications ont révélé que, malgré des identités différentes, la photographie figurant sur les deux documents était identique.
Confronté aux faits, l’intéressé a reconnu le caractère frauduleux de sa carte nationale d’identité sénégalaise. Il a expliqué avoir adopté une identité à consonance locale et s’être fait attribuer de faux parents adoptifs afin de constituer un dossier d’état civil complet, dans le but de contourner certaines taxes locales liées à son activité professionnelle au Sénégal.
Les investigations menées par la DNLT de Ziguinchor ont permis de mettre au jour un réseau bien structuré opérant au sein d’une mairie. Ce réseau impliquait trois officiers d’état civil, deux agents municipaux et un intermédiaire, spécialisés dans la création et la validation d’actes d’état civil fictifs au profit d’étrangers, moyennant des rétributions occultes.
L’exploitation des registres d’état civil, couvrant la période de 1977 à 2005, a révélé de nombreuses irrégularités, notamment des inscriptions illégales, des surcharges et des documents fictifs. L’extrait de naissance ayant servi à l’obtention de la pièce d’identité frauduleuse avait été inséré par le responsable du centre d’état civil et signé par la première adjointe au maire.
Au regard de la gravité des faits, huit (08) registres d’état civil correspondant aux années 1977, 1983, 1989, 1990, deux registres de 2005, ainsi que ceux de 2014 et 2016, ont été placés sous scellés provisoires.
Interrogés, les agents municipaux et leur complice ont reconnu leur implication dans l’établissement de ces actes frauduleux, désignant le responsable du centre d’état civil comme principal exécutant. Pour expliquer leurs agissements, ils ont évoqué la faiblesse de leurs salaires et l’attrait des gains financiers illicites.
