Je dis bien ‘Nous sommes’, si l’on sait que je fus un militant et un acteur « incontournable » du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC). Ma responsabilité politique et morale est à ce titre réelle et pérenne, tout à la fois.
Nous sommes, dis-je, la Rébellion active la plus ancienne d’Afrique subsaharienne. Mais nous ne sommes pas que cela. Nous sommes aussi et surtout la Rébellion la plus bête au monde. Tenez :
(i) Nous sommes en 2021, et à l’ère de l’internet et des réseaux sociaux.
Un bon matin, ou un bon soir, de février de la même année, après une très longue trêve, sans préavis, l’Armée déclare à nouveau la guerre au MFDC. Les combats sont âpres, extrêmement violents. L’Armée communique, avec professionnalisme et efficacité ; elle établit son bilan des hostilités.
Le MFDC pour sa part se tait, ne donne pas de bilan ; il n’exibe aucun trophée de guerre, tout en versant cependant dans l’autosatisfaction et l’autoglorification.
(ii) Fin mai de la même année, l’Armée remet ça. Mais les combats sont plus violents, qui augurent raisonnablement d’un bilan plus lourd. Elle communique, toujours avec professionnalisme et efficacité ; elle affiche son bilan au terme de 15 jours de combats extrêmement violents. Le MFDC, quant à lui, ne communique pas ; et quand il s’y essaie, il le fait de la meilleure de ses manières à lui, c’est-à-dire avec amateurisme ; il affiche son autosatisfaction et son autoglorification, en lieu et place d’un bilan crédible.
(iii) Toutes choses, donc, qui entament ou plutôt qui annihilent ce qu’il reste de la crédibilité du MFDC.
(iv) Pis, le MFDC n’a pas gagné la guerre, mais il entend imposer par je ne sais quel truchement à l’Etat des négociations sur la question de l’indépendance de la Casamance. Autrement dit, dans l’imaginaire du MFDC, l’indépendance de la Casamance, qu’il n’a guère pu arracher au bout du canon, serait possible à la table de négociation, comme par enchantement.
Ici, le plus choquant, c’est moins le fait de marcher sur la tête que cet entêtement individuel et collectif idiot à vouloir que la seule alternative à l’indépendance de la Casamance ne soit autre que ‘rien’. « C’est l’indépendance ou rien », tel est le slogan qui fait l’orgueil et la fierté béate de nombre d’entre nous.
Alors oui ! nous sommes la Rébellion la plus bête au monde, cependant qu’il est heureux de croire, d’espérer même, que ça n’est pas irréversible. En fait, c’est remédiable. Qui plus est, nous disposons encore, fort heureusement, d’innombrables ressources, en nous mêmes, et autour de nous, qui n’attendent pour ainsi dire que nous, précisément et notamment pour éclore, exploser même, et pour croître, au seul bénéfice de la Casamance et du pays dans sa globalité. »(Jean-Marie François Biagui)