Retrouvailles Wade-Macky : Un (re)mariage de cœur ou de raison ?

Le  rapprochement annoncé entre le Président Macky Sall et son prédécesseur Abdoulaye Wade semble hypothéqué par des rapports heurtés entretenus par les deux hommes, au lendemain de la Présidentielle de 2012. Certains analystes qui croyaient assister à la mise en scène d’un deal commencent même à déchanter, pour des raisons évidentes relativement au traitement digne d’un ennemi, que l’Apr et ses responsables réservent au Pape du Sopi qui a pourtant révélé leur mentor à l’aube de son magistère.

Les rendez-vous manqués

L’ancien Premier ministre du régime libéral déchu le 25 mars 2012, a récemment révélé que « des retrouvailles entre le président Abdoulaye Wade et son successeur auront bientôt lieu ». Souleymane Ndéné Ndiaye l’avait annoncé lors de l’émission « Grand Jury » de la Rfm du dimanche 25 août dernier. Une réalité qui pourrait être dictée certes, par la nécessaire recomposition de la classe politique, et par une volonté sincère des deux parties portant sur la réunification de la grande famille libérale. Mais cette idée est arrivée en retard, de l’avis de bon nombre de concitoyens, qui ont relevé les différents rendez-vous au dialogue auquel le chef de l’État a eu à convier l’opposition où le Pds joue le rôle de chef. Le manque de franchise et de sincérité est certainement par là.

Les entraves

Cependant, au regard du niveau de dégradation des rapports entre le Président Macky Sall et le Pape du Sopi, cette idée de retrouvailles qui a déjà enregistré beaucoup de médiations de sages, d’acteurs politiques et de guides religieux semble vouée à l’échec. En voulant réduire l’opposition à sa plus simple expression, le chef de file de l’Apr a été trahi par une guerre larvée menée contre les anciens tenants du pouvoir, en termes d’emprisonnements tous azimuts, une chasse aux sorcières mal dissimulée sous une traque dite des biens mal acquis, l’exil forcé du candidat du Pds et l’inéligibilité programmée de sa candidature pour la Présidentielle du 24 février 2019. Il faut regretter, à juste raison, le traitement que l’actuel régime a réservé au père fondateur du Pds, dont l’expérience, l’aura et la dimension politique et intellectuelle pouvaient bien servir aux générations contemporaines au Sénégal, comme en Afrique.

Les intérêts politiques

Des rapports heurtés qui n’ont fait que creuser davantage le fossé entre les deux hommes. Si certains anciens pontes libéraux ont dû payer leur connivence avec le Président Macky Sall, c’est parce que la radicalisation au plus haut sommet du Secrétariat national du Pds a atteint son paroxysme. Autant admettre des soupçons de rapprochement en vue d’amortir la gravité des scandales à l’actif du pouvoir actuel, d’arriver à une décrispation du climat politico-social. Mais aussi, il peut constituer une alternative savamment mûrie par rapport à une probable implosion de Benno bokk yakaar. Encore que la réconciliation politique Wade-Macky pourrait représenter un jalon posé pour la réformation du parti libéral par le retour de tous les fils à la maison-père. Mais si toutefois, retrouvailles auraient lieu, force est de comprendre que les conditions qui seront posées par le président Wade seront à l’avantage du Pds que pilote désormais Karim Wade avec des coudées franches qui pourront donner du fil à retordre au Président Macky Sall.