En Guinée, tout est fait pour porter atteinte à l’honneur du régime d’Alpha Condé (Par Pascal Marchand)*
Dans l’opinion publique guinéenne, l’année 2022 se termine avec pour principale figure le président Alpha Condé. Elu à la tête de l’Etat depuis 2010, malgré le coup de force du 5 septembre 2021, le fondateur du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), n’a jamais démissionné de sa fonction et demeure encore pour de nombreux Guinéens, le président élu, un symbole de courage et de légitimité.
Avec son départ, tout a reculé en Guinée sous la gouvernance des nouveaux occupants : les progrès économique et sociaux, les libertés publiques, la sécurité et la bonne gouvernance. Le légionnaire Mamadi Doumbouya ne fait qu’inaugurer les travaux initiés par le professeur Alpha Condé, comme récemment l’hôpital Donka.
Le président déchu ne s’est pas exprimé, n’a pas appelé au soulèvement populaire ni à la guerre civile. A l’occasion de la fête de l’indépendance, le 2 octobre dernier, il s’est juste contenté, depuis sa retraite en Turquie, d’adresser ses vœux à la nation guinéenne. Il reste incontestablement l’homme de l’année.
Parmi ceux qui ont également marqué l’année qui s’achève, il y a les prisonniers d’avril 2022, arrêtés arbitrairement, sans le moindre fonds de dossier pour simplement les écarter du jeu politique. Parmi eux : l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana, devenu gênant avec le conseil exécutif provisoire du RPG, dont il avait pris la tête. Aujourd’hui il se trouve en détention à la maison centrale de Coronthie pour des motifs de détournement, d’enrichissement illicite et de blanchiment d’argent.
Détenu avec d’autres figures embastillées sans jugement comme les ministres Mohamed Diané (Défense nationale), Ibrahima Kourouma (Ville et Aménagement du territoire), Oye Guilavogui (Environnement, Eaux et Forêts), Louncény Camara (Tourisme, Hôtellerie et Artisanat) décédé en prison, Albert Damantang Camara (Sécurité et Protection civile) libéré sous caution, mais aussi Amadou Damaro Camara (ex-président de l’Assemblée nationale) et Kabinet Sylla « Bill Gates » (intendant général de la présidence de la République).
Pour cette année 2022, on peut également retenir le nom de Fatoumata Yarie Soumah, nommée garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’homme. Nommée le 2 novembre 2021, elle n’a pas accepté que l’autorité de la transition marche sur ses prérogatives. Aussi, la courageuse notaire a été la première à donner sa démission, pour protester contre le secrétaire général de la présidence, Amara Camara, qui convoquait ses collaborateurs à l’insu du ministre.
Quelques figures de combattants restent dans l’esprit des Guinéens : Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, le leader du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), resté constant dans la lutte contre le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), en exigeant la publication de la liste des membres de ce groupe de militaires putschistes. Mais aussi la réclamation d’un chronogramme consensuel avec les acteurs sociopolitiques du pays.
Dans le cadre des préparatifs des manifestations, Foniké Menguè a été, en pleine conférence de presse, sauvagement arrêté. Il se trouve aujourd’hui en prison, démarrant une grève de la faim pour protester contre sa détention. Il a notamment été empêché de participer aux funérailles de sa mère.
Autre figure marquante du mouvement, le rappeur Alpha Midiaou Bah, alias Djani Alpha, qui n’a pas accepté de bénéficier des avantages du palais Mohammed V, contrairement à des chanteurs comme Takana Zion et Elie Kamano. Il a été arrêté au même moment que l’activiste Foniké Menguè pendant qu’il se préparait pour son concert prévu au Bataclan, à Paris.
N’ayant pas accepté de jouer le jeu de la junte, il a bénéficié du soutien de la communauté internationale pour obtenir sa libération.
Dans le même sillage, s’inscrit Sékou Koundouno, responsable de la stratégie et planification du FNDC, qui a eu le flair de quitter le pays avant la vague d’arrestations des acteurs politiques et ceux de la société civile. Aujourd’hui, le jeune activiste alerte les grandes institutions qui défendent l’instauration d’un véritable Etat de droit au nom du FNDC. Une bête noire du régime, comme le célèbre blogueur « général 5 Etoiles », que les Guinéens suivent quotidiennement sur les réseaux sociaux.
Les discours du jeune militant font le buzz sur Internet.
Comme la sortie récente de Mamady Sinkoun Kaba, l’ex-chef protocole du Professeur Alpha Condé, qui s’est distingué dans une sortie médiatique, le 3 novembre 2022, suite à la poursuite engagée contre des anciens dignitaires du régime déchu en précisant :
« Aujourd’hui, en Guinée, tout est fait pour porter atteinte à l’honneur et à la réputation des gens qui ont travaillé avec le régime d’Alpha Condé. A force de s’attaquer à tout le monde, ils poursuivent même les morts ». Et de renchérir en affirmant que « ce que le CNRD a détourné en un an, le régime Condé ne l’a pas fait en dix ans ». Cette affirmation a été confirmée par l’agent judiciaire de l’Etat, Me Mohamed Sampil, à travers une conférence de presse sur le cas de détournement des deniers publics à hauteur 2 169 136 728 944 francs guinéens.
Il y a aussi le magistrat Ibrahima Sory 2 Tounkara, le président du tribunal du procès du massacre de 28 septembre 2009, qui s’est fait remarquer par sa lucidité dans la gestion des audiences. Enfin, dans le cas des hommes qui se sont illustrés, il est aussi important de signaler le courage de l’ancien ministre des Infrastructures et des Transports, Yaya Sow. Après avoir constaté qu’on voulait le sacrifier pour une raison de pot-de-vin en termes de réalisation des travaux sur la voirie publique, l’homme est sorti de son silence pour assurer de sa sérénité et qu’il n’avait rien à se reprocher, tout en faisant savoir qu’il se contenterait de sa pension de retraite de fonctionnaire international.
