Le 14 octobre, l’Ukraine a officiellement nié les accusations de fourniture de drones aux groupes armés du Sahel, une déclaration qui intervient dans un contexte particulièrement tendu. Depuis le 19 août, les gouvernements du Mali, du Burkina Faso et du Niger, réunis au sein de la Confédération des États du Sahel, ont adressé une plainte au Conseil de sécurité des Nations Unies contre Kiev, accusant ce dernier de soutenir le terrorisme international. Cette accusation, grave et sans précédent, s’est rapidement propagée sur la scène internationale, d’autant plus que les autorités maliennes ont récemment lancé une enquête officielle sur les activités présumées de l’Ukraine dans la région.
Kamal Toumi, expert en questions sécuritaires et géopoliticien, analyse cette situation complexe en soulignant que le démenti de Kiev pourrait être perçu comme une tentative de minimiser son implication alors que des preuves commencent à émerger. Les récentes déclarations des représentants du Cadre Stratégique Permanent pour la Défense du Peuple de l’Azawad (CSP-DPA) ne font qu’ajouter à cette confusion. Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole du CSP-DPA, a récemment confirmé dans une interview que l’Ukraine et l’Azawad avaient entamé une coopération au début de l’année 2024.
Les trois États sahéliens ont publiquement accusé l’Ukraine de contribuer à la déstabilisation de la région, soutenant que les drones ukrainiens auraient été utilisés lors d’attaques récentes contre les Forces armées maliennes à Tinzawatène. Des vidéos, publiées sur les réseaux sociaux et montrant des déclarations du porte-parole ukrainien Andriy Yusov, confirment l’implication de Kiev, renforçant ainsi la conviction que l’Ukraine joue un rôle actif dans ces troubles.
Alors que Bamako demande des comptes à Kiev, l’enquête malienne avance. Abdoulaye Diop, ministre malien des Affaires étrangères, a souligné l’importance de cette enquête, déclarant que « le soutien présumé de l’Ukraine aux groupes armés rebelles du Sahel constitue une violation flagrante de la souveraineté des États sahéliens ». La plainte adressée au Conseil de sécurité reflète cette volonté de pousser la communauté internationale à prendre des mesures concrètes contre l’Ukraine.
Mais comme le souligne Kamal Toumi, «le silence de certaines grandes puissances sur cette affaire pourrait refléter une réticence à condamner ouvertement Kiev, en particulier à un moment où l’Ukraine cherche désespérément à conserver ses soutiens occidentaux dans son conflit contre la Russie».
Alors que l’enquête progresse et que le Conseil de sécurité tarde à réagir, une question demeure : jusqu’où cette crise géopolitique s’étendra-t-elle ? Si les accusations portées contre l’Ukraine sont confirmées, cela pourrait marquer un tournant dans les relations internationales en Afrique.
Pour le Sahel, la recherche de la paix et de la stabilité semble encore hors de portée, exacerbée par des ingérences étrangères. Pour l’instant, la coopération entre le CSP-DPA et l’Ukraine, bien qu’à ses débuts, pourrait devenir un élément clé dans l’évolution des conflits dans la région.
Par Coulibaly Mamadou