Intervenant sur l’élection à la présidence de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF), le journaliste sportif Lamine Ndour (Walf Quotidien) a dressé un bilan nuancé du magistère d’Augustin Senghor, tout en identifiant les priorités à venir.
« Disons d’abord qu’il a beaucoup apporté au football sénégalais. Moi, je retiens surtout la stabilité financière et la continuité au sein des sélections nationales sur le plan technique. »
Selon Lamine Ndour qui intervenait vendredi sur la Rfm, le climat de rupture systématique qui suivait les grandes compétitions est désormais révolu.
« Aujourd’hui, les joueurs peuvent enchaîner deux à trois campagnes, ce qui était impensable il y a quelques années. Sur le plan financier, nous avons dépassé l’ère des dettes chroniques. »
Les résultats sportifs ont également marqué la présidence Senghor, ajoute-t-il, sans oublier l’influence acquise à l’international.
« Il a des trophées, un carnet d’adresses, de l’expérience. Mais la question est de savoir : peut-il encore apporter du nouveau ? C’est là que le débat se pose. »
Sur la légitimité du président sortant, Lamine Ndour reste lucide :
« Il n’a jamais clairement dit s’il était candidat ou pas. Il a nourri le suspense jusqu’au bout. Aujourd’hui, certains estiment qu’il a fait son temps, et la légitimité de sa candidature est discutée. »
L’analyste rappelle que le système électoral de la FSF repose uniquement sur le vote des clubs :
« Ce ne sont pas les supporters qui votent, il y a un corps électoral bien défini. Et les textes n’imposent aucune limite de mandat. »
Des urgences sportives et structurelles à ne pas négliger
Au-delà du scrutin, Lamine Ndour insiste sur les priorités immédiates de la FSF, notamment la gestion des éliminatoires de la Coupe du monde 2026.
« La première urgence, c’est la qualification aux prochains matchs de septembre. Une non-participation coûterait entre 8 et 10 milliards de francs CFA à la Fédération. »
Pour autant, il ne juge pas nécessaire de reporter l’élection, malgré certaines demandes en ce sens :
« C’est trop tard. L’administration fédérale doit pouvoir gérer les affaires courantes pendant que le processus électoral suit son cours. »
À moyen terme, il appelle à une refonte profonde du football national.
« Aujourd’hui, notre football local est en faillite. On parle de professionnalisme, mais certains clubs n’ont même pas d’ambulance pour leurs matchs. »
Et de conclure : « Il faut structurer et professionnaliser notre football, pas seulement dans les textes, mais dans les faits. »