Le projet d’exploitation minière à Lompoul : entre espoir et incertitude

Le projet d’exploitation, de production et d’extension de minéraux lourds est en phase pour démarrer des activités extractives au niveau du désert de Lompoul, précisément dans une zone de concession du système de dunes côtières. Après des années d’exploitation en zircon dans la région de Thiès précisément à Diogo, les Lompoulois, eux-aussi, tergiversent devant un sombre espoir et une dense inquiétude.

L’exploitation du zircon à Diogo avait attiré l’attention des sénégalais. Après quatre (4) années d’exploitation sans grande satisfaction au sein des populations. La société d’exploitation minière va continuer son périple vers Lompoul précisément dans une zone de concession du système de dunes côtières d’environ 445,7 km² par la mine GCO (Grande Côte Opération) SA, une entreprise minière franco-australienne. Cette société est détenue en majorité par le groupe français Eramet. Ce projet d’une grande exploitation de mines de sables minéraux au monde concerne la région de Thiès et de Louga au Sénégal. C’est en 2011 que la première phase de construction a vu le jour pour entrer dans sa deuxième phase qui consiste à atteindre Lompoul sous le projet Lompoul Crossing pour une durée de cinq (5) années (mi-2023 jusqu’à la fin 2028). Présentement, nous assistons à Lompoul à la présence d’un cabinet de consultant spécialisé dénommé Earth Systems, chargé d’enquêter pour le projet de Lompoul Crossing pour son acceptabilité sociale.
La Grande Côte Opération SA a donc reçu l’approbation officielle du Gouvernement de la République du Sénégal par le biais d’un décret présidentiel accordant une concession minière d’une durée de 25 ans pour une superficie de 445,7 Km² selon un document présenté par l’équipe sur place. Le Gouvernement du Sénégal détient 10% des intérêts dans Grande Côte Opérations SA et la production annuelle sera d’environ 735,000 tonnes d’ilménite et de zircon principalement.
Des espoirs et des incertitudes en errance au niveau Lompoul

