Lors de sa première interview depuis son départ de la présidence du Sénégal le 1er avril 2024, Macky Sall a abordé plusieurs sujets sensibles, notamment les récentes accusations de falsification des chiffres économiques portées contre son gouvernement par le Premier ministre Ousmane Sonko. Ce dernier, devenu chef du gouvernement en avril, avait publiquement accusé l’ancien président et ses ministres d’avoir manipulé les données économiques du pays, particulièrement en ce qui concerne la dette publique et le déficit budgétaire. Ces accusations concernent des chiffres qui, selon Sonko, auraient été intentionnellement sous-estimés pour dissimuler l’ampleur des problèmes financiers du Sénégal, trompant ainsi les partenaires internationaux tels que le Fonds Monétaire International (FMI).
Ousmane Sonko avait déclaré que le déficit budgétaire réel en 2023 atteignait 10 % du PIB, soit bien plus que les 4,9 % officiellement annoncés par l’administration de Macky Sall. Il avait également souligné qu’une importante partie de la dette publique, estimée à 1 892 milliards de francs CFA, n’avait pas été déclarée de manière transparente par le gouvernement précédent.
Face à ces graves accusations, Macky Sall a réagi vigoureusement lors de son entretien avec Bloomberg, qualifiant ces affirmations de « scandale ». Il a mis en doute la validité des chiffres présentés par le Premier ministre, ainsi que l’audit sur lequel ces accusations sont fondées. L’ancien président a exprimé son regret quant à l’absence d’accès aux informations détaillées de cet audit pour les anciens ministres, ce qui, selon lui, nuit à la transparence et à la crédibilité du processus. « Je voudrais que dire que je suis au regret d’apprendre l’abaissement de la note du Sénégal par Moody’s, après l’intervention de leur Premier ministre, cela pourrait être qualifié de scandale. En comparaison avec la gestion précédente, je regrette de devoir constater que ces remarques sont fausses, totalement fausses. Cette procédure est inédite ; nous ne connaissons même pas les termes de cet audit finalisé. Les ministres mis en cause n’ont pas eux-mêmes accès à cette information. »
Macky Sall a ensuite appelé à la prudence, exhortant le gouvernement actuel à attendre les conclusions judiciaires avant de formuler de telles accusations publiques qui, selon lui, ont des répercussions graves sur l’image et la stabilité économique du pays. « Attendons que la justice confirme ou infirme ces accusations avant de pointer du doigt des personnes de cette manière et de causer une dégradation basée sur un discours public. C’est une honte pour le Sénégal. J’espère que nous cesserons de précipiter notre pays vers le déclin afin de nous concentrer sur l’essentiel. »
L’ancien président a également défendu son bilan économique, affirmant avoir laissé le pays dans une situation favorable, avec des indicateurs économiques au vert. Il a cité l’évaluation du FMI, qui, selon lui, avait confirmé cette bonne santé économique peu après son départ de la présidence. « J’ai quitté un pays où les indicateurs étaient au vert. Le Fonds Monétaire International l’a confirmé en mai, un mois et demi après mon départ. Il ne faut pas accuser des individus avant même qu’ils sachent de quoi ils sont accusés. »