Haro sur la Démocratie de confrontation et d’affrontements* !

Haro sur la Démocratie de confrontation et d’affrontements ! Vive la Démocratie apaisée et de consensus fort !

3,4 et 5 mars 2021 : trois jours d’émeutes d’une violence inouïe, destructrices, sanglantes et meurtrières ! Cette séquence furieuse sera à jamais gravée en lettres de sang dans l’histoire de notre Démocratie !

Trois jours durant, dans la quasi-totalité des grandes villes de notre pays, se sont propagées, telle une trainée de poudre, des scènes d’une brutalité déraisonnée et irraisonnée, qui ont été suscitées, déclenchées, alimentées et attisées par l’interpellation du leader du PASTEF, Ousmane Sonko, suite à une affaire de mœurs, précisément de viol présumé. Bilan macabre : 14 morts !

C’est le plus lourd passif, en termes de pertes de vies humaines, la plupart de jeunes sevrés de jeunesse, depuis l’indépendance du Sénégal, après l’épisode meurtrière des Allées Centenaires en 1963.

Notre peuple, le peuple sénégalais, épris de paix, de liberté, de justice, et connu et reconnu pour son attachement à la tolérance et à l’hospitalité, s’est réveillé brutalement d’un terrible et terrifiant cauchemar.

Ces images ont entaché notre modèle démocratique si magnifié, si envié en Afrique et dans le monde, et symbolisé par deux alternances paisibles, exemplaires, son Etat de droit et de libertés, sa stabilité institutionnelle jamais prise à défaut quelques fussent parfois des surgissements de convulsions sociales et politiques. Donc, le Sénégal, pays d’ouverture, de tolérance, de dialogue fécond et à la Téranga légendaire où l’étranger est roi, a été, trois jours durant, secoué dangereusement jusque dans ses fondations les plus solides.

Alors que de questionnements légitimes pour notre peuple et pour tous les démocrates du monde ! Qu’arrive-t-il à notre démocratie ? Qu’en est-il de notre Etat de droit ? Sommes-nous en train de subir un recul démocratique ? Est-ce une crise de croissance de notre démocratie ?

Le Club Sénégal Emergent (CSE), qui a fait résolument un pari optimiste sur le futur du Sénégal et de l’Afrique, estime que c’est une crise de croissance, car l’histoire, notre histoire, l’a souvent confirmé : notre pays a toujours eu et détient encore des ressorts nécessaires pour sortir des pires situations, pour éviter les impasses des divisions insurmontables.

Toutefois, aujourd’hui, notre modèle démocratique nous questionne, tous, sans distinction aucune. Nos libertés nous parlent. Notre Etat de droit nous interpelle. Notre commun vouloir de vie commune nous alerte. Ce sont là des interrogations et des interpellations qui nous somment d’apporter des réponses clairvoyantes pour construire un Sénégal émergent, une démocratie qui réconcilie et un avenir radieux à offrir aux générations futures.

Pour ce faire, il y a l’exigence d’un diagnostic profond qui identifie les causes majeures des événements des 3,4 et 5 mars 2021.

LES CAUSES DE LA CRISE

Pour sa part, le CSE a identifié les principales causes suivantes :

  • La crise découlant de la pandémie du coronavirus qui sévit depuis plus d’un an, en dépit des efforts colossaux et fort appropriés avec le PRES et le Fonds Force COVID-19 d’un montant de 1000 milliards de francs CFA. Elle a eu, entre autres conséquences, une chute drastique de la croissance économique qui affichait régulièrement un taux de plus de 6% depuis 2014, l’effondrement des moteurs de croissance que sont le tourisme, les transports aériens et terrestres, les secteurs de la restauration, de l’alimentation, de la culture et des spectacles, de l’artisanat et surtout de l’Informel.
  • Les répercussions des politiques et des solutions inadaptées à l’épineuse problématique de l’emploi et de l’insertion des jeunes et des femmes ainsi que de transformation du secteur informel se sont accumulées, agrégées depuis la fin des années 70 avec des cycles de sécheresse aggravés par 20 ans de politiques de déconsolidation sociale et économique consécutive à l’ajustement structurel et à la dévaluation du franc CFA.
  • La forte croissance démographique de notre population, (en moyenne 2,7% par an, induisant un doublement de cette population totale tous les 25 ans), combinée à une urbanisation galopante et sauvage, s’est traduite par des conséquences économiques et sociales indéniables mais aussi des incidences urbanistiques et environnementales qui ont transformé nos grandes villes et leurs banlieues en de véritables bombes sociales et écologiques.
  • Autres facteurs non négligeables, ce sont les menaces graves et quasi récurrentes qui obèrent et oblitèrent notre contrat social. Il s’agit surtout des questions relatives au système politique et électoral (agenda et fichier liés aux élections) mais aussi aux résultats des élections régulièrement contestés. A cela s’ajoutent les périls sur les institutions de la République, des problèmes dans la gestion des libertés et des droits démocratiques. Le constat ici est que, depuis presque 20 ans, Pouvoir et Opposition peinent à s’accorder sur l’essentiel et ont fini par transformer notre système démocratique en une Démocratie de confrontation et d’affrontements permanents.
  • La dislocation de la famille traditionnelle et des solidarités vertueuses, la crise sociale et celle des valeurs morales et éthiques se sont greffées à ces facteurs régressifs qui ont été accélérés, quelque part, par l’envahissement des espaces médiatiques par les réseaux sociaux dont la puissance et l’instantanéité charrient toutes sortes de contre-valeurs sur les populations, la jeunesse en particulier.

