Il y a urgence à déconstruire le processus électoral «volontairement piégé au Sénégal» pour préserver la démocratie par des élections libres, transparentes et inclusives. C’est l’Association des Utilisateurs des TIC (ASUTIC) qui alerte ainsi à travers un rapport de son étude sur les «Données personnelles en contexte politique et électoral : Le cas de l’élection présidentielle du 24 février 2019 au Sénégal», publié à l’an 2 du scrutin qu’elle dit «non transparent».
Impossibilité de collecter 3 600 000 parrains en peu plus de mois
L’ASUTUC, souligne qu’il est aussi apparu que « pour gagner l’élection présidentielle du 24 février 2019, le candidat de la coalition au pouvoir a mis en œuvre une stratégie électorale basée sur la collecte des données personnelles des Sénégalais, du recrutement d’un conseiller en analyse de données doté d’un logiciel de stratégie électorale et du travail de terrain par du porte-à-porte. Lors de l’élection présidentielle du 24 février 2019 au Sénégal, la coalition au pouvoir a déclaré avoir collecté plus de 3 600 000 parrains sur un corps électoral de 6 683 043 électeurs. D’abord, il est à noter qu’il est impossible de collecter 3 600 000 parrains en un peu plus de trois mois, la campagne de parrainage s’est déroulée du 27 août au 11 décembre 2018. Mieux, explique l’association, pour collecter ce nombre d’électeurs, il fallait recenser environ des données personnelles de 40 000 personnes par jour. La logistique pour atteindre un tel objectif est titanesque et aucun parti politique au Sénégal n’en dispose pour ne pas dire dans le monde. Par conséquent, le candidat Macky Sall a démarré sa campagne de collecte de parrains bien avant le vote de la loi n°22/2018 portant révision du Code électoral instituant le parrainage. En effet, un membre de l’équipe de collecte de données de ce candidat révèle dans une interview au journal « The Mail & Guardian » que leurs opérations de parrainage ont débuté un an auparavant, à l’issue desquelles, l’équipe a collecté 3 500 000 parrains ».
Détournement des fichiers publics à des fins privées
Puis, ces spécialistes et combattants de de la protection des données personnelles, dans les colonnes de SudQuotidien, montrent que « tout ceci, sans compter avec la possibilité de détourner des fichiers publics à des fins privées à travers les nombreux projets à caractère social du Gouvernement du Sénégal (Bourses de Sécurité familiale (BSF), Couverture Maladie Universelle (CMU), Cartes d’Egalité des chances, Délégation à l’Entreprenariat Rapide, PUDC, PUMA, Programme 100 000 logements, etc… Tous ces projets sociaux ont un dénominateur commun : ils créent des bases de données qui permettent d’identifier et de localiser de potentiels électeurs économiquement vulnérables, pour ne pas dire indigents, dont l’opinion politique peut être facilement manipulée avec de l’argent, l’intimidation et les menaces. De potentiels électeurs qui ne votent ni pour un programme encore moins pour un projet de société mais pour la survie à savoir de quoi assurer le repas au jour le jour ».
Utilisation des « méga données » par le candidat Macky Sall
Enfin, a en croire l’ASUTIC, « les données personnelles de 3 600 000 parrains collectées par le candidat Macky Sall ne peuvent pas être traitées dans un fichier Excel car le nombre maximum de lignes dans Excel est de 1 048 576 lignes donc nécessairement, un logiciel de campagne électorale a été utilisée. Il a été ainsi révélé que le candidat de la coalition au pouvoir avait recruté un conseiller en « Analyse de données » la société Française Spallian. « Le candidat Macky Sall voyait dans l’utilisation des « méga données » un atout stratégique indispensable pour sa réélection » dixit Spallian.
Tricherie la société Française Spallian
Spallian accompagna, ainsi, Macky Sall dans sa dernière campagne présidentielle, le conseillant, après avoir travaillé en amont sur les « Big Data ». Suffisant pour que l’ASUTIC en arrive ainsi donc à la conclusion que « la victoire au 1er tour du candidat au pouvoir lors de l’élection présidentielle du 24 février 2019 n’a été que la consécration d’une stratégie électorale pilotée par la société française Spallian basée sur le « Big data ». Une tricherie électorale organisée en amont par la Société Française Spallian, véritable receleur de données personnelles collectées illégalement au Sénégal » révèle l’ASUTIC dans le quotidien Sud Quotidien de ce 27 février.