Éditorial : Humilité (Par Mamadou NDIAYE)*

Éditorial : Humilité (Par Mamadou NDIAYE)*

Notre pays souffre de bavardages et de spéculations. Et s’il apprenait à se taire pour mieux se consacrer au travail ? Le Sénégal cesserait alors d’être lui-même ! A côté de nos passions anciennes, l’esprit de sérieux peut-il nous habiter durablement ? Il semble que oui. Tant mieux.

Vers qui ou quoi nous tourner maintenant pour ne plus subir des avanies ? Vaste question qui risque encore de nous replonger dans la parlotte. Le serpent qui se mord la queue…

Pour nous éloigner de ce symbole d’autodestruction, mieux vaut réprimer en nous nos travers et nous résoudre une bonne fois pour toute à progresser. Car le progrès apporte la paix, dissipe les malentendus et nous réconcilie avec l’effort, seul moyen de redonner au travail sa vraie valeur.

Est-ce le début de la fin de l’oisiveté, de l’inactivité, de l’indolence, ou du désœuvrement ? Un moment, lorsque le pointage et le contrôle de présence ont refait surface dans les administrations, les grandes villes ont paru vidées de leurs populations.

Les moins incrédules s’interrogeaient : qu’est-ce qui se passe ? Certains ont cru même à des jours fériés tant la circulation est soudain redevenue fluide, avec moins d’embouteillages, moins de nuisances sonores.

Sourire en coin, les Dakarois, pour ne prendre que le cas de la capitale, retrouvent les voies piétonnes et savourent le plaisir de déambuler aisément, de flâner, de badauder, en un mot de… perdre leur temps ! On respire mieux. Cette quête de mieux-être a été perçue comme un avantage comparatif, synonyme de vie meilleure, de qualité de vie accrue.

Nul doute que la vie en société s’organise, s’ordonne et se planifie. Bien entendu rien ne se fait ou ne doit se faire sans l’adhésion du grand nombre. Ils ont leur mot à dire dès lors qu’ils sont les principaux bénéficiaires, parce que les usagers finaux des grandes infrastructures édifiées !

Après tout, satisfaire les attentes des citoyens relève d’un art consommé. Prendre en considération les avis, fussent-ils divergents, permet ainsi d’avancer sans heurt, de réduire les angles d’incertitude et de surmonter les obstacles aux termes de fructueuses délibérations.

A défaut de purger les crises, elles les atténuent tout de même. Car la vie en société est faite de concessions et de compromis pour atteindre par consensus des objectifs avantageux. Le secret : impliquer les populations dans la gestion de leur quotidien.

Sous ce rapport, il serait plus aisé de comprendre l’aspiration des Sénégalais à une vie qualitativement élevée. Ils l’ont exprimée de fort belle manière par les urnes en sanctionnant au mois d’avril passé des options politiques qui ne correspondaient plus à leur bon vouloir.

Par ce changement de majorité, ils ont nettement affiché leur ardent désir de vivre autrement. Ils flétrissent l’arrogance. Ils plébiscitent le réalisme et veulent être gouvernés sans ostentation, ni gourmandise.

A leurs yeux, la gouvernance doit se parer de sobriété, de sérieux et surtout d’authenticité pour emporter leur conviction. Nos compatriotes plébiscitent le naturel chez l’homme politique. Ceux qui l’ont compris s’alignent sur ces standards et tentent de ressembler aux gens de leur univers de représentation.

Face à la presse samedi dernier, à une partie de la presse pour être précis, le Président de la République, Bassirou Diomaye Fraye a rompu le silence qu’il observait pour lever un coin de voile sur sa vision, sa politique, sa doctrine, sa méthode.

Il donne l’air de ne pas être grisé par le pouvoir et sa luminescence. D’ailleurs, en arrivant au sommet de l’Etat, lui et son Premier ministre, Ousmane Sonko, ont l’opportunité de donner vie à leur idéal politique. L’attachement presque viscéral à son terroir de Ndiaganiao, prédispose Diomaye à un réel enracinement qui ôte toute prétention à son discours.

