Pénurie de professeurs à l’Ucad, des retraités à la rescousse, les étudiants encore négligés…

Ils sont au nombre de 85 professeurs, à l’Université, à partir en retraite cette année, contre 82 l’année dernière. Cheikh Anta Diop se vide de ses têtes. Un énorme gap à combler pour les étudiants qui, selon le journal l’Obs, peinent à trouver des encadreurs pour les mémoires de maîtrise et autres thèses de doctorat. Sur ce, certains retraités ont été maintenus, malgré eux, en activité en tant que vacataires.

« L’année dernière, le gouvernement avait mis cent (100) postes à pourvoir pour l’université Cheikh Anta Diop, cent (100) pour l’ensemble des autres universités du pays et dix (10) pour l’université virtuelle« , confie Babacar Samb, la soixantaine, professeur au département d’Arabe, à la retraite depuis août dernier. Selon lui, le rythme n’a pas été maintenu. De son côté, Babacar Diouf, de confier: « Si un tel effort avait été reconduit sur deux, trois, voire quatre ans, peut-être que cela aurait pu pallier les départs à la retraite, qui sont conséquents ces dernières années. »

Le professeur en biologie de poursuivre: « l’année dernière, ce sont près de 82 professeurs qui sont partis à la retraite. Cette année, 85 sont sur le point de partir. La saignée va en empirant au fil des années par rapport à la situation qui prévaut actuellement à l’université. Et ces retraités, qui sont parmi les premiers cadres formés par les Français, s’inquiètent déjà pour leurs relèves. » Conséquence, le départ massif des professeurs va poser un problème pour l’encadrement des étudiants.

« Des difficultés, nous allons en connaître les années à venir. D’ici cinq (5) à dix (10) ans, 60 à 70% des professeurs vont partir à la retraite et seront remplacés par une nouvelle génération, moins expérimentée. Personnellement, j’ai six (6) masters à encadrer et les soutenances doivent se faire entre décembre 2016 et janvier 2017, c’est difficile, mais je suis obligé de le faire« , confie M. Diouf.

Le Pr Moustapha Sall, secrétaire général adjoint du Syndicat autonome de l’Enseignement supérieur (Saes) s’est prononcé sur la question. Selon lui, l’Etat ne recrute pas suffisamment. Et avec les nouvelles réformes, les étudiants sont les premières victimes du système Lmd. « S’il n’y a pas d’encadrement, s’il n’y a pas de Master, à l’heure actuelle, beaucoup d’universités au Sénégal ne sont pas préparées. Parce que la réforme Licence-Master-Doctorat (Lmd) est un bloc. »

De son côté, interrogé par nos confrères, sur la pénurie de professeurs, Ibrahima Thioub, recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dkar (Ucad), de confier que le déficit en nombre d’enseignants-chercheurs est une réalité. Selon lui, un effort sans précédent est engagé par le Gouvernement, depuis la tenue de la Cneas et suite aux recommandations et décisions présidentielles qui en sont issues.