La lettre d’Habib Sy à la communauté internationale, évoquant des « tortures, violences, maltraitances »

Dans une lettre ouverte adressée à la communauté internationale, datée du 14 février 2024, Habib Sy, candidat à l’élection présidentielle du Sénégal sous l’étiquette « Modernité Espoir », décrit une situation politique tendue et instable au Sénégal depuis mars 2021. Il évoque « une zone de turbulences politiques » marquée par des « secousses […] violentes », exprimant une crainte accrue d’un « crash » politique imminent.

Sy reconnaît les efforts de secours déployés par la communauté internationale, tout en rappelant que des alertes avaient été lancées bien avant, signalant des discussions fréquentes entre les formations politiques sénégalaises et la communauté internationale sur la démocratie et la géopolitique régionale. Il mentionne également des lettres et mémorandums précédemment adressés sur des « atteintes fréquentes aux droits et aux libertés » par le pouvoir en place.

La lettre dénonce les « dérives autoritaires » du président Macky Sall, citant des « arrestations arbitraires de leaders de l’opposition », des « violations […] manifestes et graves » des droits civiques, des « tortures, violences, maltraitances » contre les jeunes manifestants, et l’incarcération de centaines d’entre eux. Sy rapporte aussi « des dizaines de morts » lors des manifestations, l’implication de « nervis armés » dont l’origine reste un mystère, et l’absence de suites données aux enquêtes gouvernementales promettant de faire la lumière sur ces événements.

Il critique le non-respect des recommandations internationales pour améliorer le processus électoral sénégalais, et le refus de l’administration d’appliquer des décisions de justice favorables à Ousmane Sonko, leader de l’opposition. La lettre souligne l’indifférence du président Sall face aux déclarations internationales, avec la mention spécifique de récents incidents où des manifestants ont été tués par balles réelles.

Parmi les actions controversées du pouvoir, Sy inclut la suspension suivie de la restitution de la licence de la chaîne de télévision Walfadjri, les perturbations d’Internet, et l’accusation d’un « coup d’État constitutionnel » par Macky Sall suite à la prorogation unilatérale de son mandat. La lettre se conclut sur une critique de ce qu’il perçoit comme un traitement de faveur envers Sall par la communauté internationale, contrastant avec l’application rapide de sanctions dans d’autres contextes.

Voici la lettre dans son intégralité :

LETTRE OUVERTE A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

Depuis le mois de mars 2021, le Sénégal est entré dans une zone de turbulences politiques. Les secousses ont été et demeurent violentes. Celles que nous subissons présentement, font partie des plus dangereuses. Nous craignons plus que jamais le crash. C’est certainement une des raisons pour lesquelles, pour la première fois, vous avez déployé vos moyens de secours. Nous vous en sommes reconnaissant.

Cependant, par devoir de mémoire, nous devons vous rappeler avoir lancé l’alerte depuis fort longtemps. Chaque fois que de besoin, les formations politiques ont répondu à votre invitation. Vous avez tenu de nombreuses réunions collectives, ou bilatérales avec des leaders d’organisations politiques, de toutes obédiences. La presque totalité des points relatifs au fonctionnement de la démocratie au Sénégal a été évoquée et discutée avec vous. Vous vous êtes aussi entretenus suffisamment avec certains leaders, de questions relatives à la géopolitique régionale. Des lettres et des mémorandums vous ont été adressés, au sujet d’atteintes fréquentes aux droits et aux libertés, du fait du pouvoir.

Des partis et mouvements politiques de l’opposition ont souvent attiré votre attention, et alerté sur les dérives autoritaires du président Macky Sall. Des informations et explications vous ont été largement données, concernant des arrestations arbitraires de leaders de l’opposition, ainsi que des violations de toutes sortes, manifestes et graves, de leurs droits, y compris ceux de manifester et de tenir des réunions. Vous êtes certainement au courant de tortures, violences, maltraitances et autres traitements inhumains et dégradants, exercés de façon injustifiée sur de jeunes manifestants. Actuellement des centaines parmi eux sont incarcérés dans différentes prisons du Sénégal. Des dizaines de morts ont été dénombrées. Les enquêtes annoncées par le gouvernement, pour élucider les causes sont rangées aux oubliettes. Des nervis armés ont fait irruption sur les lieux de manifestations. Le mystère demeure sur leurs origines.

Des chaînes de télévisions de certains de vos États ont fait des reportages, accablant le pouvoir de Macky Sall. Des missions d’observation de vos pays ont formulé de multiples recommandations, en vue d’apporter des correctifs aux imperfections du processus électoral, sans suite. Vous êtes témoins du refus de l’administration d’appliquer des décisions de justice, en faveur d’Ousmane Sonko, leader de l’opposition. Nul besoin d’évoquer les événements récents, qui continuent de se dérouler sous l’œil de vos observateurs de l’élection présidentielle.

