« Frénésie politicienne et activisme de mauvais aloi par temps de Covid-19 »
Le Sénégal comme saisi par une fureur soudaine est mobilisé ces temps-ci par des politiciens en besoin vital de visibilité, qui cherchent à démontrer qui la toute-puissance de son leadership local, qui son attachement invétéré au Président Macky Sall. Aux quatre coins du pays, ce sont des mega meetings et autres pseudos fora pour l’emploi des jeunes tous azimuts, des foules déferlantes derrière les cortèges de ténors dopés par le défi du moment : donner à Macky Sall la preuve de leur légitimité politique locale, pour mériter la confirmation à des postes auxquels ils sont bien plus que solidement attachés, d’un amour si obsessionnel que même l’idée de les perdre leur ôte tout sens de la mesure.
Tous leurs propos en ces occasions se rapportent aux mêmes rengaines sur fond de surenchère qui sonnent comme la formule magique qui leur ouvrira la porte de la caverne sentimentale du leader en chef de la coalition Benno bok Yakaar : « le Président Macky Sall est notre candidat en 2024 » !
Oui ! il faut convaincre le Président de sa loyauté, de sa détermination totale, il faut le flatter, le séduire par toutes les entourloupes possibles en effet, pour attirer coute que coute son attention, et espérer rester dans sa position privilégiée ou monter en puissance à la faveur des changements annoncés.
Le temps est donc à la politique. Le Covid 19 est vaincu. La pandémie est déclarée éteinte chez nous.
Sinon comment s’expliquer ces rassemblements de milliers de gens sans masques, agglutinés sans aucun respect de la distanciation sociale au même endroit pendant des heures sous les objectifs des caméras diffusant en direct ces grand-messes politiciennes ?
Nous sommes un peuple de contradictions : le Covid 19 a mis à genoux notre économie, et causé les émeutes de la faim difficilement circonscrites par le régime. L’heure devrait être plutôt à la mobilisation nationale pour la vaccination, et le respect des gestes barrières. Mais quand les problèmes de survie passent au premier plan, les questions de santé publique sont ravalées au troisième plan.
Il s’agit en effet véritablement de survie.
Survie d’abord pour la populace mobilisée, transportée habillée nourrie et potentiellement financée par les acteurs de ces grands rassemblements démagogiques. La pauvreté qui frappe les masses populaires se conjugue avec famine et précarité. Quitte à y perdre la santé, l’essentiel est de glaner durant ces rencontres risquées quelques milliers de francs à rapporter à la maison, pour faire bouillir la marmite.
Mais il s’agit surtout d’un formidable enjeu de survie politique en fait, pour tous les caciques du régime aux abois depuis que les rumeurs de remaniement enflent et leur causent des insomnies sévères. Et c’est pourquoi les problèmes économiques et sociaux auxquels nous sommes confrontés sont analysés sous un angle politique, et les solutions qu’ils souhaitent leur apporter sont toutes aussi d’essence politique, ou disons-le, politiciennes.
Et c’est cela qui est bien dommage : alors que les manifestations tragiques qui ont frappé le Sénégal sont encore vivantes dans les mémoires, que les effets sont encore visibles dans les cités et continuent de marquer la conscience populaire, les soi-disant leaders et hauts responsables politiques se battent, pour garder uniquement leurs strapontins.
Qu’ont-ils fait depuis qu’ils sont à leurs postes ?
Certains ministres et hauts responsables ont été et restent encore plus préoccupés par leur propre sort qui mobilise toutes leurs énergies, plutôt que par le sens hautement patriotique de leur mission.
Ces agitateurs ne visent certainement pas à rassurer le Président Macky Sall sur sa popularité, sa légitimité et l’attachement renouvelé du peuple à son endroit, mais ils font à travers leurs démonstrations de force financées à coups de centaines de millions leur propre promotion, pour espérer influer sur la décision présidentielle en faveur de leur maintien à des positions non pas de servitude, mais de jouissance personnelle.
Ce genre de dirigeants et de leaders, le peuple n’en veut plus.
Au Président Macky Sall d’en tirer les conséquences.
* Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R