Les Ambassades du Numérique – Par Ibrahima BA*
Toute Nation tend vers l’Infini …. Nous devons nous adapter et aller vers nos intérêts.
Depuis une dizaine d’années nous constatons l’omniprésence des technologies numériques, qui influent notre vécu : social, emploi, travail, loisirs, formation et éducation. Ces périmètres nécessitent des interactions de communication et d’échanges, ils sont maintenant sous la domination du numérique. Equipements, matériels, réseaux, services en ligne sont devenus les médiums par défaut et envahissent nos activités socioprofessionnelles ainsi que nos valeurs démocratiques. Cette situation est favorisée par une mondialisation de nos économies qui sont dérégulées. Ce qui a entraîné qu’Internet est un enjeu économique, financier et politiques entre les grandes compagnies de services et d’équipements télécoms qui sont puissantes et antagoniques.
Elles sont Alpha et Oméga informationnel de nos sociétés, ce sont les GAFAM, constitué des premières lettres de Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft. Elles ont une grande influence sur les places boursières, sur les brevets et les droits de propriété intellectuelles. Cette situation amène à dire qu’Internet est en cours de privatisation. Les GAFAM exploitent ce réseau par le biais de stratégies adaptées à leurs ambitions d’exclusivité et d’accaparement et assez souvent au détriment de l’intérêt général.
Parmi les objectifs de cette contribution, c’est de montrer que l’Internet constitue aujourd’hui une zone de déploiement massif de stratégies monopolistiques des GAFAM et d’analyser ces dernières sous un angle d’opportunités. Le focus est fait sur Facebook pour plusieurs raisons comme son influence sur nos économies et également les applications les plus téléchargées depuis le Net sont : Facebook, Messenger, Whatsapp et Instagram. Pour ces raisons, entre autres, que je le place au cœur de mon analyse pour ses opportunités d’emplois et fiscaux.
L’ensemble de ces stratégies ont pour but de monopoliser les dimensions verticales et horizontales de l’internet. Celui est bâti autour des sommes physiques et logiques donc le volet infrastructure et celui logiciel, obligatoire pour échanger de contenus et de services vers les internautes : les GAFAM deviennent ainsi nos médiateurs digitaux. La domination des GAFAM par la concentration de pouvoir dans la sphère numérique est un fait réel. Cette situation a des enjeux sociopolitiques d’une autre dimension qui va nécessiter une autre contribution.
Contexte de Globalisation, Mondialisation, Dérégulation …
Globalisation, Mondialisation, dérégulation, révolution numérique sont les facteurs favorisant la foultitude de création de start – up, qui, évoluant surtout dans l’Internet marchand et commercial. Cette économie fortement libérale a installé les convergences technologiques et financières. Cette interopérabilité et mutualisation de l’informatique, des télécommunications, de l’électronique, de la culture et des médias ont aboli les barrières par la numérisation de leurs métiers permettant une forte compétition entre acteurs de domaines différents.
Ces mêmes convergences avaient justifié la déréglementation américaines et européennes des télécommunications et de facto conduit à la fusion du réseau télécom de l’Office des Postes et Télécommunications et Télé Sénégal pour générer la Sonatel et plus tard une privatisation et cotation en bourse de celles-ci. Ailleurs aux USA et en France, ces mêmes convergences avaient facilité le regroupement de AOL et Time Warner au début des années 2000 et la création de Vivendi Universal. Ce fut le début d’une tentative de monopole de l’Internet.
Ces privatisations, coïncidant avec la réunification des deux Allemagne, ont eu un impact sur le cours d’évolution de l’informatique connectée. Parce que l’infrastructure pour son développement a quitté la gestion étatique pour un nombre restreint d’opérateurs du secteur privé et les stratégies libérales des gouvernements de l’occident, qui, encourageant la dérégulation ne pouvaient pas empêcher la mainmise du privé. Bien évidemment, les convergences ont incité entre temps à de vastes opérations financières donnant lieu à de dividendes élevées, des milliards de dollars originaires des fonds souverains, fonds de pension, banques ont été injectés dans la Silicon Valley Avec la convergence technologique, la dérégulation et de l’apport de capitaux financiers illimités, les GAFAM ont réussi à privatiser Internet via leurs services et produits ; Ils sont également des marques plus connu que Nike, Adidas et Sandaga.
