En France, la nomination du nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, le 9 septembre dernier, marque un record inédit sous la Vᵉ République. Deux semaines après sa nomination, le chef du gouvernement n’a toujours pas dévoilé la composition de son équipe. Ce délai dépasse celui de Michel Barnier, nommé en septembre 2024, qui avait attendu neuf jours. Depuis l’annonce officielle de l’Élysée, aucune information n’a filtré sur la composition du gouvernement.
Sébastien Lecornu multiplie les consultations avec les syndicats, les représentants politiques et les partenaires sociaux pour constituer une majorité solide face à une potentielle motion de censure. L’ancien ministre des Armées doit trouver un équilibre politique délicat entre la droite et une partie de la gauche républicaine pour assurer la stabilité de son gouvernement. La présentation du projet de loi de finances pour 2026, prévue avant le 7 octobre, ajoute à l’urgence de la situation. Sans gouvernement en place, cette échéance budgétaire pourrait se transformer en un défi politique et juridique majeur.
Le contexte social est tendu. Le gouvernement précédent, dirigé par François Bayrou, a été renversé le 8 septembre après un vote de défiance à l’Assemblée nationale concernant le budget 2026. Ce rejet, par 364 voix contre 194, est sans précédent sous la Vᵉ République. Le mouvement « Bloquons tout » a manifesté le 10 septembre contre les orientations budgétaires jugées austéritaires. Une semaine plus tard, le 18 septembre, l’intersyndicale a rassemblé des centaines de milliers de manifestants à travers le pays. Face à l’absence de changement de cap, les syndicats envisagent une nouvelle mobilisation nationale.
L’agence Fitch Ratings a abaissé la note souveraine de la France de AA- à A+ le 12 septembre 2025, pointant « l’absence d’horizon clair pour la stabilisation de la dette », les déficits publics persistants et l’instabilité politique. Morningstar DBRS a également dégradé la note française de AA (high) à AA, maintenant une perspective stable. Ces deux dégradations successives reflètent les inquiétudes des marchés concernant la capacité de la France à redresser ses finances publiques dans un contexte politique fragile. La dette publique française atteint environ 3 345 milliards d’euros au premier trimestre 2025, soit environ 114 % du PIB, dépassant largement le seuil critique de 100 %.