Développement durable : comment le futur port sec de Sébikotane veut concilier emploi et environnement

La forêt classée de Sébikotane, longtemps considérée comme l’un des derniers espaces naturels de la région de Dakar, se retrouve une nouvelle fois au centre des débats après l’attribution de 115 hectares à Holding Guèye SA pour un projet de port sec.

Si certaines voix dénoncent une nouvelle réduction du couvert forestier, d’autres y voient une opportunité rare de développement économique pour une zone en pleine transformation, notamment Moussa Gueye, fin connaisseur des questions foncières dans le département de Rufisque.

Un projet structurant pour désengorger Dakar

Le port sec annoncé s’inscrit dans une vision nationale de réorganisation de la logistique. Face à la pression croissante sur le Port autonome de Dakar et au développement fulgurant de Diamniadio, la création d’un pôle dédié au stockage, au transit et à la gestion des marchandises, à proximité des grands axes, apparaît comme un choix stratégique.

L’objectif est clair : fluidifier les opérations portuaires, rapprocher les services logistiques des entreprises et créer un hub capable d’attirer des investissements industriels. Dans une région où l’activité économique se densifie, un centre logistique moderne pourrait devenir un levier majeur de croissance.

Un potentiel économique pour les populations locales

Au-delà des infrastructures, l’un des arguments les plus mis en avant par les observateurs favorables au projet concerne son impact socio-économique. Le chantier mobilisera de nombreux travailleurs locaux, et l’exploitation future du site pourrait générer des emplois dans la manutention, la sécurité, le transport routier, la restauration et divers services annexes.

Dans les villages environnants, plusieurs habitants espèrent déjà que l’arrivée d’une plateforme logistique revitalisera l’économie locale. La montée en puissance des flux commerciaux pourrait stimuler les petits commerces, renforcer l’activité des marchés et ouvrir la voie à de nouvelles initiatives entrepreneuriales.

Un aménagement sous surveillance environnementale

Les critiques liées à la préservation de la forêt classée ont nourri le débat. Toutefois, le protocole d’accord signé en 2024 encadre le projet avec une série de normes environnementales strictes : études d’impact obligatoires, limitation précise des zones d’intervention, mesures compensatoires et contrôle institutionnel des travaux.

Dans une région longtemps soumise à des pressions humaines continues — coupes irrégulières, occupations spontanées, exploitation non surveillée — certains observateurs jugent qu’un projet formel, réglementé et suivi par les autorités pourrait offrir un cadre plus protecteur qu’une évolution laissée au hasard. L’implantation d’infrastructures modernes, assortie d’un suivi administratif clair, apparaît alors comme une manière de structurer un espace qui, jusqu’ici, manquait de gestion durable.

Après l’audience publique : échanges, clarifications et nouvelles perspectives

L’audience publique du 13 novembre dernier, tenue à la sous-préfecture de Diamniadio, a permis d’aborder ouvertement de nombreuses questions soulevées par les habitants. Les autorités y ont détaillé les paramètres techniques du projet, rappelé les obligations environnementales, tandis que plusieurs intervenants ont apporté des éclairages sur les impacts potentiels.

Si certaines inquiétudes demeurent, les échanges ont permis à de nombreux participants de mieux comprendre les enjeux logistiques et économiques liés au port sec. Des pistes d’ajustements et de renforcement des mécanismes de protection ont été discutées, ouvrant la voie à un processus plus apaisé et davantage transparent.

Entre mutation et opportunité

Ce projet de port sec intervient à un moment clé pour la grande agglomération de Dakar. La croissance rapide de Diamniadio, l’essor des zones économiques spéciales et les besoins logistiques du pays créent une dynamique nouvelle. Dans ce contexte, l’aménagement de Sébikotane pourrait jouer un rôle déterminant dans l’organisation des transports, la compétitivité du Sénégal et la création de valeur locale.

Les discussions se poursuivent, mais une partie des observateurs et des acteurs économiques voit déjà dans ce projet une chance de repositionner Sébikotane au cœur du développement national, à condition que l’encadrement environnemental reste rigoureux et que les populations locales soient pleinement impliquées.

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