La «rupture systémique» annoncée par la «Coalition Diomaye Président» et ses politiques publiques rencontre des obstacles majeurs face à une Assemblée nationale contrôlée par l’opposition. Le camp présidentiel est menacé par une confrontation continue, certaines voix proposant une dissolution de la législature 2022-2027 afin de renforcer le gouvernement par le biais d’élections anticipées.
La possibilité de dissolution de la quatorzième législature anime le débat politique. Elus en juillet 2022 pour un mandat de cinq ans, les 165 députés pourraient voir leur mandat écourté. L’idée de dissolution, dominée par la coalition Benno Bokk Yaakaar, est discutée au sein de la nouvelle majorité présidentielle, notamment en raison des frictions autour de la déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko.
Aminata Touré, membre de la coalition «Diomaye Président» et ancienne Première ministre, avait été la première à proposer cette dissolution, arguant qu’une déclaration de politique générale devant une Assemblée nationale ne reflétant pas la volonté populaire n’avait «aucun sens». Touré a souligné que «l’actuelle Assemblée nationale ne reflète en rien la volonté populaire exprimée le 24 mars dernier».
Lansana Gagny Sakho, coordonnateur du Programme politique et législatif de Pastef, soutient cette dissolution pour septembre, estimant que de nouvelles élections permettraient d’avoir une Assemblée nationale adaptée à la démocratie post alternance du Sénégal.
Mamadou Lamine Diallo, député de Tekki, a également plaidé pour la dissolution de l’Assemblée en dénonçant des dysfonctionnements internes et réclame une institution plus représentative.
Le nouveau pouvoir est confronté à un dilemme politique : comment mener à bien son projet de «rupture systémique» avec une Assemblée majoritairement opposée ? La coalition Benno Bokk Yaakaar dispose de 83 sièges sur 165, bloquant les initiatives du gouvernement. Le groupe parlementaire de Yewwi Askan Wi et le Parti démocratique sénégalais n’offrent pas une majorité confortable.
Le bureau de l’Assemblée a déjà montré son opposition en boycottant le débat d’orientation budgétaire, signe des tensions à venir. Il est incertain si le nouveau pouvoir franchira le pas de la dissolution, une décision aux nombreuses implications politiques et budgétaires.
Face à ces défis, la décision de dissoudre l’Assemblée nationale est lourde de conséquences, particulièrement en matière de budget et de réglementation. Pour les spécialistes, une dissolution pourrait empêcher le vote de nouvelles lois financières ou la gouvernance par ordonnances.