Le modèle mouride : une success story sous-exploitée
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Tout processus de développement des hommes et des nations repose sur des leviers essentiels : L’organisation collective et la participation citoyenne. Le développement durable exige une société organisée autour d’une philosophie de participation individuelle responsable. Chaque citoyen doit contribuer de manière désintéressée aux efforts communs. Cela favorise une collecte efficace des ressources et un taux élevé d’autofinancement.
Ce modèle repose sur une segmentation intelligente de la société à travers des organisations communautaires. Ces dernières jouent un rôle clé en discutant des problèmes collectifs, en collectant des contributions et en les acheminant de manière sécurisée vers les décideurs. Ce système renforce la prise en charge collective et la réflexion stratégique.
Un leadership éclairé et une gouvernance éthique
Une nation prospère nécessite une gouvernance fondée sur des valeurs éthiques fortes, un leadership désintéressé et une gestion transparente des ressources collectives.
Lorsque les dirigeants placent Dieu au centre de l’organisation sociale, ils inspirent une confiance spontanée et une adhésion totale. Dans un tel système, les décisions sont acceptées et appliquées sans contestation, car l’absence de corruption garantit la légitimité des actions engagées.
Une expertise technique et stratégique
Un développement efficace repose aussi sur la capacité à gérer des projets et programmes structurants. Il ne suffit pas d’avoir des ressources, il faut savoir les allouer intelligemment pour financer des initiatives créatrices d’emplois et de richesses.
Un exemple concret : la création d’unités de production locales permettrait de réduire les importations superflues et de bâtir une économie solide et résiliente.
Touba, une cité qui incarne ces principes
Alors que l’Afrique peine à réunir ces éléments de développement, il existe une ville qui y parvient depuis des décennies : Touba, à 200 km de Dakar. Cette ville, cœur spirituel de la communauté mouride, rassemble plusieurs millions de personnes qui appliquent naturellement et efficacement ces principes fondamentaux.
Un fait symbolique illustre cette organisation unique : récemment, le groupe des Baye Fall a remis plus de 461 millions de FCFA en don au guide de la communauté. Cette somme provient d’une collecte volontaire et spontanée, démontrant la force du modèle économique mouride.
Une organisation exemplaire
Les Mourides se structurent autour de dahiras, de puissantes organisations communautaires qui assurent l’organisation sociale, la collecte de fonds et leur transfert sécurisé vers les leaders de la communauté.
Ce système repose sur une confiance absolue envers le guide religieux. Certains contributeurs ne demandent même pas de compte-rendu sur l’utilisation de leurs dons. Ils offrent parfois de l’argent en déclarant : « Faites de cette contribution ce que vous jugez bon », convaincus que la gouvernance est intègre. Cette foi en une gestion éthique s’ancre dans la croyance que le fondateur de la confrérie, Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), est le véritable destinataire des offrandes, redistribuées selon la volonté divine.
Les organisations clés du système mouride
Touba Ca Kanam :
Chaque citoyen mouride contribue 1 000 FCFA minimum. Ces contributions se transforment en milliards de francs CFA investis dans des projets de développement (assainissement, éclairage public, infrastructures sanitaires).
L’organisation assure une communication transparente, permettant à chaque donateur de suivre en temps réel l’utilisation des fonds.
Hizbut Tarqiyyah :
Composée d’anciens étudiants universitaires, cette organisation s’est imposée comme une puissance financière et logistique.
Elle construit de nombreuses infrastructures et joue un rôle clé dans l’organisation des événements communautaires.
Les Baye Fall :
Bras sécuritaire de la communauté, mais aussi acteur économique.
Engagés dans la production et la distribution alimentaire ainsi que dans la construction d’infrastructures.
Ils mobilisent une main-d’œuvre massive et bénévole pour les chantiers confiés par le leadership religieux.
Touba Xepp :
Organisation spécialisée dans le développement du réseau hydraulique de la ville sainte.
Ses membres, experts en gestion de l’eau, ont déjà amélioré le réseau hydraulique du Sénégal et pourraient, avec un mandat officiel, résoudre définitivement les problèmes d’approvisionnement en eau.
Une puissance financière sous -exploitée
Les Mourides génèrent des contributions financières impressionnantes, atteignant des centaines de millions d’euros. Ces fonds proviennent :
Des terres agricoles (ex : Khelcom, qui s’étend sur des milliers d’hectares).
De collectes organisées à travers le monde par les dahiras.
De dons privés et familiaux.
En tant qu’économiste, je plaide depuis 20 ans pour que ces ressources soient investies dans des projets économiques durables :
Développement de l’agriculture, de l’élevage et de l’horticulture.
Création d’industries locales pour produire ce qui est actuellement importé de Dakar.
L’objectif serait d’augmenter la richesse collective, rendant les citoyens encore plus aptes à contribuer au financement des grands projets communautaires.
Un modèle exportable au-delà du Sénégal
Ce modèle économique et social ne profite pas qu’à la communauté mouride. Il a déjà démontré son efficacité à travers des dons internationaux envoyés aux victimes de catastrophes naturelles (Turquie, Maroc, etc.).
Le Sénégal, au lieu d’ignorer cette success story, aurait dû, depuis son indépendance, s’appuyer sur ce système pour bâtir son développement.
Malheureusement, avec la modernité et l’individualisme croissant, ces valeurs cardinales risquent de s’étioler. Si rien n’est fait pour préserver et structurer cette dynamique, un modèle de gouvernance fondé sur la contribution volontaire et la gestion éthique pourrait disparaître.
Conclusion : une opportunité à saisir
Le paradoxe est frappant : le Sénégal peine à exploiter un modèle de développement qui fonctionne en son sein. Pire encore, ce système aurait pu être exporté bien au-delà de l’Afrique, servant d’exemple aux nations en quête de développement inclusif et durable.
Il est urgent d’engager une réflexion sur la manière dont le Sénégal et l’Afrique peuvent institutionnaliser et renforcer ces dynamiques communautaires, afin de bâtir un avenir prospère, fondé sur la solidarité, l’organisation et l’éthique.
Magaye GAYE
Caxaan baxul. Li nekk ci dëkk boobu na ñu ñaan mu yamm fa. Bokkalé ńaak julli takk lu ëpp 4 femmes fenn sacc njabar fraude jaay garab yu bonn jaay fétal.
Na nitt ñi nitté. Tuuba manul nekk misal bu baax.
En effet, Touba est la Mecque du SÉNÉGAL. Il y a des centaines de milliers de milliards non utilisés à Touba. Rien que cet argent peut développer le Sénégal à tous les niveaux et également initier un salaire universel pour tous, n’est-ce pas !
Absolument
Incroyable