L’Afrique se meut comme un bateau ivre à travers une richesse brute incommensurable, inutilisée et tant convoitée dans les autres continents, l’immense force de travail inutilisée de sa population.
Ce diamant noir brut mal taillé, qui se démultiplie à vue d’œil, est devenu pour beaucoup de bien-pensants un handicap pour le développement du continent primordial.
Il y a cependant quelques voix de plus en plus inaudibles qui parlent de dividende démographique. Ces voix sont étouffées par le vacarme de celles qui, soutenues par des financements puissants, cherchent à tuer dans l’œuf l’essor démographique de l’Afrique.
Les idéologues de la suprématie blanche, les zélateurs de la suprématie de la civilisation occidentale et les défenseurs acharnés de la protection européenne contre l’arrivée massive des migrants, tous s’accordent sur la racine du mal : la croissance démographique incontrôlée de la population africaine. Ils s’apitoient sur le sort tragique futur des populations africaines.
Pour tout ce monde la question fondamentale est comment faire pour que les africains aient moins d’enfants. Comment, avec des méthodes insidieuses, installer dans les mentalités africaines la peur, la honte d’avoir des enfants.
Une partie des partisans des thèses complotistes sur l’Afrique vont jusqu’à accuser, à tort ou à raison, certains programmes internationaux alimentaires ou de santé de cacher des substances stérilisantes pour nos femmes et nos hommes.
Pourtant il y a une méthode drastique inoffensive qui dans tous les pays où elle est appliquée a baissé la démographie. Cette méthode n’est rejetée par aucune religion, je dirai même qu’elle est encouragée par toutes les religions révélées. Il s’agit d’élever le niveau de formation, le niveau de connaissance de la population par conséquent de supprimer l’analphabétisme.
Cette méthode qui est un bienfait parfait n’est pas encouragée par les bailleurs de fonds, elle n’est pas appuyée par les puissantes fondations dont le budget dépasse le cumul des budgets annuels de dizaines de pays africains.
La raison véritable de ce désintérêt conscient pour l’éradication de l’analphabétisme, le soutien à l’éducation et à la formation de la jeunesse africaine est tout simplement la volonté de ne pas voir se bonifier cette force brute massive de travail.
Car ils ont conscience qu’armée jusqu’aux dents de connaissance la population africaine notamment sa jeunesse fraîche et éminemment créative fera du Continent marginal aujourd’hui l’eldorado de demain et le meilleur cadre d’épanouissement de l’être humain.
C’est sans doute ce qui explique le refus catégorique des institutions internationales de financement de lancer un plan Marshall pour l’Afrique.
Elles et les grands pays du mondes préfèrent laisser les pays africains vivoter, leur population se morfondre dans la misère, sa jeunesse perdre toute confiance en toute possibilité d’épanouissement sur le Continent et finir par s’échouer sur les côtes européennes à défaut de se noyer au grand jour sans assistance dans l’Atlantique ou la Méditerranée.
Malheureusement les dirigeants africains aveuglés par la quête constante et suicidaire de financement sont jusqu’à présents passés à côté d’une richesse quasi inépuisable, la force de travail brute qui à force d’être inutilisée n’est dans l’esprit des africains qu’une menace à la stabilité des pays, une bombe sociale dont personne n’a encore percé les voies et moyens de son désamorçage.
C’est parfaitement vrai que l’idéologie aveugle, désarme.
Cette masse humaine, ces millions de jeunes portent une force de travail dont la valeur dépasse largement les milliers de milliards d’endettement dont la durée de payement est inépuisable.
Cette puissante force de travail doit pouvoir être mobilisée à peu de frais pour construire les écoles, les collèges, les lycées, les centres de formation professionnels, les dispensaires, les maternités, les canaux d’approvisionnement en eau, les canaux d’irrigation, les routes, les logements dans les villes et les villages, les rues dans les villes et les villages, l’aménagement et la valorisation du cadre de vie, le reboisement systématique de nos forêts et savanes, l’éradication des plastiques et de la saleté, etc.
La partie instruite de cette force de travail va assurer l’éradication de l’analphabétisme.
L’exploitation de la force de travail immense et puissante n’est possible que si la population a acquis une culture d’engagement patriotique à servir son pays.
Cette culture est portée par des dirigeants intègres, exemplaires, humbles, volontaristes qui acceptent le rôle ingrat de toujours donner l’exemple, d’avoir la main à la pâte et de faire de la gestion des biens publics une maison de verre transparente.
Le diamant noir qu’est la force de travail des populations africaines notamment de sa jeunesse est un trésor dont la valeur est inestimable.
C’est un accélérateur sur la voie de l’émancipation des pays africains. Son utilisation va renforcer la confiance en soi des populations africaines. Il va enfin réveiller les ambitions dormantes que les peuples africains n’osaient pas jusqu’à présent exprimer. Le peu de fierté de l’estime de soi qu’elles éprouvaient anéantissait jusqu’à présent toute velléité de poser un défi, d’exprimer haut et fort une ambiance.
L’utilisation courageuse de la force de travail brute sera le declic du réveil de l’Afrique, le point de départ de sa marche irrésistible vers l’émancipation des pays africains et la conquête digne du bien-être par les populations africaines libérées des idées inhibitrices et anesthésiantes.
Je vous souhaite une excellente journée dominicale sous la protection divine.
Dakar, dimanche 7 mai 2023
* Prof Mary Teuw Niane