Demba DIA ou l’hommage à un artiste émérite et un politicien qui n’a vécu que le temps d’une rose

Aujourd’hui, de notre âme sensiblement nostalgique et reconnaissante, nous voulons rendre hommage à un homme, un artiste, une voix et un acteur qui, de sa particularité accomplie a pu marquer son seing dans la scène musicale sénégalaise et politique en quelques années de gloire. Nous voulons nommer Damba Dia !

Né en 1964, dans le quartier du Plateau, à Dakar, Demba Dia, fils d’un ouvrier de l’ex-Société nationale d’exploitation des eaux du Sénégal (SONEES), grandit entre la capitale sénégalaise et Paris. Il pique très tôt le virus de l’entrepreneuriat, quittant très tôt l’école pour devenir ramasseur de balles sur les courts, puis moniteur de tennis.

Parti de ce bas monde en 2014, pour aller répondre à l’appel de son Seigneur, Demba DIA emporta avec lui un style musical ( le Rock Mbalax) qui lui était propre. Le monde de la musique, et ses milliers  d’inconditionnels perdirent une voix d’or éteinte à jamais.

Demba Dia l’artiste

C’est en août 1991 qu’il marque son premier grand « coup » artistique et médiatique en se révélant au public sénégalais lors de l’émission « Boulevard en musique », animée alors par le journaliste Khalil Guèye sur la télévision publique sénégalaise. Il y interprète le morceau « Rock-Mballax » pour le public.

Le jeune chanteur, revint de la France avec un album dont le style était particulièrement étranger des Sénégalais, un vrai mélange du mbalax au rock qui fût un cocktail particulièrement digeste et audible car simplement original.

Dans le clip du tube que porta le nom de son tout premier album, Demba Dia atterrit à l’aéroport international de Dakar et apparaît habillé en rockeur, avec jacket et pantalon en cuir, gants et santiag, en plus de la voix alternant la rage du rockeur – normal, Johnny Halliday était son idole – et des mélodies puisées du patrimoine musical pulaar et wolof.

Cette « rock attitude » du musicien sénégalais alliant pour la première fois de manière réussie ce genre musical au mbalax lui colle à la peau, si bien que dans tout ce qu’il entreprend, est marqué du sceau de l’innovation et de l’audace.

L’album  Rock Mbalax sorti en 1991, fait un tabac et et impose ainsi définitivement Demba  DIA dans le cœur des Sénégalais qui l’accorderont tout leur amour.

1. Remember
2. Fatou
3. Rock Wango
4. Lamba-ji
5. Jeunesse
6. 6h De Dakar
7. BIL-BA
8. Thioro
9. Tivaoune
10. Peace
11. Khady Sall
12. Rock Wango

S’en suivra en 2006, au mois d’Avril, l’album Boum Boum composé de six (6) titres :
1. Boum Boum
2. Wango
3. Le coiffeur
4. Seeto Set
5. Rockass
6. Aventure

Demba Dia, le politique

Demba DIA, après avoir marqué de son empreinte indélébile la musique sénégalaise s’est formidablement jeté dans le champ politique en mettant sur place son propre sa propre structure, (Mouvement pour l’action et la citoyenneté) qui tentera de conquérir les suffrages municipaux de sa commune des Parcelles Assainies. L’on se souvient bien de son duel, en 2009, avec Moussa Sy qui le remportera avec beaucoup de difficultés au finish.

Ici Demba en pleine campagne.

Demba DIA le Cheikh 

Au fil des ans, l’accoutrement a changé, parce que l’homme avait été élevé au rang de « Cheikh » par l’ancien Khalife de la famille omarienne, Thierno Mountaga Tall. Il a troqué ses santiags et ses habits en cuir contre des sabadors et autres trois-pièces locaux, mais dans l’âme, il est resté le rockeur des débuts, continuant de jouer avec le « Dental », son groupé établi en France.

Il avait surtout gardé le même discours, ne ratant jamais l’occasion de dire ce qu’il pensait de la marche de sa commune (les Parcelles assainies) et de son pays.

En résumé, le self-made man Demba Dia n’était pas que musicien, homme politique et acteur social – il avait d’ailleurs en projet la construction d’un orphelinat –. C’était un homme d’affaires averti, propriétaire de biens immobiliers en France, qui vendait du matériel audiovisuel à des chaines télévisées africaines à Sao Tomé, en Guinée équatoriale, des voitures.

Décédé en 2014, un jour de vendredi, Demba DIA musicien sénégalais, a laissé l’image d’un artiste animé tout au long d’une vie menée à vive allure, du souci de marquer les esprits et de laisser l’empreinte d’un entrepreneur inspiré et indépendant, d’un musicien en dehors du commun des artistes.

Quelques images de son décès qui ont plongé le Sénégal dans l’émoi pas le moins complet

Ainsi, que lui arrive au fond de sa demeure souterraine  tout notre hommage !

Il y a des artistes qui se démarquent par l’originalité de leur démarche et qui repoussent les limites de l’art. Il y en a d’autres qui fusionnent les arts pour en créer un nouveau, qui échappe aux catégories, mais qui touche par son caractère insolite et attractif.

Il y a enfin les artistes que l’on nomme volontiers « conceptuels » dont le travail explore avec méthode et minutie une ou plusieurs idées qui se retrouvent à répétition comme constantes de leur travail. Demba DIA, quant à lui, appartient à ce groupe d’artistes qui, à tout point de vue, ont marqué leur temps, et méritent aujourd’hui l’hommage à la hauteur de leur vécu qui n’a point était vain.

Cheikh Tidiane KANDE