Le Président Macky Sall fait fi des déclarations de la Communauté Internationale et Africaine. Des manifestants dont des étudiants sont froidement abattus par balles réelles, au moment où vos observateurs internationaux sont présents sur le territoire national. Trois jeunes manifestants viennent de perdre la vie, à Saint Louis, à Dakar et à Ziguinchor. Le décompte macabre pourrait se poursuivre. Des leaders politiques, des journalistes, des femmes, des handicapés physiques sont violentés avant d’être arrêtés. La licence de la chaîne de télévision Walfadjri a été retirée au motif de reportage de manifestations violemment réprimées, avant d’être restituée, sous la pression populaire. L’internet, et particulièrement le réseau mobile, a été coupé ou perturbé pendant plusieurs heures, avant d’être rétabli plus tard, sous la pression des populations, et particulièrement du secteur privé.

Le Chef de l’État a délibérément violé notre Constitution en décidant, unilatéralement, de proroger son mandat qui arrive à expiration le 2 avril prochain. Il a ainsi opéré un véritable coup d’État constitutionnel. Un coup de force par la plume, dont les conséquences peuvent plus désastreuses que l’utilisation de la kalachnikov. Loin de s’arrêter à cette forfaiture, il a saisi l’occasion d’une sortie à travers un media étranger, pour menacer l’opposition de l’éventualité d’une prise du pouvoir par « des forces organisées », si ses leaders ne répondaient à son invitation, à un énième dialogue.

Vous pouvez ainsi convenir avec nous, que des principes universels et des valeurs de société pour lesquels vos États et vos peuples ont consenti d’ultimes sacrifices, parfois humains, sont violés au Sénégal. Sous d’autres cieux, et en d’autres endroits, vous avez pris et appliqué, avec célérité, des mesures extrêmement contraignantes contre des chefs d’Etat, autres autorités civiles ou militaires, auteurs de violation de l’ordre constitutionnel de leur pays. Le président de la République du Sénégal, semble être l’objet d’une exception. Le sentiment est largement partagé, qu’il bénéficie d’un traitement « spécial et différencié ». Le peuple sénégalais reconnaîtra ses amis.

Nous vous prions de croire, à l’assurance de notre parfaite considération.
Fait à Dakar, le 14 février 2024.
Habib Sy
Candidat à l’élection présidentielle du Sénégal Modernité « Espoir et da par PEM YRM

12 COMMENTAIRES
  • PATRIOTE

    MAK DOU FENE , DOU RAMBATHJ , DOU DIAKHASE , DOU KHAMB AK DI SOSS NGUIR NGOUR .

    • Thiam

      Dites-nous où sont les mensonges dans cette lettre.

      • TruthHurts

        C’est lui même l’hypocrite. Mr Sy na raconté que ce qui se passe au Sénégal

      • Diallo

        Dites nous ou sont les tortures fumiers

    • TruthHurts

      Khalé dou hypocrite! Yonént bi saws nèna: “kouye doyadil makk, hypocrite nga”. Hypocrite nak dou dougue Aldiana.
      Ce monsieur n’a dit que ce qui se passe dans ce pays.

      • Diallo

        Vous passez tout votre temps a insulter les khalifes generaux vous incarnez l insolence l arogance mr Sy doit donne des noms de ceux qui on ete tortures qu ont ils fait dans certains pays on allait fusilles

  • PATRIOTE

    UN ESCRO , UN NDAKH BOYI YANKI YEUNGEUL DOUGNOU DJITE .

    • TruthHurts

      Hypocrite nga rék.
      Wakh ma rék limou wakh lane mossi doul deug.

  • Cheikh Tourè

    Pourquoi la communauté internationale ? Il faut plutôt inviter nos sages à s exprimer. Peut être vous ne les connaissez pas. Ils sont là plus âgés que toi, plus instruits que toi. Cherchez à les connaître. Ils connaissent les populations Sénégalaises et comment les toucher, chacun à son niveau. Malheureusement les libéraux pensent qu ils sont seuls dans ce pays

    • TruthHurts

      Pourquoi ils attendraient que quelqu’un les invite? Ce sont des citoyens sénégalais non?
      Il a choisi la communauté internationale car il semble ce sont eux seuls qui ont intervenu de façon digne et Macky Sall ne respecte personne à l’intérieur du pays.

  • Diallo

    Votre lettre vous l adressez a des gens qui eux meme torturent ne perdez pas votre temp a ecrire chacun doit faire tout pour ne pas etre torturer

  • Deug

    Ce vieux charognard. Il n’a meme pas honte. C’est toi qui défendait le quart blocant du temps de wade. Tu as été sur toutes les régimes. C’est toi qu’on doit signaler à la communauté internationale. Avec vos milliards.

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