Elections locales 2019 : Comment éviter le syndrome de 2009 (Par Moustapha sow)

Le syndrome des élections locales de 2009 ne guette-t-il pas le Président Macky Sall pour ces élections locales du premier décembre 2019?

En 2007, le Président Abdoulaye Wade avait gagné la présidentielle dès le premier tour avec un pourcentage de 55.90%. Et lors des élections locales de 2009, il perd un grand nombre de grandes villes. On pouvait dès lors prévoir la descente aux enfers de son régime.

Aujourd’hui, la question est de savoir si le Président Macky Sall ne court pas le même risque à savoir la perte des grandes villes par sa majorité aux élections locales du premier décembre 2019 ? Le Chef de l’État a, lors de la dernière présidentielle, gagné avec un score confortable de 58,26% et un taux de participation exceptionnel de 66.23%.

Derrière ce succès éclatant se cachent beaucoup de difficultés pour les locales. Celles-ci peuvent être mesurées dans les résultats obtenus par le Président Macky Sall dans un certain nombre de grandes villes comme Dakar, Pikine, Guédiawaye, Thiès, Diourbel, Mbacké, Ziguinchor, Bignona, etc.

Lorsqu’on enlève le quotient personnel du Président Macky Sall qu’on peut mesurer entre 5% et 10%, la majorité présidentielle a un pourcentage qui peut facilement être dépassé par la somme des pourcentages des partis de l’opposition dans une seconde catégorie de villes.

La coalition Benno Bokk Yaakar (Si elle survit bien sûr jusqu’en décembre) va sans aucun doute remporter les prochaines locales du 1er Décembre prochain. Gagner les locales, c’est gagner le plus grand nombre de communes. Or, les communes rurales étant largement plus nombreuses et elles sont traditionnellement en faveur de BBY.

Cependant, perdre les grandes villes, c’est aussi s’attendre à perdre les législatives de 2022 à travers la perte des départements qui ont le plus grand nombre de députés.

C’est véritablement un risque de rétrécissement de la majorité de BBY au parlement et cette perte des grandes villes pourrait conduire à la pire situation la perte de la majorité parlementaire pour le Président Macky Sall.

La situation concerne aussi les villes où le Président Macky Sall a gagné avec un score inférieur à 55%. En effet, lorsqu’on enlève le quotient personnel du Président Macky Sall, BBY est en dessous de 50% ce qui met la coalition à la portée d’une opposition unie. 

Ces élections présidentielles ont montré que les classes moyennes et les couches instruites au-delà du BFEM ont en majorité voté pour l’opposition. Gagner les grandes villes aux locales de décembre 2019, nécessitera de ramener une grande partie de ces électeurs dans le giron de la majorité présidentielle.

Il sera donc important dans la déclaration d’investiture, comme dans la désignation du Premier Ministre et dans la constitution du nouveau gouvernement que ce paramètre puisse être pris en charge. Il ne sera pas surprenant qu’il le soit sachant que le Président de la République Macky Sall est un fin politique, un des plus grands hommes politiques, que le Sénégal ait connu.

C’est pourquoi les actes qui seront posés par le Président Macky Sall au début de son dernier mandat seront déterminants en particulier durant cette semaine que nous entamons.

Il a entre ses mains la possibilité, par une lecture fine de ses brillants résultats, de combler les failles qu’ils laissent apparaître pour jeter les bases d’une victoire dans les grandes villes lors des prochaines locales du premier Décembre 2019 et en faire un tremplin pour remporter les législatives de 2022. Et pouvoir ainsi gouverner en mettant en œuvre en toute quiétude la seconde phase du PSE.

Une mauvaise lecture ou une mauvaise prise en charge de la demande sociale et citoyenne des classes moyennes et des couches instruites pourrait rendre dès janvier 2020 le Sénégal difficilement gouvernable et conduire à une cohabitation en 2022 annonçant une fin de mandat très difficile.

C’est tout le défi que le Président Macky Sall aura à relever à travers son discours d’investiture, ses nominations et les actes qu’il aura à poser.

Moustapha sow Journaliste
Tél: 77 624 62 64
Mail: moustaphasow23@yahoo.com

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