Visite de Macky Sall sur la corniche de Dakar : Vers la chute du mur turc

Le chef de l’Etat veut remettre de l’ordre sur la corniche et mettre fin aux constructions anarchiques qui y sont réalisées ou sont en voie de l’être. C’est pour cela que le Président Macky Sall est revenu, au cours de sa visite hier sur la Corniche sur la question du mur dressé dans cette zone par l’Amba­s­­sade de Turquie au Sénégal en vue de l’érection de ses locaux sur place. Interrogé sur le mur de la représentation diplomatique turque, le Président Macky Sall rétorque : «Il y a des titres qui ont été octroyés, la commission (tripartite) me fera des propositions et des mesures seront prises à la suite de cela. Il y a le cas des ambassades, ce sont des situations plus difficiles puisqu’il s’agit de relations entre l’Etat du Sénégal et les pays amis pour lesquels des titres ont été octroyés. Tout cela a été fait depuis quelques temps, mais il y a la continuité de l’Etat. Nous discuterons avec les différents pays sur les schémas alternatifs qui seront faits, soit ici même en repoussant l’intérieur, soit dans d’autres sites qui sont déjà identifiés. L’Etat sur toute cette corniche n’a donné d’autorisation que pour le mur de l’ambassade de Turquie.» Suite au combat des membres du collectif, les autorités turques ont suspendu les travaux de construction de leur ambassade.

«Nous n’avons plus de plage. On nous a interdit l’accès à la plage attenante à Terrou-Bi.
A la base, c’est le mur érigé par l’ambassade de Turquie qui était l’objet des récriminations du collectif. Cette ambassade avait décidé d’élire ses nouveaux quartiers sur la Corniche et avait déjà commencé la maçonnerie. Pour le Collectif Sos Littoral, l’érection de cette ambassade sur la corniche est une agression manifeste au bien-être des populations environnantes. Ce problème cachait en réalité la sinusoïdale d’une gigantesque agression foncière sur la corniche. L’hôtel Terrou-Bi, dans une perspective d’extension de sa surface, a mis en place une digue bardée de blocs de rochers aux allures de baie minuscule. Cet état de fait transpire dans les constats de populations venues accueillir Macky Sall. «Nous n’avons pratiquement plus de plage sur cette corniche. On nous a interdit l’accès à la plage attenante à l’hôtel Terrou-Bi. Cette appropriation est innommable et cela nous révolte», lâche un membre du collectif totalement excédé.
A côté du président de la République, l’architecte Pierre Goudiaby Atépa renchérit : «Voyez par vous-même Monsieur le Président, cette corniche n’est plus ce qu’elle était.» Macky Sall constate : «C’est complètement défiguré. C’est un problème national puisque c’est sur l’ensemble du Littoral, de Saint-Louis à la Casamance où cette agression est notable.»

Activation de la loi sur le Littoral
Macky Sall, au terme de sa visite, résume : «J’ai constaté des situations assez préoccupantes. Je savais déjà que l’occupation anarchique du Littoral et de la corniche de Dakar posait problème, mais ça c’est un problème que l’on constate depuis près de 30 ans. Là déjà, les premières agressions ont été faites. Ce mouvement s’est amplifié aujourd’hui au point de créer un effet, un écran qui empêche les Dakarois d’avoir un accès et une vue sur la mer. Evide­mment, cela ne saurait être accepté totalement.» Sans trancher sur le vif, le Président Sall s’accorde le temps de réfléchir à tout cela. «Après avoir reçu le collectif, j’ai décidé de mettre en place un groupe de travail entre le gouvernement d’une part et le mouvement citoyen pour qu’un état des lieux exhaustif soit fait et sur la base de cet état des lieux et des autorisations qui sont délivrées que des mesures soient prises pour sécuriser ce qui doit l’être», annonce-t-il. Avant de poursuivre : «Nous allons activer la loi sur le Littoral et le ministre de l’Urbanisme va nous faire les propositions.»

Lancement d’un concours d’architecture pour l’aménagement de la corniche
L’éminente question de l’hôtel Terrou-Bi a également été évoquée par Macky Sall : «Nous avons des extensions pour le site de Fann. Le Groupe Terrou-Bi a une extension qui, en même temps, touche la plage des enfants. Il faudrait pouvoir arrêter l’extension pour concilier à la fois l’impératif de l’extension de l’hôtel, mais aussi la nécessité de préserver la plage des enfants.» Pour lui, il s’agit également de résoudre la question de l’aménagement de la corniche pour ne pas ouvrir la voie à l’occupation anarchique : «Il faudra dans d’autres sites également que l’Etat développe et, très prochainement, je vais demander au ministre de l’Urbanisme de lancer un concours d’architecture pour l’aménagement de la corniche. Si la corniche n’est pas aménagée, nous ne sommes pas à l’abri d’occupations anarchiques. Vous voyez, pour ceux qui la connaissaient avant, comment la pointe de Fann a été défigurée.»

Macky Sall s’est réjoui enfin de sa visite. A son sens, «c’est le dialogue renoué entre la société civile et l’Etat, entre le président de la République et les populations».

LeQuoitdien

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