Secteur Automobile Marocain : Ralentissement Inattendu en 2025, Malgré des Fondamentaux Solides

Le secteur automobile marocain, longtemps moteur de croissance, connaît un ralentissement inattendu en 2025. Selon les données de l’Office des changes du Maroc, les exportations du secteur ont diminué de 7% entre janvier et avril 2025. Cette baisse globale masque une chute bien plus significative dans la construction de véhicules, avec une diminution de 22% des livraisons à l’étranger sur la même période. Ce recul contraste fortement avec la croissance soutenue des années précédentes : +33% en 2022, +27,4% en 2023, et +6,3% en 2024. En dix ans, la valeur totale des exportations automobiles a plus que triplé, passant de moins de 45 milliards de dirhams à près de 142 milliards en 2023. Le segment de la construction, pourtant le plus dynamique, est le plus affecté par ce ralentissement.

Malgré cette baisse, le gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a tempéré les inquiétudes lors de la réunion trimestrielle du conseil de la banque centrale le 24 juin 2025. Il a souligné que les indicateurs industriels restent solides, avec les constructeurs comme Renault et Stellantis utilisant leurs capacités de production à des niveaux très élevés (97% à 98%). Cette utilisation intensive des lignes d’assemblage suggère que le problème ne réside pas dans un affaiblissement de l’appareil productif.

Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette baisse des exportations. Comme l’a indiqué le gouverneur, il pourrait s’agir d’un renouvellement plus lent des modèles, d’une contraction de la demande sur certains marchés européens, de problèmes logistiques, ou encore d’ajustements stratégiques des constructeurs. « Les indicateurs industriels restent solides », a affirmé M. Jouahri, soulignant la poursuite d’une activité soutenue des constructeurs automobiles au Maroc.

À long terme, ce ralentissement souligne la nécessité pour le Maroc d’anticiper les transformations du secteur automobile, notamment en investissant dans les véhicules électriques, l’innovation technologique et la diversification des marchés. Bien que les fondamentaux restent solides, cette phase d’inflexion représente une opportunité pour renforcer la résilience et la valeur ajoutée de l’industrie automobile marocaine. Nous pouvons constater que le secteur, malgré ce ralentissement, conserve un potentiel important, comme le souligne l’utilisation quasi-totale des capacités de production des grands constructeurs. L’avenir du secteur dépendra de sa capacité à s’adapter aux évolutions du marché et à innover.

L’inauguration récente d’une base de véhicules industriels à Sébikotane au Sénégal, annoncée par Senego le 23 mai 2025, illustre l’importance de l’investissement dans le secteur automobile en Afrique. Cependant, l’expérience marocaine montre que même un secteur en pleine expansion peut être confronté à des défis importants.

Le développement d’une usine de montage automobile à Rufisque, au Sénégal, signalé par Senego le 9 août 2024, met en lumière la volonté de certains pays africains de développer leur propre industrie automobile. La réussite de ces initiatives dépendra de facteurs multiples, notamment du soutien des pouvoirs publics et de la collaboration avec le secteur privé.

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