La révolte du ‘papa-poule’

S’il y’a un pater qui craint le pire pour son fils, c’est bel et bien l’ancien chef d’Etat, Abdoulaye Wade. Ce dernier, jadis maître incontesté et incontestable qui dirigeait le pays d’une main de fer, n’a vraiment jamais su dissocier les affaires familiales de la République. Il avait ainsi doté ses proches (fils & fille) parmi les plus proches des postes de responsabilités les plus juteux de l’appareil d’Etat. Le plus célèbre d’entre eux étant sans conteste Karim Wade, plus connu sous le sobriquet de ‘Ministre du Ciel et de la Terre’; tellement ses prérogatives et autres portefeuilles ministérielles dépassaient l’entendement. Sa position stratégique dans les différentes équipes gouvernementales – conjuguée à la complicité tacite de ses sbires – lui ont permis de s’adonner à des pratiques peu orthodoxes et qui n’honoraient guère la République.

Nul n’est sans ignorer que pendant le temps qu’il est resté aux différents gouvernements, Karim Wade a cassé du ‘gros’ sucre dans le dos du peuple sénégalais meurtri par l’insatiabilité, l’arrogance et la démesure de cet enfant gâté et terrible de la République. Ceci lui vaut sans doute son actuel séjour carcéral, la saisie de nombre de ses biens, mais aussi son futur et inévitable jugement. Au vu de son patrimoine financier et foncier amassé en un temps record et qui donne le tournis, il est malheureusement devenu par la force d’un amour parental irréfléchi mais aussi de ses propres agissements, l’homme le plus traqué de sa génération tant les charges qui pèsent contre lui sont considérables. Toutefois, avant l’incarcération de ‘son fils’, Abdoulaye Wade, sentant l’étau judiciaire se resserrer autour de son protégé, avait fait dans la menace et tenté ainsi en vain d’enrayer la machine judiciaire. Mais c’était sans compter avec la détermination affichée des ‘traqueurs’. Depuis lors, les nuits de Wade-père sont devenues plus que troubles.

Sans nul doute, Karim Wade paie pour sa cupidité excessive qui avait fini de dévoiler sa vraie nature, mise à nue à travers différents scandales (financiers et fonciers) qui ont marqué son ‘règne’. La récente annonce par le juge d’instruction du jugement prochain de celui qu’il considérait comme ‘le plus intelligent de tous les Sénégalais’ a fait sortir Wade-père de ses gongs. Il enchaine sorties médiatiques incendiaires, invectives et autres menaces qui n’ont de but que de faire flancher Dame justice et blanchir un fils ‘trempé dans la merde’ jusqu’au coup. Son nom est cité presque dans les pires deals et autres scandales financiers et fonciers que le Sénégal n’ait jamais connus. Sur ce, Abdoulaye Wade, tel un ‘papa-poule’ aveuglé par un instinct paternel fou, a sauté de son nid cossu de Versailles – toutes griffes dehors – déterré sa hache de guerre, pour venir sauver le soldat Karim; le tout dans un slogan évocateur de: ‘mon fils ou l’hécatombe’. Ce fils qui a fini de creuser sa propre tombe.

Ce qui est triste dans cette affaire restera à jamais le comportement peu honorable affiché par cet ancien chef d’Etat qui devait adopter une attitude digne de son rang. Son modus operandi consiste en fait – à défaut de sauver ce ‘fils prodigue’ – à user de sa capacité de nuisance en chauffant ses militants à bloc, mettre le régime en place en mal avec le peuple, semer le doute dans le cœur des Sénégalais, le désordre, la zizanie totale, et rendre ainsi le pays ingouvernable. Ce qui serait impardonnable surtout venant d’un vieux de plus de 90 ans. Toutefois, vouloir à tout prix dédouaner ‘son fils’ tout en essayant de perturber la quiétude des honnêtes citoyens n’est pas digne d’un homme d’Etat. Pis, c’est même insulter la mémoire collective que de s’adonner à un tel bluff. Ce serait ingrat de la part de ce nonagénaire que de vouloir prendre en otage et ainsi hypothéquer l’avenir d’une population à majorité jeune.

