Du CFA à l’ECO : « De la cosmétique », selon Kemi Seba

Kemi Seba se prononce sur le remplacement du CFA par l’Eco, annoncé par les chefs d’Etat de la Cedeao et confirmé à Abidjan, par Emmanuel Macron et Alassane Ouattara.

Les Présidents ivoirien Alassane Ouattara et français Emmanuel Macron ont annoncé, lors d’une conférence de presse le samedi 21 décembre 2019, à Abidjan, la fin du FCFA dans les huit Etats de l’Afrique de l’ouest où il était consommé. La nouvelle monnaie qui remplacera le FCFA se nommera désormais « ECO » et sera certainement en circulation à partir de 2020 dans les Etats membres (Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Burkina Faso, Togo, Benin, Guinée Bissau, Sénégal).

Cette annonce « historique » qui intervient 46 ans après la création du FCFA a suscité beaucoup de réactions de par le monde. Pour l’activiste Kemi Seba, président de l’ONG Urgences panafricanistes, ce changement du franc CFA en ECO est juste de la « cosmétique », puisque cette monnaie ne répond pas, selon lui, aux exigences de la jeunesse africaine.
« Je pense qu’il est nécessaire de préciser que si aujourd’hui le président Macron fait ce changement qui n’est que cosmétique, c’est parce que jamais depuis les indépendances, le sentiment hostile au néocolonialisme français n’a été aussi puissant au sein de la jeunesse africaine et de la société civile. Je pense que Urgences Panafricanistes a eu une très grosse responsabilité dessus », a-t-il estimé. Dans un article publié par le confrère sénégalais senenews.

De l’anti-CFA de Kemi Seba à l’ECO

Avant d’ajouter : « Lorsqu’ils parlent de changement historique, je pense qu’ils prennent les africains pour des entités sans âme ». A l’en croire, en dépit de la disparition du CFA, certains de ses fondamentaux vont demeurer puisque l’Eco conservera une parité fixe avec l’Euro. Et sa garantie de convertibilité sera toujours assurée par la Banque de France. « Deux éléments fondamentaux que la jeunesse africaine critiquait », a-t-il fait observer.

Toutefois, le polémiste d’origine béninoise s’est dit satisfait que les réserves aussi ne seront plus gérées au niveau de la banque de France. Ce qui, selon lui, est une avancée. « Ils ont fait un semi compromis, on ne va pas présenter cela comme une victoire. On va continuer à faire pression. 2020 va être une année plus que jamais où on va se faire entendre sur le terrain », a-t-il annoncé.

Si ce changement de nom peut à certains égards sembler jouer surtout de façon symbolique, la transformation ne s’arrête pas là. Elle s’accompagne de deux réformes techniques importantes qui devraient calmer les critiques. D’abord, le compte d’opération à la Banque de France est supprimé. Par ailleurs les représentants français siégeant au sein des instances de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) seront retirés.

L’histoire du FCFA

Le « franc des colonies françaises d’Afrique » avait été créé en 1945. Avant de devenir le « franc de la Communauté financière africaine » au moment des indépendances. La réforme prévoit que les banques centrales d’Afrique de l’Ouest ne devront plus déposer la moitié de leurs réserves de change auprès de la Banque de France. Une obligation qui était aussi perçue comme une dépendance humiliante vis-à-vis de la France par les détracteurs du FCFA.

En revanche, la parité fixe avec l’euro est pour l’instant maintenue à (1 euro = 655,96 francs CFA). Ce point est appelé à évoluer lorsque la monnaie commune ouest-africaine verra le jour. Les deux Présidents l’ont signifié, au terme de la rencontre qui s’inscrit dans le cadre de la visite de Macron en terre ivoirienne.