Les villages de la commune de Ballou, dans le département de Bakel, vivent une situation dramatique depuis près d’une semaine en raison des lâchers du barrage de Manantali. Le fleuve Sénégal, sortant de son lit, a inondé champs et habitations. Les habitants ont dû trouver refuge sur les terrasses ou dans les hauteurs du Diéri. Bien que des secours étatiques soient arrivés, la réponse est largement insuffisante par rapport aux besoins. Une solidarité locale, menée par les expatriés de la région, tente de compenser la lenteur de l’État.
Depuis six jours, plusieurs villages dont Aroundou, Yafera, Golmy et Balou sont sous les eaux, rendant les déplacements impossibles sans pirogue. « C’est vraiment difficile », confie Cheikhna Camara, maire de Balou. Le paysage est transformé en une scène apocalyptique, et les habitants, déplacés de force, attendent une intervention étatique décisive, notamment le déclenchement du Plan Orsec. Mamadou Diabe Cissokho, habitant d’Aroundou, alerte sur le risque de maladies dues aux conditions insalubres et à un manque criant de tentes pour s’abriter.
Les réseaux de communication sont coupés, exacerbant l’isolement. Les routes sont inaccessibles sans risques, et la rareté des ressources pousse les habitants à de longs trajets en pirogue et en voiture pour se procurer le nécessaire. L’eau potable manque cruellement, l’eau courante étant contaminée et malodorante, forçant les habitants à se rabattre sur des solutions improvisées et insuffisantes.
De plus, le courant électrique est coupé par mesure de sécurité, plongeant les villages dans l’obscurité. Le réseau téléphonique étant hors service, les habitants se retrouvent totalement déconnectés. Les besoins urgents incluent la mise en place d’hôpitaux mobiles, car les infrastructures sanitaires, comme à Yafera, sont inaccessibles.
La réponse de l’État est fortement critiquée. La lenteur de l’intervention, ressentie par les sinistrés, exacerbe leur frustration. Sohané Barry déplore l’absence de soutien et l’épuisement des ressources locales. Malgré la visite tardive du ministre de l’Intérieur, accompagnée d’une promesse d’aide, les ressentiments persistent face à une mobilisation jugée insuffisante.
Le passage de l’onde de crue continue de faire grimper le niveau des eaux, menaçant davantage de villages le long de son trajet. L’urgence humanitaire est manifeste alors que les sinistrés clament leur détresse face à l’ampleur du désastre et l’inefficacité des actions étatiques.