Mamadou Ibra Kane : « Une victoire pour la liberté de la presse » après la décision de la Cour suprême.

Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS) a salué la décision de la Cour suprême suspendant l’arrêté ministériel du 22 avril 2025. Cet arrêté, émanant du ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, ordonnait la cessation de diffusion de Public SN TV, du quotidien Le Public et du site internet public.sn, appartenant à Aïssatou Diop Fall. L’ordonnance de la Cour suprême a été notifiée le 16 juin 2025.
Le CDEPS s’est félicité de cette décision, la qualifiant de « grande portée pour la liberté de la presse, la liberté d’expression et le renforcement de l’État de droit au Sénégal ».
Dans un communiqué, Mamadou Ibra Kane, représentant le CDEPS, a rappelé les tensions persistantes entre la presse privée et le pouvoir en place depuis 15 mois. Il a cité plusieurs exemples de mesures gouvernementales jugées défavorables à la presse : annulation de l’effacement fiscal, non-paiement des créances dues aux entreprises de presse, résiliation des contrats de publicité, gel des subventions de l’État pour 2024 et 2025, et augmentation des frais de diffusion sur la TNT.
Mamadou Ibra Kane a dénoncé ces mesures comme une tentative d’« étouffer fiscalement et économiquement la presse privée sénégalaise ». Il a également critiqué la remise en cause de « l’existence juridique même des médias » par le biais d’un arrêté « illégal et retoqué par la Cour suprême », ainsi que l’établissement d’une liste « tout aussi illégale de médias reconnus par le gouvernement ».
Le CDEPS a déploré les conséquences économiques et sociales de ces actions, attribuées au régime de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui ont plongé la presse privée dans une crise sans précédent. Les médias privés, selon le CDEPS, sont menacés de liquidation judiciaire, confrontés à des dettes envers leurs fournisseurs, les impôts, les organismes sociaux et leurs employés. Des centaines de personnes ont perdu leur emploi, d’autres cumulent des mois d’arriérés de salaire et se retrouvent sans couverture sociale ni médicale. Des grèves sont à prévoir.
Les patrons de presse ont appelé à la mise en œuvre des promesses du président de la République, formulées lors des Conseils des ministres du 13 août 2024 et du 7 mai 2025, afin de sauvegarder la presse sénégalaise, qui a « contribué à trois alternances politiques et à la stabilité politique et sociale ». Ils ont rappelé que les pays qui ont perdu une presse libre et indépendante en paient le prix fort.
Le CDEPS a lancé un appel au président, au gouvernement, aux citoyens, aux syndicats, à la société civile, aux autorités religieuses et aux partis politiques pour la préservation de la liberté de la presse, « condition première à toute démocratie et à tout développement économique et social ».
Selon Sud Quotidien, le CDEPS se réjouit de la décision de justice.