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Sénégal : Les chantiers prioritaires pour sauver et renforcer la destination touristique

Le président du Conseil d’Administration de la SAPCO et figure majeure du tourisme sénégalais, Doudou Gnagna Diop a appelé à une nouvelle dynamique pour redonner de la vigueur à un secteur fragilisé par les crises successives. En marge du Salon du Tourisme initié par Adama Ndiaye du SMT, il a exposé les défis, les urgences et les pistes de transformation du tourisme national.

Selon lui, cette rencontre arrive au bon moment. « Le secteur avait besoin d’être secoué, animé, remis en mouvement », souligne-t-il, rappelant que le Sénégal sort de cinq années marquées par des tensions politiques, une crise économique mondiale et une baisse du pouvoir d’achat dans les pays émetteurs, notamment l’Europe. La France, premier marché touristique du Sénégal, est particulièrement touchée.

Doudou Gnagna Diop rappelle que le gouvernement a déjà donné des directives claires : diversifier les marchés émetteurs, développer le tourisme domestique et organiser régulièrement des rencontres sectorielles. Il cite le référentiel « Sénégal 2050 » qui place le tourisme au centre du développement des huit pôles économiques à venir.

Il mise particulièrement sur les futurs investissements prévus à Pointe-Sarène et Mbeyène, censés accroître significativement la capacité d’accueil du pays. « Le Sénégal oriental doit devenir une vraie alternative touristique. L’écotourisme y fonctionne déjà très bien », insiste-t-il, évoquant le parc de Niokolo-Koba, Kédougou ou encore les structures hôtelières de Kolda.

Interpellé sur l’état réel de la fréquentation touristique, le PCA de la SAPCO est catégorique : le Sénégal ne peut pas mesurer précisément la performance de son tourisme. « Aucun outil statistique fiable n’existe. Les fiches papier utilisées dans les hôtels relèvent d’une autre époque », regrette-t-il dans cette vidéo exploitée par Senego.

Il déplore l’absence de données rigoureuses sur : le nombre de touristes étrangers entrants, les résidents touristes, les Sénégalais qui voyagent localement, les recettes réelles du secteur.

Pour lui, sans chiffres sérieux, impossible de piloter une stratégie nationale. Il estime que l’IA pourrait jouer un rôle déterminant dans la collecte et l’analyse des données touristiques, en automatisant le suivi des entrées, sorties et chiffres d’affaires des établissements.

Autre point essentiel : la nécessité d’intégrer les experts universitaires dans la gouvernance du secteur. « Depuis quarante ans, les scientifiques du tourisme ne sont presque jamais associés aux décisions. C’est l’une des grandes faiblesses de notre système », déplore-t-il.

La SAPCO travaille déjà avec plusieurs structures comme l’ONIDS, le PITS, l’École Hôtelière Elite et le Réseau des Universitaires en Tourisme pour créer une cellule de réflexion permanente. Objectif : formuler des propositions basées sur des analyses scientifiques, comme cela se fait dans les destinations compétitives.

Au-delà des chiffres, Doudou Gnagna Diop insiste sur l’obligation morale de rendre le tourisme plus transparent et surtout plus bénéfique pour les Sénégalais. « Le patrimoine appartient au peuple. Les ressources naturelles aussi. C’est normal que les populations sachent ce que le tourisme rapporte réellement », conclut-il.

Pour lui, la relance du secteur passera par une vision modernisée : statistiques digitales, diversification des marchés, soutien à l’écotourisme, attractivité accrue du Sénégal oriental et intégration des experts scientifiques dans la stratégie nationale.

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