Parrainage – ADES : « A quatre mois des législatives, des délais d’accomplissement courts, avec des implications financières lourdes… »

L’Alliance des Ecologistes du Sénégal (ADES) a réagi sur le Parrainage qu’elle considère comme un « barrage, un moment démocratiquement ambigu pour notre pays« . En effet, dans une note parvenue à Senego, le Président de ladite Alliance, Baye Salla Mar estime qu’il « sera très difficile, pour une opposition dispersée, de réussir à franchir l’obstacle des parrainages dans ce Sénégal, éprouvé…« 

Texte, in extenso : 

Au nom du Peuple…… Au nom de la Loi

1). En politique, toute question comporte son problème et porte avec elle son paradoxe. En ce qui concerne le parrainage, nous sommes au cœur du paradoxe qui pose la question suivante : jusqu’où peut-on aller dans l’octroi des droits fondamentaux des citoyens et comment les restreindre à priori ? C’est au nom de la loi et du peuple Sénégalais que l’Etat veut imposer la loi sur le parrainage, c’est aussi au nom de cette même loi et de ce même peuple que l’opposition la conteste et la rejette et veut son abrogation. Le constat est que malgré la décision de la haute cours de justice de la CEDEAO, malgré les recommandations de la mission d’observation de l’Union Européenne (Moe-ue) lors des dernières élections présidentielles, l’Etat maintien toujours sa décision d’imposer la loi sur le parrainage pour les élections législatives : c’est la loi.

Dans un processus électoral, accréditer des observateurs nationaux et internationaux, c’est pour, d’une part jouer la carte de la transparence, légitimer les élus, mais en même temps, pointer du doigt les manquements, s’appuyer sur les recommandations et améliorer le système électoral dans lequel l’on baigne. Appartenir à une organisation régionale comme la CEDEAO, c’est à priori, connaitre ses modalités de fonctionnement et appliquer les décisions rendues par sa cour de justice : Les décisions rendues par la haute de cour de justice ont force obligatoire.

Nous pensons que c’est un moment démocratiquement ambigu pour notre pays.

Le parrainage : une marchandise qui n’a jamais inspirée confiance………

2). Les citoyens ont toujours besoin de croire que le système politique dans lequel ils vivent est légitime. Autrement dit, le peuple n’accepte d’obéir et de se soumettre qu’à ce qu’il croit juste. C’est essentiel et fondamental en démocratie. L’introduction de la loi sur le parrainage dans le système électoral a toujours été accueillie et regardée, par une partie de l’opposition et de la société civile, sous le filtre, de la violation du secret du vote, d’une entrave à la libre participation à une élection, du scepticisme, du doute, du blocage ; d’un canal permettant aux tenants du pouvoir de choisir leurs adversaires,

Vendu dans un contexte où, dans nos pays, la culture de l’évaluation est assez faible dans la sphère publique, le parrainage est une marchandise qui n’a jamais inspirée confiance. Testée pour la première fois lors des élections présidentielles de 2012, l’introduction de la loi sur le parrainage marquait un moment de rupture avec le cours normal des choses, un changement dans l’organisation du processus électoral. Au sortir des élections, en faire l’évaluation était devenu un enjeu fondamental, pour la consolidation des acquis démocratiques dans notre pays, une nécessité pour l’améliorer, en mesurer son efficacité et ses impacts, l’aider à gagner en perfection et en clarté, éviter de contrarier son élan, de le ruiner de l’intérieur et d’en saper les fondements. En un mot de l’aider à devenir une vérité dans le processus électoral.

La loi est habile…….des craintes légitimes de l’opposition

3). Force est de constater, dans nos pays, qu’à côté de ceux dits militaires, les coups d’état prennent, de plus en plus, l’apparence d’une légalité ou d’un verdict démocratique à travers la modification des voies électorales et simplement des constitutions. La loi est toujours habile ; dans le cadre du parrainage, elle est un masque de force, qui au finish, sert à tenir pour légitime le candidat dont la liste n’a été parrainée par un citoyen. Avant l’instauration de la loi sur le parrainage, l’opposition abordait les élections avec plus ou moins de tranquillité, mais depuis son introduction, c’est toujours une source d’inquiétude chez certain candidat. Cette opposition qui a compris que quand il s’agit de recaler ou d’invalider des listes, elle est toujours la première victime. Dans ce processus, elle n’est jamais à l’abri des doublons, d’une mauvaise signature, ou d’un problème technique, malgré les efforts physiques, financiers, administratifs et politiques déployés, la situation peut, à tout moment, basculer dans le mauvais sens. C’est cette opposition qui a pris un sacré coup lors des dernières élections présidentielles qui essaye de se battre pour que le système de qualification actuel soit réformé. Chat échaudé craint toujours l’eau froide.