Paradoxalement, le chef des opérations du coup d’Etat du 5 septembre 2021, le commandant Alia Camara, commence à s’attirer un capital de compassion, depuis son kidnapping et sa détention dans un lieu tenu secret depuis quelques mois par le légionnaire Mamadi Doumbouya.
Côté anti-héros et « zozos » de l’année, on peut citer en premier lieu, le chef de la junte militaire, le colonel Mamadi Doumbouya !
Ce dernier a bénéficié de tous les avantages du régime du Professeur Alpha Condé, avant de le trahir avec la complicité de certains officiers supérieurs de l’armée guinéenne.
Dans cette catégorie professionnelle, on retient également le général Namory Traoré, ancien chef d’état-major du régime Condé, qui a accepté de jouer le jeu des putschistes. De même que les colonels Amara Camara et Balla Samoura, ainsi que le général Aboubacar Sidiki Camara, dit Idi Amin.
Sur le même registre, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et son médiateur, l’ancien président béninois Thomas Yayi Boni. Malgré les violences du coup d’Etat du 5 septembre 2021, une garde présidentielle décimée – dont les dépouilles des victimes n’ont jamais été rendues aux familles – les coffres-forts de la présidence pillés, les disparitions et arrestations arbitraires. L’institution sous-régionale joue le service minimum en Guinée, en évitant des sanctions lourdes contre la Guinée, comme du reste la présidence française, très timorée dans une perspective de mise au ban des nations africaines de la Guinée, suite aux exactions et autres malversations avérées, commises par les putschistes, en toute impunité.
Le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara se montre d’ailleurs également relativement complaisant avec la junte militaire guinéenne, contrairement à son homologue ghanéen, Nana Akufo-Addo. Quant à Thomas Yayi Boni, préféré par les putschistes au Ghanéen Mohamed Ibn Chambas, il s’est totalement disqualifié par la légèreté avec laquelle il a suivi le dossier guinéen, acceptant un dialogue excluant les trois principales forces politiques du pays : le RPG du Professeur Alpha Condé, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), de Cellou Dalein Diallo, et l’Union des forces républicaines (UFR), de Sidya Touré. Comme si en France, un dialogue avait lieu sans le parti Renaissance du président Emmanuel Macron, Les Républicains (LR), le Parti socialiste (PS), le Parti communiste français (PCF) et le Rassemblement national (RN).
Un dialogue inter-guinéen aussi fortement déprécié par la représentativité des personnes en charge, avec une dernière cocasse, des vendeuses de poissons payées pour faire de la figuration dans la salle du dialogue. En charge de ce dialogue, trois femmes intrigantes et pas désintéressées, surnommées par les Guinéens, les « trois folles » : deux anciennes ministres, Hadji Aïcha Bah, Joséphine Léno et Makalé Traoré. Cette dernière n’ayant récolté que 0,72 % des suffrages exprimés à l’élection présidentielle de 2020. Une ancienne de l’UFR, passée par la coalition Arc-en-ciel (AEC), où elle a été mise en congé, après avoir « carotté » les fonds de campagne du candidat Alpha Condé offerts par un généreux donateur, et présidé le conseil d’administration de la Sotragui (Société du transport de Guinée Conakry).
Dans cette ambiance, on peut également noter que le corps des magistrats est devenu une simple chambre d’enregistrement ou les juges se bousculent dans l’allégeance pour prendre la place de leurs collègues. C’est le cas de l’actuel ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Alphonse Charles Wright, qui a déstabilisé le procureur Sidy Souleymane Ndiaye en organisant de façon intentionnelle la fuite sur le dossier de condamnation de Foniké Menguè. Pour devenir procureur de la République à la place de Sidy Souleymane Ndiaye.
Aujourd’hui, de son poste de garde des Sceaux, Alphonse Charles Wright donne instruction au parquet pour mettre en prison tous ceux qui « embêtent » la junte au pouvoir. Attaché à son service, le jeune procureur de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), Aly Touré, est devenu un instrument du pouvoir de la junte pour mater ses adversaires, sur instruction du chef.
L’essentiel, c’est l’ordre du parrain Doumbouya. Un légionnaire dont les ministres accumulent les contre-performances. Tel celui en charge des portefeuilles de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, Guillaume Hawing. Après tant de bruits sur l’organisation des différents examens nationaux, le brevet d’étude de premier cycle (BEPC), le baccalauréat unique et l’examen d’entrée en 7e année, avec des taux de réussite respectifs de 15,04 %, 9 % et 17,62 %. Cette situation chaotique entraîne un nombre pléthorique d’élèves dans les salles de classe avec un manque criard de personnel enseignant.
Enfin, il y a les protagonistes du procès du 28 septembre 2009, dont l’ancien chef d’Etat Moussa Dadis Camara et son équipe, les colonels Claude Pivi, Moussa Thiégboro Camara et quelques hommes de main. Ainsi que le commandant Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba, qui est devenu célèbre cette année tout au long des audiences, par ses révélations et sa maîtrise du Coran.
L’année 2022 aura donc été la confirmation de l’amateurisme des responsables au pouvoir depuis le 5 septembre 2021 et de leurs soucis majeurs d’intérêts personnels, au détriment du peuple Guinéen.
* Par Pascal Marchand
Allez vendre votre marchandise ailleurs !
Ce vielle fripouille n’a que ce qu’il mérite.
Il sort par un trou à rat ce minable qui mérite le peloton d’exécution.
@Lamine Diop, répondez par des faits aulieu de vous mettre à insulter. C’est un signe de faiblesse.