Par le miracle d’une élection perdue, le Président Diouf est sorti par la grande porte et s’est hissé dans le cercle de ceux qui sont honorablement connu.
Ceci témoigne qu’un destin favorable peut auréoler de gloire un homme bien moyen, pour ne pas dire médiocre.
Toutefois, on a beau chasser le naturel, il revient au galop. Ainsi, la publication de ses mémoires démontre à suffisance la qualité de l’homme. Le président Diouf a sans doute été un grand administrateur civil, mais véritablement un piètre leader, un mauvais président. Et les sénégalais ont visiblement bien fait d’avoir choisi l’alternance en 2000.
Quatorze ans après, le président Diouf ne semble toujours pas avoir compris le pourquoi de sa décadence.
Diouf a plus été un fonctionnaire du FMI et de la Banque Mondiale en mission au Sénégal qu’un chef d’état ou un visionnaire soucieux de la transformation sociale de son peuple. Il gérait plus le quotidien d’une administration qu’il ne s’est efforcé de mettre en place des politiques structurels à même de faire émerger le pays.
Vous avez sans doute hérité d’un pays sous développé, mais vous n’avez aucunement réussi à améliorer le quotidien de vos concitoyens après 19 ans de pouvoir.
Vous avez échoué et avez été négativement sanctionné par ceux dont vous avez été le chef.
Je m’attendais qu’avec le recul, après 14 longues années, que vous ayez une lecture lucide et froide de la situation de jadis et non à cette lecture sentimentale et biaisée de l’histoire.
Ce ne sont ni les trahisons, les chantages ou autres défections entre les deux tours de l’élection qui vous ont fait perdre, mais plutôt le bilan désastreux de vos 19 ans à la tête de l’Etat. C’était un bilan qui a été sanctionné ; le bilan d’un régime mais principalement le vôtre.
Par la suite, vous avez plus pensé à polir votre image dans une francophonie bien loin de nos aspirations qu’autre chose.
Cette quête d’une image à laisser à la postérité explique le pourquoi, vous nous narrez le fameux dialogue que vous avez eu avec vous-même, le soir de votre défaite.
Ce fût sans doute un moment de solitude dans la solitude comme vous dîtes, un moment de profonde et intense réflexion, mais pas tout à fait de prise de décision. Non Monsieur le président ! La décision ne vous appartenait pas. C’était celle du peuple qui avait déjà fini de la prendre. Vous l’avez certes acceptée, à votre grand honneur ; mais que pouviez-vous faire d’autre ?
Le peuple avait depuis bien longtemps choisi la démocratie.
Il ne vous reste plus qu’à nous dire « merci », d’avoir fait de vous ce que vous êtes devenu , de vous excuser de n’avoir pas pu ou su nous rendre la monnaie de la pièce, mais aussi de faire profil bas,
Monsieur le Président, vous n’êtes pas un héro!
Une contribution de: Alione Badara Beye