La liberté de la presse oui, mais la responsabilité des journalistes aussi ! (Par Coumba Ndoffène Diouf)

La liberté de la presse oui, mais la responsabilité des journalistes aussi ! (Par Coumba Ndoffène Diouf)

Permettez-moi avant tout de rendre hommage au doyen Mame Less Camara. Je rejoins la vague de témoignages unanimes sur ses hautes compétences professionnelles et le sens aigu qu’il avait de la déontologie. Qu’Allah Le Tout Puissant lui fasse miséricorde ! Amine !

Ce mercredi 03 mai est célébrée la journée internationale de la liberté de la presse sous le slogan : «Façonner un avenir de droits : la liberté d’expression comme moteur de tous les autres droits de l’homme». Le constat est que cette liberté de la presse est en danger dans le monde entier et cette situation n’épargne pas le Sénégal. Notre pays a d’ailleurs régressé de 31 places dans le classement de l’organisation Reporters Sans Frontières. De 73e en 2022, le Sénégal est relégué à la 104e cette année. Cela est déplorable.

Cette régression peut s’expliquer par différentes causes. Il y a d’abord l’arrestation de journalistes dans l’exercice de leur fonction. C’est sans nul doute selon moi, le fait le plus patent. L’exemple le plus récent est celui de notre confrère Babacar Touré, directeur de publication du site d’informations Kewoulo, qui, après trois retours de parquet, aurait piqué une crise et évacué à l’hôpital. C’est le lieu de souligner et dénoncer les retours de parquet répétitifs, à la limite abusifs, dont font objet des journalistes et des justiciables en général.

Ensuite un autre point concerne les journalistes qui sont souvent empêchés d’effectuer normalement leur travail par les forces de l’ordre, surtout quand il s’agit de couvrir des événements tels que les manifestations et autres activités politiques ou non. Ils sont parfois dispersés et même gazés par la police. Si ce n’est pas la police, ce sont les organisateurs des événements eux-mêmes qui s’en prennent parfois aux journalistes par des attaques verbales et même physiques. Des fois ce sont des militants de leaders politiques qui insultent ou menacent des journalistes.

Toutefois, si le recul est évident et déplorable, et qu’il reste beaucoup de choses à revoir, le socle de la liberté de la presse existe toujours au Sénégal. Les journalistes ont la possibilité d’enquêter librement et d’informer les citoyens sur les sujets de leur choix. Les médias sont libres de diffuser des avis différents, de commenter, de débattre et de critiquer. Et il faut rappeler qu’à part les arrestations récentes, le dernier emprisonnement d’un journaliste dans l’exercice de son métier au Sénégal, si je ne m’abuse, remonte en 2004 avec l’affaire Mandiambal Diagne.

Cependant, parler de liberté de la presse revient aussi à parler de la responsabilité de cette dernière, donc des journalistes. De la même façon qu’on doit dénoncer toute entrave de la liberté de la presse par les pouvoirs publics ou une autre entité quelconque, on se doit de rappeler aux personnels de la presse leurs responsabilités et sa déontologie. Être journaliste c’est avant tout être quelqu’un de responsable, soucieux de préserver la paix et la cohésion sociale. Le journaliste doit mettre en avant l’intérêt supérieur de la Nation au détriment de son propre intérêt. Il doit travailler avec une très attention et faire preuve de vigilance dans le traitement de l’information, tout en évitant les pièges, la corruption et les fake news très répandus aujourd’hui avec l’invasion des réseaux sociaux.

S’agissant du terrain politique, il est glissant et sensible pour le journaliste. Ce dernier a une crédibilité et une image à préserver. Il doit faire preuve de recul et d’équidistance face aux acteurs de la classe politique. Ces derniers ont leur agenda à dérouler et beaucoup d’entre eux tentent de manipuler les journalistes pour les avoir sous leur coupe. Ce qui les intéresse c’est de faire passer leur message. Idem pour les chefs d’entreprises qui veulent camoufler leur image en se servant de la presse.

C’est à nous hommes et femmes des médias d’avoir le professionnalisme qu’il faut, d’incarner le modèle de journaliste responsable et de forcer le respect à quiconque se met devant nous !

Coumba Ndoffène Diouf, citoyen sénégalais, journaliste

1 COMMENTAIRES
  • Rafna1

    deug rék

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