D’ailleurs dans nos expressions quotidiennes <aller sur Facebook > est différent <d’aller sur Internet>
Matrice organisationnelle
Les GAFAM ne font quasiment pas ou très peu d’efforts pour adapter ses produits et services grand public aux marchés locaux. En effet, en dehors de la compagnie Microsoft qui dispose historiquement d’implantations conséquentes à travers le monde en raison de ses prestations aux entreprises, les équipes stratégiques des GAFAM restent concentrer aux USA et ne s’implantent à l’étranger que de manière minimale et Facebook est organisé sur la base d’une matrice, ce qui signifie que les équipes locales sont dirigées par un encadrement opérationnel local, s’occupant essentiellement de la relation client et de la communication, et par un encadrement par secteur (ingénierie, marketing, finances, etc.) directement lié au siège aux USA. Cette centralisation des fonctions stratégiques, combinée à la standardisation des produits et des services, permet de gagner en efficacité et procure des économies d’échelle significatives, même si elle peut parfois aboutir à des conflits avec les acteurs locaux.
Les impôts et le Gafam
Les GAFAM ne sont pas les seuls à utiliser l’optimisation fiscale, pratique répandue parmi les multinationales ainsi que dans le monde du football. Cependant, le fait que leurs actifs soient en grande partie immatériels, comme ceux de marques, de brevets ou de services en ligne, facilite grandement cette optimisation.
L’évitement de l’impôt est, par conséquent, une pratique constitutive du modèle économique des GAFAM. Il est facilité par la dérégulation mondialisée de l’économie est également la facilité à pratiquer l’optimisation fiscale à l’international qui est juste une sémantique pour désigner l’évitement fiscal. Il consiste à utiliser les failles et les asymétries fiscales et légales entre les différents pays et le jeu des prix de transfert entre filiales pour s’affranchir de l’impôt sur les sociétés. Nous n’avons à ce jour au Sénégal, aucune étude pour évaluer le manque à gagner pour l’Etat à cause de l’optimisation fiscale mise en œuvre par les GAFAM.
L’exploitation du travail, pilier d’une rentabilité extraordinaire
Les GAFAM exploitent au maximum les possibilités offertes par la mondialisation, l’organisation de leur production et la dérégulation. En effet, ils pratiquent tous, à des degrés divers, la sous-traitance dans des pays à bas coûts. Comme l’exemple d’Apple qui ne dispose pas d’une seule usine alors que c’est le plus gros des vendeurs d’équipements informatique.
Le travail intellectuel sous-traité
Les GAFAM, beaucoup plus Facebook, font de la sous- traitance du travail intellectuel, comme celui de modération du contenu. En effet, les plateformes de Facebook ont besoin d’être « nettoyées » en permanence des contenus inappropriés (violence, pornographie, incitation à la haine etc.) qui se nichent dans les centaines de giga-octets de vidéos et photos hébergées et partagées chaque minute. Quand les algorithmes de détection automatique ne suffisent pas pour éradiquer les contenus litigieux, il faut faire appel à des modérateurs humains : des travailleurs intellectuels qui mobilisent tout un bagage culturel et un savoir-faire technique afin d’assurer ponctuellement cette fonction de filtrage éditorial. C’est une stratégie logique et une opportunité pour le Sénégal et l’Afrique.
Opportunités/Orientations :
1. Déclaration des groupes Whatssap et amende éventuelle pour refus ou retard de déclaration.
2. Centre de gestion des contenus web (GAFAM) (équivalent de centre d’appels).
3. Mettre une association pour la gestion du SN ( Artp est gestionnaire du SN).
4. Vulgariser les noms de domaine REGION (pour une adhésion affective).
5. Modèle économique des hébergements des données des Gafam (DataCenter en cours de construction).
6. ID Numérique des touristes scientifiques et accès aux recherches et exploitation de leurs travaux.
Ambassades du Numérique :
L’Etat devrait sans tarder s’atteler à l’érection des ‘’Mairies numériques’’ afin de centraliser toutes les activités liées à l’Internet et constituer une banque de données locales quant aux potentialités de chaque localité, du foncier disponible, de la biodiversité et des niches d’emplois et d’activités et des ressources humaines. A l’issue, on pourrait envisager des ambassades du Numérique dans le monde entier pour favoriser les relations commerciales, humaines et stimuler la coopération bi – latérale.
Ce système mis en place pourrait rapporter 1/3 des recettes actuelles des impôts, booster les exportations, réduire les coûts annexes des importations et créer près de 5000 emplois.
*Spécialiste IT
Conseiller chargé de programmes à l’ADIE.
Membre des groupes de travail du projet Saint – Louis numérique,
de la dématérialisation des procédures administratives,
de Unesco – Etat du Sénégal sur le modèle pédagogique intégré,
de la dématérialisation du dossier médical du patient.
Email : ibba67@gmail.com