Les mesures de sécurité prises à cet effet par les autorités sont salutaires en ce sens qu’il en va de la stabilité du pays; gage de la sûreté et du bien-être de tout un chacun. L’Etat ayant le monopole de la violence, force devra rester à la loi. Fini les temps où Wade, ce politique dans l’âme, nous tenait en haleine, en perpétuelle campagne électorale au lieu de se tourner vers l’essentiel. Quand est-ce-que ces libéraux se rendront-ils à l’évidence que la roue a fini de tourner, que le peuple sénégalais les a vomis ? Ce que Monsieur Abdoulaye Wade semble oublier, c’est qu’il n’est plus ce mythe qui a longtemps ébloui et intrigué les Sénégalais.

Néanmoins, ses agissements traduisent la mégalomanie, l’égocentrisme et la roublardise d’un chef d’Etat has been qui vit encore dans le passé. Qui ne serait pas ravi du retour au pays d’un ancien président de la République, de surcroit digne fils du terroir ? Toutefois, ce retour qui est un non-évènement serait sujet à controverse s’il rêvait une connotation politique et/ou de troubles à l’ordre public. L’on se rappelle encore de l’accaparement et du zèle ressentis au succès apparent relatif à l’organisation du sommet de l’OCI, de la réalisation de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, mais aussi de la vente de la troisième licence de téléphonie mobile à Sudatel, au parfum de scandales financiers sans précédent. Sur ces entrefaites, qui disait à qui voulait (et/ou ne voulait pas) l’entendre et sans gêne que: «Karim, je dirai à ta mère que tu as bien travaillé ? ».

Cependant, quand on n’est pas prêt à voir ‘son fils’ répondre de ses actes et payer pour ses errements, mieux vaut le tenir hors de l’appareil d’Etat qui voudrait que le droit de rendre compte soit érigé en lettres d’or. Et Karim dans tout ça ? Cet adulte qui s’est toujours comporté en enfant gâté doit avoir la honte de sa vie en voyant un vieux nonagénaire venir lui ‘sauver sa peau’. Quel digne fils laisserait son père de cet âge lui venir en secours ? Il a à jamais déshonoré le nom des Wade. Toutefois, la stratégie (digne de celle de la terre brûlée) adoptée par cet éternel fauteur de troubles* qu’est Abdoulaye Wade de tirer ‘son fils’ des entrailles de la justice s’avère perdue d’avance en ce sens que ce dernier est plus que jamais tenaillé entre le marteau de Dame justice et l’enclume de la prétention du détenu politique.

Alassane DÈME
Master Management de Projets
Internationaux Multilingues (MPIM)
Université de Bretagne Occidentale
(Brest- France).
Email: alloudeme@yahoo.fr

* Exemples: les évènements de 1988 et l’accueil de Wade en 1998.

5 COMMENTAIRES
  • hp

    merci monsieur deme. l essentiel a ete dit dans votre article. un texte saint et comprehensible. abdoulaye wade, a deux doigts de la mort, devrait prendre son chapelet et prier pour le pardon de ses peches et prier pour sa famille qui va se retrouver en enfer. ce n est pas une fierte que d avoir un pere comme abdoulaye wade. merci du fond du coeur.

  • magsok

    Respect aux anciens fait parti de nos valeurs Mr Déme .amicalement votre

  • tsakho97

    Vraiment merci rien a ajouté vous avez tout résumé . Chapeau

  • Gomis

    @magsok: le respect sa se mérite, et klk1 com wade ne fait rien pour le mérité. bravo mr dème

  • opinion

    tout est bien dit. je me rappelle en 2000 lorsque je criait de joie un vieux me disait que  »les jeunes ne connaissent pas le président qu’ils ont choisi ». je demande une seule chose, qu’il ne sacrifie pas la vie des personnes pour l’intérêt de son fils, qu’il laisse la justice faire son travail et qu’il nous laisse en paix. nitou aye la té diam la nou kham

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