Le RTS réussit avec brio à traduire l’expression « Took mouy Dokh » dans son journal de 20h (Vidéo)

La Radio Télévision Sénégalaise (RTS) a dans son journal de 20h de ce mercredi 1er mai pris l’initiative de traduire et d’explorer la signification de la formule « Took mouy Dokh ». Cette expression a gagné en popularité suite aux élections présidentielles qui ont vu l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye en tant que président de la République et d’Ousmane Sonko comme Premier ministre. Les nouvelles autorités ont promis de lutter contre la corruption et de redistribuer équitablement les richesses du pays, empêchant ainsi ceux qui mènent un train de vie non mérité de profiter indûment des ressources nationales.

Dans un vent changement, de ton et de contenu, la RTS a diffusé un reportage sur cette formule qui résonne profondément avec les aspirations actuelles de la population sénégalaise. Ce reportage marque une rupture avec les pratiques antérieures de la chaîne, qui semblait auparavant privilégier une ligne éditoriale favorable à certaines élites politiques. Désormais, la RTS affiche une volonté de se rapprocher des préoccupations du peuple sénégalais, ce qui pourrait indiquer un tournant vers une plus grande impartialité et une représentation équilibrée des différentes strates de la société.

Senego a retranscrit intégralement la chronique du journaliste de la RTS, Omar Diaw.

« Comment traduire ‘Tok mouy dokh’? Les Sénégalais, souvent très inspirés, ont forgé ce groupe de mots voulant dire s’asseoir et voir les choses marcher seules, une drôle de conception. Ne fournir aucun effort, se tourner les pouces sans aucun souci, parce que tout baigne. C’est tout de même étonnant de facilité.

Les petits privilégiés, profitant d’une telle situation, pensent-ils à ces nombreuses braves personnes bavant, brûlant au soleil et payant la dîme étatique? Ce qui fait vivre provient tout de même de quelque part. C’est bien le labeur et la sueur de ‘gor gor lou’ obligé de trimer qui fait pousser leur bedaine pleine. Si ce ne sont pas des activités illicites, on n’est pas loin d’une autre formule populaire : le singe cultive, le gros chimpanzé s’empiffre.

Depuis combien de temps un tel comportement parasitaire existe-t-il? Qui sont ces beaux messieurs et ces femmes élégantes qui, sans avoir de revenus justifiables, flambent à tout-va? Ils friment, logent et s’habillent classe, conduisent de chics bagnoles, ont des comptes au vert foncé et se payent des vacances en première classe sans vraiment bourse délier. C’est paradoxal et inquiétant de voir des individus sans travail connu ni qualification reconnue vivre comme des pachas et même toiser leur monde.

Il ne s’agit là, sans doute, que d’un des marqueurs du système qu’il faut défaire pour construire un ensemble plus équitable. D’où l’exclusion des thuriféraires au discours épidictique. En physique, pour qu’une chose marche, il faut une force, des ressources. Dans ce cas-ci, ce sont les maigres fonds publics qui constituent le carburant du moteur de farniente.

Rompre avec ces prés bandes est aujourd’hui une urgence, une exigence pour bon nombre de nos concitoyens épuisés de tirer la queue du diable. Le temps de la sinécure est révolu, du moins nous l’a-t-on promis. Le pays de cocagne, l’Etat de providence sont une grosse utopie, même avec des hydrocarbures. Travaillez et prenez de la peine. »