Le Club Sénégal Emergent (CSE), après une analyse approfondie, produit d’échanges féconds et sans complaisance de toutes ces causes directement et indirectement liées aux manifestations des 3,4 et 5 mars 2021, a d’abord tenu, au cours de l’Assemblée Générale, à saluer l’engagement patriotique, efficace et décisif des régulateurs sociaux que sont les guides religieux, musulmans et chrétiens, et certains acteurs de la Société civile. Leur engagement aura contribué à faire baisser la tension et à la prise de mesures d’apaisement.

L’Assemblée Générale du CSE s’est félicitée de la posture de sérénité, d’homme d’Etat mature du Président de la République qui fait preuve d’un sens élevé de la responsabilité et d’écoute aussi bien dans la perception que dans la gestion de cette crise majeure. Son discours d’apaisement et de rassembleur, les mesures concrètes annoncées dans la prise en charge des blessés et d’indemnisation des décédés, la célébration d’une journée de deuil national par lui décrétée, l’allègement du couvre-feu suivi de la levée de l’état d’urgence sanitaire, sans oublier les décisions fortes dédiées à l’emploi et l’insertion des jeunes et des femmes à hauteur de 350 milliards supplémentaires, tout cela contribue à ramener la sérénité, l’ordre et la tranquillité si nécessaires sur le chemin de l’émergence.

Au-delà des réponses immédiates ayant permis d’arrêter l’escalade dont le Sénégal peut se priver, le CSE estime qu’il faut aller encore plus loin et plus vite dans la prise en charge de mesures plus décisives et pérennes pour régler la crise de croissance de notre démocratie.

LES PERSPECTIVES

En termes de perspectives, les membres du CSE formulent les propositions suivantes :

  • Une meilleure prise en compte par le Gouvernement du secteur socio-économique que constitue celui de l’Informel qui a été le plus impacté par la crise de la COVID-19. Il s’agira de lui apporter le soutien nécessaire par la mise en place d’un Programme d’urgence pour sa transformation et d’un Fonds d’urgence pour son financement. En effet, le simple bon sens doit dicter aux décideurs politiques de ne pas continuer à ignorer durablement un secteur qui concentre plus de 80% de l’emploi et 60% du PIB. Surtout au constat, la majorité des jeunes qui étaient dans la rue lors des émeutes et dont la plupart n’était pas des militants organiques de partis politiques, venaient de l’informel.
  • La déconcentration et une décentralisation plus accentuée par le Président de la République du régime, des Institutions, des Programmes et des Projets. Sous ce rapport, le CSE est d’avis qu’il faut déconcentrer le régime présidentiel actuel par le retour d’une Primature rationalisée et performante. L’expérience de sa suppression depuis mars 2019 a révélé, à l’épreuve des réalités, quelques dysfonctionnements dont, entre autres, l’exposition jamais aussi grande du Président de la République, un amoindrissement de la visibilité et de la lisibilité des politiques publiques du fait d’un tarissement du débat démocratique et contradictoire approfondi à l’Assemblée nationale, notamment. En effet, l’institution parlementaire a été sevrée des rendez-vous forts comme la Déclaration de Politique Générale et les Grandes Questions orales au Gouvernement. Or, l’Assemblée nationale et le gouvernement entretiennent une relation dialectique dans l’animation, la transparence et le contrôle populaire des politiques publiques. En tant que lieu par excellence du débat démocratique et politique, l’Assemblée nationale a besoin d’avoir des moments réguliers et solennels au cours desquels il a en face d’elle une personnalité du statut, de la prestance et de la dignité du Premier ministre, chef du Gouvernement pour mieux s’affirmer et se mettre en exergue.

Le CSE souhaite le retour d’une Primature rationalisée couplée d’un remaniement ministériel en profondeur par la mise en place d’un gouvernement réduit, efficace et de combat. Une telle mesure pourrait servir d’électrochoc pour attaquer, sous la direction du Chef de l’Etat, les défis urgents qui assaillent le pays.

  • La nécessité de mesures pour une meilleure respiration de notre démocratie en rendant effectifs et même en banalisant les droits de partis, des syndicats, des associations et des citoyens à manifester légalement avec l’encadrement de la Force publique.
  • L’engagement sans tarder d’un débat ouvert et inclusif avec l’ensemble des forces politiques autour des conclusions de la Commission politique du Dialogue national pour aboutir à un consensus fort sur les règles du jeu démocratique, le système électoral et le calendrier électoral.

Pour finir, l’Assemblée Générale du CSE, après analyse, diagnostic, propositions,  considère que l’enseignement majeur de la crise récente se décline ainsi : si le pouvoir et l’opposition continuent d’entretenir et d’alimenter la démocratie de confrontations et d’affrontements dans ce contexte inflammable et inflammatoire post COVID-19, la rue violente, folle, furieuse et aventurière risque de (re)dicter sa loi destructive et meurtrière. Alors dans ce cas, il n’y aura aucun vainqueur, et rien que des vaincus du pouvoir, de l’opposition, de la société civile, des citoyens, de même que la Démocratie et l’Etat de droit au Sénégal !
*Le Club Sénégal Emergent (CSE)

1 COMMENTAIRE
  • Malick Diallo

    Domage nos pays sont democratiquement enretard nous sommes que le vache a lait de la des pays nanties pauvre afrique mon afrique nos dirigeabtssont tous des vendu ces triste

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