Kizito Mihigo, le célèbre chanteur et militant rwandais, dont la musique a été interdite par le pouvoir, « s’est suicidé » dans sa cellule, a affirmé, lundi, la police. Incarcéré à Kigali, il avait été arrêté le 13 février 2020, accusé d’avoir voulu traverser illégalement la frontière burundaise dans le but de rejoindre un groupe armé.
Ses chansons provoquaient la colère du gouvernement de Paul Kagamé. Trois jours après son arrestation, Kizito Mihigo a été retrouvé mort dans sa cellule, le 17 février. Dans un communiqué publié sur Twitter, la police rwandaise a annoncé que le chanteur a été retrouvé mort vers 5 h ce matin. Les autorités parlent d’un suicide, sans donner plus de précisions.
Le chanteur de gospel était détenu au poste de Remera, dans la capitale Kigali. Il avait été arrêté le 13 février, dans le district de Nyaruguru, dans le sud du pays. Le Bureau des enquêtes rwandais l’accusait d’avoir voulu traverser illégalement la frontière burundaise dans le but de rejoindre un groupe armé. Depuis, ses proches partageaient leur étonnement, assurant qu’il ne leur avait pas parlé d’un projet de départ.
Le porte-parole de la police, John Bosco Kabera, a déclaré que le chanteur avait reçu la visite de membres de sa famille et de son avocat durant sa détention. « Une enquête a été ouverte pour déterminer les raisons de son suicide », a-t-il dit.
Sa musique interdite depuis 2013
Mais celui qui avait survécu au génocide n’en était pas à ses premiers déboires avec les autorités rwandaises. En 2013 déjà, il s’était attiré les foudres du Front populaire rwandais (FPR au pouvoir) après avoir composé des chansons qui remettaient en question le contrôle strict du gouvernement sur l’héritage de la tragédie de 1994.
Sa musique, autrefois populaire auprès des élites dirigeantes, a été rapidement interdite. Deux ans plus tard, il a été accusé de terrorisme et de soutien à un mouvement politique d’opposition et condamné à 10 ans de prison. Ses avocats avaient souligné l’absence de preuves contre leur client. Le chanteur a ensuite été libéré après une grâce présidentielle en septembre 2018.