L’homme n’est pas hors sol. Son franc-parler convient à ses compatriotes, attentifs aux moindres faits et gestes. Le Président ne brise pas les codes, du moins pas pour le moment. Il les adapte à son rythme en les ajustant non sans habileté à son tempérament.

En outrer, il a le sens de l’étape. Et ne confond pas les circonstances et les conjonctures. Son entretien avec les confrères a révélé une part substantielle de son caractère, ferme, farouche, pas ombrageux, un amour-propre développé qui se dissimule dans une fugace simplicité dans son commerce avec les hommes.

Par ailleurs, le jeune président dégage une impression de maîtrise de soi devant les grandes difficultés grâce au calme et à l’agilité d’esprit qui le caractérisent et qu’il atténue par ce sourire qui ne le quitte pas. Une arme de séduction massive pour forcer la sympathie ?

Il recentre l’intérêt croissant qu’accordent les observateurs au duo formé avec son «ami » et camarade Ousmane Sonko. En cheminant ensemble, mais surtout en partageant « les misères de l‘opposition », ils se sont davantage rapprochés pour développer de déroutantes complicités.

Pour les esprits retors, ce duo finira, un jour, par un duel sans merci. La prédiction fait sourire le Président qui ne laisse pas faire le hasard. D’ailleurs, n’a-t-il pas écarté de son chemin ceux qui sont à la recherche du « quart d’heure de célébrité !»

Des entourages mieux structurés, adroits et forts seraient des boucliers d’Achille pour neutraliser les courtisans indélicats. L’argument de l’amitié avancé par le Président pour justifier sa proximité avec Ousmane Sonko à la tête de l’exécutif hérisse quelque peu les cheveux. Les responsabilités passent avant les convenances.

Certes l’un et l’autre en savent long sur eux-mêmes. Leurs affinités sont accentuées par des relents familiaux très poussés. Ils sont matures pour faire montre de prudence (de sioux) et dissocier effusions et vertus, surtout à de si hautes fonctions qui ne s’embarrassent guère de scrupules.

Ils apprennent vite également des situations pour engranger des expériences inédites. Néanmoins l’humilité doit être un bréviaire chez eux en comparant leur parcours exceptionnel à ceux d’autres hommes d’envergures mais moins chanceux ou moins avantagés. Le temps vaincra les inepties. Et les vanités ?

Après tout ce sont des hommes de devoir malgré leur jeune âge. Le choix porté sur le sémillant Abdoulaye Bathily pour incarner l’envoyé spécial du Président de la République paraît si judicieux qu’il dénote une claire perception des réalités qui nous environnent.

Diplomate chevronné, l’ancien ministre et ex-dirigeant de la gauche sénégalaise, détient un précieux carnet d’adresse en Afrique qu’il sillonne à longueur d’année. Sa connaissance de la sous-région et son leadership sur bien des générations au pouvoir et dans l’opposition pourraient l’avantager dans les délicates missions qu’il aura à conduire prochainement.

En revanche, l’économie sénégalaise n’est pas flamboyante même si l’embellie s’annonce avec la perspective d’exploitation du gaz et du pétrole. Cela postule un profond changement de paradigmes, ossature de notre modèle économique. Un gros effort en vue, intense de surcroît, à déployer pour redonner au travail ses vertus rédemptrices dans u Sénégal moins loquace mais plus efficace.

* Par Mamadou NDIAYE

6 COMMENTAIRES
  • Cheikh Tourè

    Abdoulaye Bathily n a jamais rien réussi. A la tête de la Ld, il a fait moins que ses prédécesseurs. Son niveau intellectuel ne convainc pas tout le monde. Un de ses collègues en avait douté. Dans ses missions internationales, il n a rien réussi. Récemment en Libye, il ne savait par où commencer et il a pris la tangente

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