Selon le document fourni, le projet Lompoul Crossing comprendra une exploitation minière du Nord du village de Foth jusqu’aux Communes de Darou Khoudos (Diogo), de Diokoul (Lompoul) et de Thiepp. Les campements normalement devront céder l’espace d’ici fin 2021.
La population bénéficiera, selon eux, du projet tout en leur favorisant une main d’œuvre et des revenus. Mais les populations de Lompoul craignent le contraire à l’image de Diogo qui n’ont pas caché leur « amertume » et leur « désillusion » comme nous le montre l’article de Serigne Sarr, membre de l’Association pour la défense des droits à l’eau et à l’assainissement (Addea), Rufisque/Sénégal, sur Les illusions perdues de l’exploitation minière au Sénégal. Dans son article, le premier adjoint au maire de la commune de Darou Khoudoss, Moda Samb avait exprimé un désespoir en ces propos : « Il était prévu que le chômage des jeunes allait être un mauvais souvenir et que les conditions de vie des populations de Diogo, Fass Boye et environs soient améliorées. Hélas… Il était aussi annoncé la construction d’un hôpital, d’un stade multifonctionnel et de routes, en plus de l’électrification des villages environnants. Autant de promesses qui faisaient rêver les populations. Mais depuis le démarrage de ses activités, la société n’a pas versé la moindre redevance à cette vaste commune de Diogo. »
A Lompoul, c’est ce même sentiment d’inquiétude qui plane sur tout le monde. Interrogé, le président de l’ASC/D Walli Daan de Lompoul/village, Amadou Penda Sène, enseignant-philosophe, craigne : « Nous avons un certain mode de vie économique et social que le projet risque de déstructurer. Pour le moment une certaine inquiétude anime la population. Nous sommes dans l’incertitude. » Et ajoute-t-il : « Le désert de Lompoul est l’un des destinations touristiques les plus fréquentées au Sénégal à cause de son cadre pittoresque et singulier. Le projet va détruire ce cadre malheureusement car le site se trouve dans la zone d’exploitation. Non seulement les jeunes vont perdre leur emploi mais ce beau paysage va disparaître comme par enchantement. » Toute la population de Lompoul s’inquiète déjà sur l’avenir du désert et sur l’emploi des jeunes. Habitant de village et président de l’ANDPS (Association Nationale pour la Défense du Patrimoine Sénégalais), Massar Sène embouche la même trompette : « Ce mini désert de Lompoul est unique au Sénégal et en Afrique du fait de ses caractéristiques. C’est le seul désert où on trouve de l’eau. Qui connait désert sait qu’il ne rime pas avec de l’eau. Je pense que ce projet d’exploitation minière se fout de notre patrimoine et de notre environnement pour la bonne et simple raison que ce sont les autorités qui ne donnent pas de valeurs à ces secteurs. » Quant à Adama Ndiaye, Entrepreneur et responsable politique à Lompoul : « Nous ne faisons qu’entendre ce projet depuis lors. Nous leur attendons sur les démarches à suivre par rapport aux champs et aux habitations. Nous n’avons aucune information venant d’eux. Personne n’est venu pour nous parler. Jusqu’à présent, nous sommes à l’écoute. Je connais des personnes qui n’avaient que leurs champs pour survivre. Par la suite, ils n’ont pas été dédommagés. Seulement, ils n’ont reçu que des 15.000f et des 20.000f à leur compte avec des va-et-vient et des tribunaux sans justices, déplore-t-il ».
A nouveau, Amadou P. Sène s’inquiète : « Nous craignons que le projet détruise notre écosystème si des mesures d’accompagnement ne sont pas prises. Cela peut engendrer la perte de la fertilité des sols si et seulement si des produits chimiques sont employés. D’ailleurs, en tant que lompoulois, nous estimons que le projet peut aider les jeunes en finançant leurs projets. Ces jeunes ont aussi besoin de formation et de financement pour mener leurs activités économiques comme le maraîchage, la pêche et l’élevage. Ils sont aussi des jeunes qui œuvrent dans divers projets comme le multiservice, le tourisme, la mécanique… La création d’un centre multimédia pourrait être très utile pour les jeunes », termine-t-il.
D’ailleurs, il faut, toutefois, reconnaître qu’une école coranique a été offerte au niveau de Lompoul/village. Un investissement qui n’a pas fait de bruits. Un premier pas que Massar souhaiterait voir toujours au profit des populations : « Les politiques de gestions des sites naturels concilient le légitime développement économique avec la protection des espaces vitaux. Il est urgent de placer les communautés au cœur de l’exploitation de ces ressources naturelles, laquelle implication aidera sans doute à faire le bon choix pour le développement durable de ces terroirs. » A Diogo, nous renseigne l’article de Serigne Sarr : « Des ambulances ont été offertes et des sites de recasement, une école, une mosquée, entre autres, construits au profit des personnes affectées par cette exploitation. » Des investissements, dans ce même article, qui n’ont pas égayé Serigne Mbacké Mbaye, un jeune de la localité. Quant à lui, c’est dérisoires : « Nous ne sommes satisfaits qu’à 30 % par rapport à nos attentes. Et nous ne pouvons pas dire que nous ne tirons pas profit des retombées du zircon dans notre localité. Mais GCO avait mieux à faire. Elle se devait, par exemple, de créer des centres de formation pour les jeunes de la localité », dit-il.
Pour rappel, le désert est à 26 km de Kébémer et à 3 km de Lompoul village, cet espace a une superficie de 18 km2 et ses dunes peuvent atteindre une hauteur de 40 à 50 m. Il est communément appelé « le désert de Lompoul ». Le sable aux tons ocres, voire rouges, est très fin. Il n’y a presque pas de végétation. En effet, l’accroissement du tourisme apporte une touche très spéciale dans l’économie de la localité notamment celle du pays à travers ce fameux bijou.
Lompoul est une localité de l’Ouest du Sénégal, située sur la Grande-Côte, entre Mboro et Gandiol. Avec le découpage administratif, nous avons Lompoul/village et Lompoul/mer qui font partie des Communes de Diokoul et de Kab Gaye du département de Kébémer dans la région de Louga.
Pendant un (1) mois dans nos investigations face aux innombrables inquiétudes et demandes des populations de la zone de Lompoul, la société GCO SA n’a pas voulu se prononcer. Les personnes de la société avec qui nous avons pris contact par mail et par téléphone ont simplement cherché à nous orienter ailleurs sans suite favorable à nos attentes.
Cependant, face aux incertitudes des populations de Lompoul, ils se demandent uniquement qu’en sera-t-il du désert et du tourisme dans cet espace qui n’existe nulle part qu’à Lompoul ici au Sénégal ? Qu’en sera-t-il de l’écosystème et de la santé des populations ? Qu’adviendra ces chefs de familles et ces jeunes filles qui gagnent leur vie dans ce mini endroit ? Le gouvernement, ayant signé ce décret, avait-il mesuré la grandeur de ses actes ?
Abdoulaye Seck
Habitant de Lompoul, Enseignant-Poète

2 COMMENTAIRES
  • Malick Diallo

    je demande cher etats de ne pas mettre les charues avant les boeufs le cas de gadiaga est la une village extremement pauvre vraiment cest une honte de ne pas respecter ces villageois un peux de respect sur vous plait les villageois doivent benefier de leur ressource reconstruire le village .

    • Ibra

      C le cas a lompoul, labas les gens ne vivent que d’agriculture et d’eleage . Dommagw que notre gouvernement protege mieux les etrangers que ses propres fils

Publiez un commentaire