Infos sur le Coronavirus : 2 journalistes disparaissent à Wuhan, Pékin accusé de censure

Fang Bin et Chen Quishi relataient avec leur smartphone la situation sanitaire catastrophique dans la province du Hubei. Ils n’ont plus donné signe de vie depuis plusieurs jours.

La méthologie de prise en charge du coronavirus décriée

Des sacs mortuaires entassés au fond d’une ambulance et qui cacheraient des cadavres. Un fils en larmes devant le brancard de son père, apparemment sans vie. Des couloirs d’hôpitaux totalement surchargés. Depuis la mise en quarantaine de la ville de Wuhan, l’épicentre du coronavirus, les vidéos de deux reporters indépendants remettent sérieusement en cause la gestion de crise des services de santé chinois.

Des journalistes portés disparus…

Ce mardi 11 février, ces deux « journalistes-citoyens » sont portés disparus par leurs proches. L’ancien avocat des droits de l’homme, Chen Quishi, n’est plus apparu sur les réseaux sociaux depuis jeudi, soit six jours. Quant au compte YouTube de Fang Bin, qui dirigeait jusqu’ici une boutique de vêtements, il est inactif depuis lundi. De quoi alimenter encore davantage la psychose, après la mort controversée du médecin « lanceur d’alerte » Li Wenliang.

…L’omerta à Pékin, malgré leur subite disparition

La disparition de ce duo d’activistes – dont nous ne pouvons attester de l’authenticité du travail, a poussé plusieurs associations de défense de la presse à dénoncer la censure pratiquée par Pékin. Le régime du président Xi Jinping oppose pour l’instant le silence le plus total.

« J’ai vu des corps pas mal de fois ces derniers jours »

Chen Qiushi s’était déjà confronté aux autorités chinoises en partant couvrir cet été les manifestations citoyenne à Hongkong. Le 24 janvier, le jeune homme de 34 ans s’est décidé à se rendre à Wuhan, juste avant le cloisonnement de la métropole. Rapidement, ses reportages, partagés à l’étranger via un VPN, lui ont offert une notoriété considérable.

440. 000 abonnés sur YouTube, 250. 000 sur Twitter. Il observe le chaos régnant dans les hôpitaux, la proximité entre les patients infectés et ceux qui attendent encore leur diagnostic, mais aussi les victimes. « J’ai vu des corps pas mal de fois ces derniers jours, et ça m’a rendu triste, avait-il confié le 30 janvier. « J’ai vu deux corps à l’hôpital. L’un était allongé dans le couloir et l’autre aux urgences, entrain d’être mis dans un sac par les infirmières ».

Le comité de protection des journalistes s’en mêle

Une semaine plus tard, il prévient sa mère qu’il compte filmer l’intérieur d’un nouvel établissement monté en urgence. Il n’est plus jamais entré en contact avec ses proches.  « Les autorités de Wuhan doivent révéler si elles détiennent le journaliste Chen Qiushi.

Si c’est le cas, il devrait être libéré immédiatement » a lâché ce lundi Steven Butler, coordinateur du programme Asie au Comité de protection des journalistes, une institution américaine. « La Chine ne semble pas avoir appris la leçon claire que le fait de cacher la vérité sur une maladie en expansion ne fera qu’empirer les choses ».

une star du MMA en Chine et opposant de Xi Jinping, affirme être un ami proche de Chen Qiushi. Selon lui, l’Etat a informé en fin de semaine les parents de Qiushi que « celui-ci avait déjà été détenu au nom de la (mise en) quarantaine ». « La mère de Qiushi leur a immédiatement demandé où et quand il a été emmené, ils ont refusé de le dire » a-t-il ajouté. Des propos que la police locale refuse de commenter auprès de la presse internationale.

Huit (8) cadavres en cinq minutes

Le cas de l’activiste Fang Bin est sensiblement similaire. Lui est devenu célèbre avec une vidéo datant du 1 er février, qui dépassera vite le million de vues. En cinq minutes, il filme ce qu’il assure être huit (8) cadavres découverts devant ou au sein de l’hôpital public n°5 de Wuhan. « Les télés ne montrent pas ce qui se passe dans les hôpitaux, alors je me suis dit que j’irai filmer » confiait-il début février à France 24.

Le soir même, il est emmené au poste de police et y passe la nuit. Une interpellation qu’il dénoncera dans une vidéo, notamment relayée par Chen Quishi. Rebelote le 4 février. « Aujourd’hui une femme vient soi-disant m’apporter à manger. Ils veulent me mettre en quarantaine », assène Fang Bin. Juste près, il filme encore des officiers en combinaison de protection qui tentent d’entrer chez lui.

À l’aune de ce témoignage, Amnesty International s’est insurgé des méthodes d’intimidation chinoises. « La censure, la discrimination, la détention arbitraire et les violations des droits humains n’ont pas leur place dans la lutte contre l’épidémie du coronavirus » a dénoncé Nicholas Bequelin, directeur régional de l’ONG.

Après ses démêlés avec la police, Fang Bin s’était résolu à poster chaque jour une vidéo depuis son appartement. Une promesse faite à ses abonnés pour les rassurer de la présence, disait-il, de « policiers autour de son immeuble ». Certains médias indépendants chinois affirment que la porte de son logement a été forcée par des pompiers ce lundi. Sa dernière vidéo date du dimanche 9 février dernier.

COMMENTAIRES
    Publiez un commentaire