Madieyna Mbodj, Yoonu Askan Wi: « Un faux Dialogue, faussement national »

Le Secrétariat Permanent de Yoonu Askan Wi, réuni le 08 juin 2016, a adopté et décidé de rendre public le présent communiqué envoyé à Senego. 

Dans un communiqué en date du 22 mai 2016, publié à la veille du « lancement du dialogue national », Yoonu Askan Wi prenait déjà l’opinion publique à témoin : « Un dialogue entre acteurs autour des problèmes du pays est toujours en soi une bonne chose. Mais pour éviter de semer des illusions de dialogue qui se traduisent de fait en de simples monologues pluriels sources de malentendus et de découragements, un préalable s’impose : s’entendre sur les termes du dialogue. Autrement dit, on discute de quoi, avec qui, pour aboutir à quoi ? » Et ledit communiqué d’évoquer le sort réservé, entre autres, à la fameuse Table ronde post février 1988 ‘’pour discuter de tout avec un grand T’’, aux engagements du candidat Macky SALL d’appliquer les Conclusions des Assises nationales une fois élu, aux onze mesures issues des Assises nationales de l’éducation et aux 78 mesures retenues par la Concertation nationale sur l’avenir de l’Enseignement supérieur… A quoi a-t-on donc assisté le 28 Mai 2016 à la Salle des banquets du Palais ?

Un dialogue faussement national : Comment peut-on parler de dialogue national inclusif tout en excluant, à titre d’exemples, le Mouvement Y EN A MARRE et le Mouvement du 23 Juin (M23) qui ont joué sans conteste un rôle remarquable dans la défaite de WADE et la victoire de Macky SALL le 25 mars 2012 ? Un dialogue national inclusif peut-il priver de parole des partis et organisations invités, sans que les règles du jeu n’aient été portées au départ à leur connaissance, alors que la liste et l’ordre des intervenants avait été discutés et arrêtés en amont par les organisateurs ? Yoonu Askan Wi dénonce le fait d’avoir été privé de parole à cette occasion sans raison ni explication.

Un faux dialogue: Il a été extirpé du dialogue, à l’avance, tout sujet que le Président de la République, chef de la Coalition Bennoo Bokk Yaakaar, tient à régler tout seul de façon discrétionnaire, comme l’organisation et le fonctionnement du Haut Conseil des Collectivités Territoriales préfabriqué pour caser un allié et une clientèle politiques. Un faux dialogue pour légitimer des retrouvailles libéralo-libérales, élargir Karim WADE et organiser un enterrement national de première classe à la traque des biens mal acquis, tout comme il en a été des Conclusions des Assises nationales et des travaux de la CNRI avec le référendum du 20 mars.

Pourquoi d’ailleurs prétendre ‘’dialoguer’’ autour des mesures d’application de la réforme constitutionnelle après avoir superbement refusé la concertation sur le contenu, la date et les modalités du scrutin référendaire ? Comment peut- on déclarer favoriser un dialogue national inclusif pendant que l’on procède à des arrestations et détentions abusives de citoyens distribuant pacifiquement une déclaration contre la signature des APE imposés à la CEDEAO par l’Union Européenne ? Pendant que réquisitions, menaces et intimidations pleuvent sur des enseignants grévistes ne revendiquant que l’application d’accords dûment signés avec le gouvernement ? Pendant que les travailleurs de la SONATEL restent inquiets et sans réponse claire quant à l’avenir de cette entreprise hautement stratégique ? Pendant que le Président signe, sans partage ni précaution, des accords autorisant des opérations militaires américaines pratiquement permanentes sur le territoire sénégalais, avec les conséquences et les risques préjudiciables à notre sécurité nationale ?

Yoonu Askan Wi a tenu à répondre positivement à l’invitation du Chef de l’Etat à la cérémonie de lancement du 28 Mai dernier, ce par esprit républicain mais aussi avec le souci de porter publiquement à l’attention de l’opinion nos questionnements et points de vue tels qu’exprimés dans notre Communiqué du 22 Mai cité plus haut. Faut-il le préciser, des concertations sur le processus électoral ont toujours existé et continueront d’exister au Sénégal, ‘’dialogue national’’ ou pas. Il est clair cependant que notre parti ne peut aucunement ni avaliser ni cautionner un pseudo-dialogue, faussement national : il s’en démarque fermement et prône un vrai dialogue, sans coup fourré ni exclusive, un dialogue ouvert et sincère, dans le seul de la nation et du peuple.

En tout état de cause, Yoonu Askan Wi continuera de privilégier la recherche d’un « dialogue alternatif entre forces populaires, sociales et citoyennes réellement acquises aux conclusions des Assises nationales et à l’exigence de refondation de la République, autrement dit l’exigence non pas seulement d’une alternance au sein d’une ‘’classe politique’’ traditionnelle largement discréditée, mais plutôt d’une véritable alternative de rupture et de progrès au service du peuple » (YAW, communiqué du 22 mai 2016).

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