Le Sénégal vit avec corona depuis quatre mois sans voir le bout du tunnel*

Le premier cas de coronavirus est apparu au Sénégal le 02 mars 2020. Depuis lors, l’Etat du Sénégal n’a cessé de prendre des mesures pour barrer la route à ce fléau. L’état d’urgence, la fermeture des frontières, celle des écoles et l’arrêt du transport interurbain ont, semble-t-il, atténué la propagation du virus. Toutefois, ces mesures restrictives ont eu des conséquences économiques surtout au niveau des classes démunies qui sont sous le joug de la dépense quotidienne. Au Sénégal, cette classe sociale appartient surtout au secteur informel mais l’impact du Covid 19 n’a épargné aucune couche de la société. C’est pourquoi, le gouvernement a pris la décision d’accompagner les populations en distribuant des vivres et en créant une commission « force covid19 ». Aujourd’hui, le Sénégal vit avec le virus depuis quatre mois sans pour autant voir le bout du tunnel. Le nombre de décès augmente même si le taux de létalité n’a pas encore atteint le nombre exorbitant de morts constatés en Europe et dans le reste du monde. Actuellement, le gouvernement sénégalais a desserré l’étau pour éviter des émeutes de la faim et aussi un éventuel chaos économique.

 Le virus est toujours là et il se propage de jour en jour

Le coronavirus pose des questions et des questionnements. Après quatre mois de présence au Sénégal, on devrait entrevoir une baisse progressive de la pandémie. Après quatre mois de sacrifices et de stress, le virus est toujours là et il se propage de jour en jour. Pour rappel, la plupart des pays africains éprouvent des difficultés de proposer un confinement à l’instar des pays d’Europe. Il ya comme raisons avancées, la pauvreté des populations et notre mode de vie incompatibles avec le confinement. Dans ce contexte, le Sénégal et la plupart des pays africains ont pris des mesures d’assouplissement pour atténuer la misère économique des populations. Ce recul observé dans la lutte contre la propagation du virus devait s’accompagner de nouvelles mesures pour faire rigoureusement respecter les gestes barrières. Aujourd’hui, la question fondamentale est de savoir quand est ce qu’on va se débarrasser du virus ? Les nouvelles que nous recevons chaque jour ne sont guère rassurantes. Qu’est qu’il faut faire pour arrêter la propagation de ce virus ? Une chose est claire, tant que les populations continuent d’afficher cette indifférence que nous constatons, certains même soutiennent que le virus, du fait qu’il est invisible, n’existe pas, d’autres affirment que c’est de la politique politicienne alors que les images qui défilent à nos yeux chaque jour devant nos écrans de télévision, nous montrent des milieux de morts à travers la planète. On mesure ainsi avec regret la profondeur de l’ignorance d’une bonne partie de l’opinion. Aucun gouvernement au monde ne peut venir à bout ce virus si la population adopte un comportement laxiste et refuse de respecter les recommandations. L’Etat doit sortir une batterie de sanctions pour imposer aux populations le respect des directives. Au cas contraire, l’Etat doit prendre ses responsabilités et revoir la stratégie dans la région de Dakar qui concentre 80% des infections avec une explosion des cas de contamination.

Revoir la stratégie de communication

La stratégie de communication face à cette pandémie doit être revue car nous devons davantage insister sur l’approche communautaire qui implique les communauté et prendre des mesures punitives envers toute personne réfractaire au port des masques. Les personnes qui développent des symptômes suspects doivent se signaler le plus tôt possible car nos blocs de réanimation ont montré leurs limites . Notre impuissance est notoire à ce stade de la maladie. L’Etat doit traquer les inconscients et les récalcitrants. On doit combiner sensibilisation et mesures coercitives puisqu’on a une population pour la plupart analphabète qui démissionne vite pour se réfigier des fois derrière le fatalisme. Il ya des citoyens conscients et qui font des efforts mais il ya une bonne partie qui refusent de voir la réalité en face. Il faut qu’on accepte de se regarder dans une glace. L’assouplissement doit aller de pair avec un surplus de sensibilisation et si nécessaires des sanctions. Le Ministre de l’Intérieur doit rendre effectif les mesures disciplinaires. On ne demande pas aux forces de l’ordre de frapper les gens mais d’infliger des sanctions aux inconscients. Le coronavirus tue, il faut donc qu’on mette fin à la récréation. Le nombre de morts augmentent et les populations sont de plus en plus laxistes face à ce virus dévastateur. A cela doit s’ajouter le travail des mass médias qui doivent s’impliquer de manière plus agressive par une plus grande sensibilisation et dans nos langues nationales.

Si on respecte les gestes barrières, le virus doit reculer. Il est souhaitable aussi de créer une commission d’experts, pluridisciplinaires pour réfléchir sur les mesures phares à prendre capables de juguler les conséquences économiques du Covid 19. Notre taux de croissance comme partout dans le monde a drastiquement chuté. Le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération l’a rappelé,- il pourra coordonner une telle entité.
*Professeur Moustapha Samb
Docteur en communication
Enseignant/chercheurUcad