Palais : Les 9 tirailleurs sénégalais élevés à la dignité de Grand Officier dans l’Ordre national du Lion
Neuf tirailleurs sénégalais qui ont décidé de rentrer définitivement au Sénégal sont arrivés à l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD), ce 28 avril, en provenance de la France. Le Président de la République les a reçu au Palais. Macky Sall les a aussi élevés à la dignité de Grand Officier dans l’Ordre national du Lion.
L’intégralité du Discours du chef de l’Etat :
« Je tiens d’abord à vous souhaiter la bienvenue et à vous adresser mes meilleurs vœux de bonne santé et de bien-être. J’espère que vous avez fait un bon vol.
En vous recevant dès votre retour, j’ai tenu à vous élever, au nom de la Nation, à la dignité de Grand Officier dans l’Ordre national du Lion, et à rendre hommage à tous vos frères d’armes, vivants et défunts.
Cette cérémonie est donc un exercice de mémoire, en reconnaissance des sacrifices immenses de tous nos anciens combattants pour la défense de la liberté.
Elle est aussi un rappel de la longue série d’injustices contre les tirailleurs.
Sous les fracas des bombes et dans des paysages étrangers, les tirailleurs ont été de tous les combats, de tous les fronts, de toutes les tranchées.
Ils étaient de la bataille des marées de Saint Gond, de celles de Picardie et d’Artois.
Ils étaient des combats de Champagne et de Perpignan, des Dardanelles et de Verdun.
Ils étaient aux fronts de la Somme, d’Argonne, de Normandie, du Chemin des Dames, de Toulon, de Dunkerque, de Saint Michel et j’en passe.
Le Général De Gaulle ne s’y est pas trompé en disant, je cite : « qu’en ces années terribles, l’Afrique fait le refuge de notre honneur et de notre indépendance ».
Aux côtés de leurs frères d’armes européens, les tirailleurs ont en effet vaillamment contribué à écrire, dans le sang, la sueur et les larmes, la glorieuse histoire de la Libération.
Nous rendons hommage à tous les anciens combattants, d’Afrique, d’Europe et de tous les continents, pour les sacrifices consentis.
Mais par devoir de mémoire, nous ne pouvons oublier les injustices à l’encontre de nos tirailleurs.
Nous ne pouvons oublier les pensions inégales, les avancements lents et bloqués, le placement sous les ordres de métropolitains moins gradés, l’impossibilité de commander des troupes non indigènes, les mess séparés, les voyages sur des bateaux différents, entre autres discriminations.
Nous ne pouvons oublier l’horreur des exécutions sommaires au Camp de Thiaroye, le 1e décembre 1944.
Hélas, c’est cela aussi l’histoire des tirailleurs…
Rappeler l’histoire, toute l’histoire, sans trou de mémoire et sans ressentiment, c’est rappeler que les valeurs de paix, de liberté et d’égale dignité sont d’essence universelle, parce qu’elles sont attachées à la nature humaine.
Ainsi, chers anciens combattants, en vous souhaitant la bienvenue, nous célébrons aujourd’hui une injustice réparée, parce que vous pouvez, enfin, vivre chez vous en famille, et continuer de percevoir l’intégralité de vos pensions. Ce n’est que justice.
Je salue cette mesure des autorités françaises qui va dans le sens de l’histoire.
Je tiens, également, à vous rendre hommage, Madame Aïssata Seck, Conseillère régionale Ile de-France et Présidente de l’Association pour la Mémoire et l’histoire des tirailleurs sénégalais, pour le combat inlassable que vous continuez de mener pour la défense des droits de nos anciens combattants.
Je rappelle que c’est grâce à votre contribution décisive que les tirailleurs ont pu obtenir la nationalité française.
Pour toutes ces raisons, vous méritez notre reconnaissance et la distinction de Commandeur dans l’Ordre national du Lion qui vous a été décernée.
L’histoire de la guerre n’est jamais ordinaire. Elle est rarement dite de façon intégrale. Si nous en connaissons un bout, nous ne l’avons pas vécue, mais elle vit en nous par l’exercice de mémoire ; et elle appartient à ceux qui l’ont faite, au péril de leur vie et de leur liberté.
C’est pourquoi nous sommes si fiers de vous, chers anciens combattants.
Je vous salue avec respect et affection et vous souhaite bon retour dans vos foyersrespectifs.
Je vous remercie. »
Bel discours et hommage