La meilleure façon de surmonter l’obstacle des parrainages c’est d’en comprendre les mécanismes de fonctionnement et de l’aborder avec sérénité

4). Aujourd’hui, il est évident qu’un Etat qui fait fi des recommandations de la Mission d’Observation de l’Union Européenne (MOE-UE), concernant la loi sur le parrainage, lors des dernières élections présidentielles de 2019 et des Décisions de la haute cours de justice de la CEDEAO ne fléchira pas sous la pression d’une opposition sénégalaise qu’il cherche à ‘’réduire à sa plus simple expression’’. C’est pourquoi nous pensons qu’au vu des expériences passées, boycotter une élection, c’est toujours passer à côté de l’essentiel et que la meilleure façon, pour cette opposition, de passer le barrage des parrainages c’est d’en comprendre les mécanismes et de les aborder avec sérénité. Nous savons tous, qu’une fois à l’assemblée, les députés de l’opposition vont essayer de se réunir autour de blocs pour former des groupes parlementaires afin de mutualiser leur force. Il s’agira, pour certaines grandes coalitions de l’opposition, en principe mieux équipées, de puiser dans leur socle électoral, pour les autres moins nantis, nous les exhortons à commencer cette mutualisation des forces et ce travail de synergie, dès maintenant, en allant ensemble à la chasse des parrains autour d’une base de données commune et faire le dispatching avant le dépôt des dossiers. Ceci passe impérativement par des réunions d’harmonisation et stratégies de déploiement bien planifiées sur le terrain et du sérieux dans le travail.

Le consensus politique doit être la cheville ouvrière du processus démocratique.

4).Au fond, ce qui définit un peuple, c’est l’opinion. Par rapport aux sorties médiatiques et des prises de position, il faut comprendre que nous avons toujours les idées du bord politique auquel l’on appartient. Le pouvoir et l’opposition ne peuvent et ne doivent pas être d’accord sur tout, sinon ils seraient tous du même bord politique. Le consensus politique doit être la cheville ouvrière du processus démocratique. La courtoisie républicaine voudrait qu’une loi qui ne permet pas au processus démocratique d’avancer ; qui suscite beaucoup plus de problème qu’il n’en règle, céda sa place au consensus dont l’un des éléments clés est l’écoute active.

A quatre mois des législatives……des délais d’accomplissement courts….avec des implications financières lourdes

5). La profondeur de l’expérience enseigne d’une manière beaucoup plus forte les choses pour lesquelles, il est difficile de faire des compromis sans y laisser des séquelles. Si le moment du vote ou du parrainage est un moment où le peuple a le pouvoir, dans le système capitaliste dans lequel nous baignons, la révolte ou la révolution est toujours un objet de commerce ; tout est repris par la marchandise ; tout devient marchandise. Gagner une élection est l’aboutissement d’un long processus qui s’accompagne de moyens financiers colossaux. Au stade où nous sommes, à quatre mois des élections, les délais d’accomplissement semblent très courts et les implications financières assez lourdes. Déjà, il faut 15 millions pour la caution et obtenir 50 000 parrains dans 7 régions est tout aussi couteux que déposer les 15 millions de caution ; compte non-tenu de la mobilisation financière pour la campagne électorale dans les 14 régions du Sénégal qui peut facilement avoisiner les 300 millions.

6).Il sera très difficile, pour une opposition dispersée, de réussir à franchir l’obstacle des parrainages dans ce Sénégal, éprouvé, qui va certainement murir et s’avancer progressivement sur la scène politique, à travers des prises de conscience, des conflits qui vont forcément l’agiter, la faire réfléchir, la structurer et la réguler politiquement.

1 COMMENTAIRE
  • Ba Mamadou

    Si parainage n’est pas un acte démocratie on peut dire que la démocratie n’existe nulle part.
    Parainage c’est quelque chose qu’on doit magnifier, imaginons un pays qui ne compte pas 20millions d’habitant et on note plus de 200 partis

Publiez un commentaire