Ibra Diouf Nioxobaye recadre Bouba Ndour: « Nous n’allons pas répondre à des clowns qui racontent du n’importe quoi »

Senego: Les examens de fin d’année ont été quelque peu catastrophiques. Les enseignants ont été pointés du doigt comme étant les responsables avec les nombreuses grèves. Quel commentaire faites vous à ce propos?

Ce qui se passe actuellement ne doit surprendre qui que ce soit. C’est le résultat d’un manque total de discernement du gouvernement par rapport au protocole d’accord du 17 février 2014. Ce jour là j’étais le porte parole de la quasi totalité des syndicats qui étaient présents. Depuis lors, rien n’a bougé. Cette année après négociations, nous avons décidé de suspendre notre mot d’ordre. Nous avons aussi veillé à ce que ces engagements soient respectés pour le reste de l’année.

En ce qui nous concerne au niveau de l’Ades et du Grand cadre, le gouvernement est responsable de la situation. Mais il faut également reconnaître que nous en tant qu’organisations syndicales, nous devons nous retrouver nous regarder les yeux dans les yeux avec le gouvernement parce que ça ne peut plus continuer comme ça. Les résultats là, ça reflète même l’affaissement du système éducatif. En tant que pédagogues, en tant que patriote, et en tant que parent d’élève nous ne devons pas rester les bras croisés.
Je lance un appel a tous les enseignants, aux autorités qu’on se retrouve pendant les vacances pour reprendre l’ensemble des accords que nous avons signé et voir comment redresser cette situation parce que c’est le système éducatif qui est en perdition à l’heure actuelle.

J’espère que le gouvernement va profiter des vacances pour appeler les uns et les autres autour d’une table pour décanter la situation.

De nombreux observateurs ont réclamé le départ du ministre de l’Education Serigne Mbaye Thiam désigné comme le principal responsable des résultats catastrophiques des examens de fin d’année Qu’est-ce que vous en pensez?

En tant que responsable syndical, j’ai toujours estimé qu’il appartient au Président de la République en accord avec son Premier ministre de voir qui nommer à tel poste et quand le destituer. Par ce que, quelque soit alpha il y aura toujours un ministre de l’Education nationale qui sera nommé par le président. Nous n’entrons pas ans le jeu d’exiger la démission de qui que ce soit c’est le président de la République qui a défini une politique de l’Education, il appartient à Serigne Mbaye Thiam de l’appliquer.

Si le Président de la République n’est pas satisfait de ses prestations, il lui appartient d’en tirer toutes les conséquences.

Nous à notre niveau, c’est très clair. On n’exige la démission de personne parce que c’est le Président de la République qui est responsable de la politique appliquée par Serigne Mbaye Thiam. Toutefois, il se trouve que sur des questions, le Président n’a pas une lisibilité claire. Quand Serigne Mbaye Thiam dit que les grèves ne vont pas impacter sur les examens et qu’on est en face de ces résultats, qui doit en tirer les conséquences? C’est le Président de la République. Voilà des questions qui sont aujourd’hui sur la table.
Je crois que le Président de la République va faire une lecture correcte avec son Premier ministre pour dire que ça ne va plus. Il faut revoir ce système dans sa globalité pour que ce système ne s’effondre pas définitivement.

Que répondez vous de la sortie de Bpuba Ndour dans l’émission Jakarlo disant que 90% des enseignants ne savent rien?

Je pense que pour pouvoir apprécier les propos des uns et des autres, il faut se poser la question de savoir quelle est la voix la plus autorisée pour faire des caractérisations. Ce débat de bas étages, on ne m’y retrouvera pas avec mon organisation. Parce qu’il y a des clowns qui se mettent à raconter du n’importe quoi. Nous on parle de choses sérieuses, on parle de pédagogie, on parle d’efficacité. S’il y a des télé ou des radios qui tendent leur micro à n’importe qui c’est leur responsabilité. A notre niveau, nous savons qui peut faire quoi et qui est qui.

Il est trop facile d’être devant son micro pour raconter du n’importe quoi. Quelles sont les causes de l’affaissement du système éducatif? quelle est la part de responsabilité des parents d’élèves, de la société civile, des autorités et des enseignants? voilà les questions qu’on doit poser…
Quand on se mettra autour d’une table pour me poser ces questions, je serai en mesure de répondre à ceux qui sont en face de moi.